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L’énergie euphorique avec laquelle il façonnait le Mal, ne pouvait, que dans ses plus amples dévotions, prouver la bonté nonpareille de son cœur inanimé et glacial. Le miroir des âmes évoquait la plus sulfureuses des complaintes, le chant macabre de ces êtres vulnérables délaissés à l’accroissance jubilatoire de la cruauté despotique et insipide. Salvation dérisoire, n’aillant que pour seul et unique objectif de savourer pleinement ces instants sinistres et funèbres qui ne faisait point la grimace de ces rires aisés détonnés un peu partout dans les environs. Les entrailles se dénouaient enfin de leurs nœuds perpétuels. Le cœur léthargique s’offrait enfin la candide médisance, vibrant en chœur avec ses âmes vagabondes qui osaient finalement s’offrir un moment de répit. Repos salvateur, pour un quotidien harassant et accablant. Répandre Horreur dans la plus cupide et stupide des ironies. Oublier momentanément que l’Horreur elle-même serait passible de transformer ces vulgaires bouts de chairs humaines, en de piètre mannequins de cire moulés dans le marbre de l’Épouvante cauchemardesque. L’Être-Humain pouvait parfois être une machine bien complexe et insondable. Depuis le temps, Blake avait cessé de chercher à vouloir comprendre cette race abjecte et hypocrite. Bizarre de receler de telles pensées dans les méandres de ses songes marginaux et peu communs ? Mouais, peut-être, voire, fort probablement, il en était le cas… mais le fait était qu’il souhaitait à tout prix se guérir de cette plaie béante et incurable. L’Autrefois. Lointaine époque. Lointains souvenirs. Mémoire se perdant dans la rigidité de l’Oubli, triste abysse pouvant faire de la réalité qu’un simple rêve éphémère.

- Tu racontes n’importe quoi ! C’est des conneries ! Pourquoi est-ce que le Diable aurait condamné l’âme de ce monsieur Jack à errer sans but dans les bois ? C’est dingue, cette histoire ! J’te crois pas ! s’indignait alors le minuscule avorton, du haut de ses trois pommes et demie. Et ce truc de mettre un bout de braise ardent dans un navet, c’est même pas vrai ! À l’Halloween, ce sont des bougies que nous empochons dans les citrouilles ! renchérissait-il, visiblement pas d’accord avec ce que l’on venait de lui raconter et gobant tout rond son chewing-gum à l’effigie d’un cerveau rosâtre et sanglant. Dégoûté, borné jusqu’à la moelle, le minuscule Superman, beaucoup trop obèse pour s’accoutrer d’un costume aussi moulant, se laissait déchoir sur le banc de fer, tout près de son interlocuteur légendairement inexpressif et impassible qui le dévisageait avec flegme et austérité. Durant de longues secondes, dans le cœur de la foule versatile, ces deux êtres largement bien différents se toisèrent du regard. Le petit rouquin dodu plissait alors ses petits yeux de porc éventré, affichant un air de suspicion par-delà ses pommettes potelées et ses incalculables taches de rousseur. Avec frénésie, ce curieux spécimen défiait son interlocuteur du regard, mastiquant avec amour sa sucrerie qui n’aurait que pour seul et unique dessein de l’engraisser que davantage. Qui t’as raconté une histoire aussi barge, hin ?


La question lancée avec si peu de tact le transperçait littéralement, lacérant son cœur de glace, comme l’aurait sournoisement fait le fil affilé et tranchant d’un poignard. Désormais recroquevillé dans le plus amer des gouffres, les sourcils broussailleux de l’impassible ténébreux se froncèrent faiblement, ses grands yeux hagards se perdant lentement dans l’ailleurs. Ma grand-mère, jadis, aimait nous raconter, à ma sœur et moi, ces histoires d’épouvantes. Un vague sourire, quasi imperceptible, étirait les lèvres livides et glaciales du vampire qui voyait présentement défiler devant lui la chimère douloureusement nostalgique de ses vieux souvenirs refoulés. Les citrouilles évidées et éclairées d’une chandelle arborent généralement un visage grimaçant. Le conte de Jack O’Lantern révèle un aspect tout de même assez intéressant de cette coutume, tu ne penses pas ? Sans même le savoir, cette légende Irlandaise persiste, au fil des siècles. Tous, nous façonnons les citrouilles de la même manière, sculptant le visage horrifiant de Monsieur Jack. Homme ivrogne et égoïste, condamné par le Diable lui-même, d’errer sans but dans une dimension qui ne lui appartient plus. Un soir par année, sa malédiction brille dans l’ombre sépulcral d’un soir qui se dévoue littéralement à l’Horreur. Toi, curieux petit être souffrant d’une rondeur plus qu’évidente, tu ne partages pas mon incrédulité ?

Dubitatif, ne comprenant de peine ce que l’on venait de lui dire, Superman aka Monsieur Patate déglutissait de travers son chewing-gum, ses petits yeux de porcelet devenus aussi ronds que des soucoupes, l’air complètement perdu et mystifié. Quoi ?! Contre toute attente, la vermine obèse gloussait de rire. Un rire franc et visiblement incontrôlable. T’es tellement bizarre ! Tu me fais rire !

Mmm. Plaît-il ?!

- Tu veux un chewing-gum ? Les meilleurs, ce sont les yeux !

- Le miroir des âmes…

- Hein ?

- La tienne, elle est corrompue par la Gourmandise et l’Avarice…

- Quoi ?!

L’énergie euphorique avec laquelle il façonnait le Mal, ne pouvait, que dans ses plus amples dévotions, prouver la bonté nonpareille de son cœur inanimé et glacial. Le miroir des âmes évoquait la plus sulfureuses des complaintes, le chant macabre de ces êtres vulnérables délaissés à l’accroissance jubilatoire de la cruauté despotique et insipide. Salvation dérisoire, n’aillant que pour seul et unique objectif de savourer pleinement ces instants sinistres et funèbres qui ne faisait point la grimace de ces rires aisés détonnés un peu partout dans les environs. Les entrailles se dénouaient enfin de leurs nœuds perpétuels. Le cœur léthargique s’offrait enfin la candide médisance, vibrant en chœur avec ses âmes vagabondes qui osaient finalement s’offrir un moment de répit. Repos salvateur, pour un quotidien harassant et accablant. Répandre Horreur dans la plus cupide et stupide des ironies. Oublier momentanément que l’Horreur elle-même serait passible de transformer ces vulgaires bouts de chairs humaines, en de piètre mannequins de cire moulés dans le marbre de l’Épouvante cauchemardesque…


D’une nonchalance mal placée, délaissant derrière-lui la carcasse inanimée sur le banc publique, Blake s’éloignait… se fondait doucement dans le cœur de cette foules endiablée d’une frénésie bien spéciale et funéraire en cette nuit dite unique et tant espérée. Halloween… Dieu qu’il détestait cette fête stupide et grotesque ! Mais cette fête stupide et grotesque lui permettait toutefois de se nourrir en toute tranquillité. Qui d’autre, hormis la mère, pouvait véritablement porter attention sur le chérubin rondelet, tout paisiblement assoupit sur un banc ?! Voilà…


Bad mood. Bad night. Bad week. Bad month.
État d’âme trop culte, right ? État d’âme trop culte pour aller se faire chier dans l’endroit le plus crade de cette ville de fous…


Le Bronze… Pour l’amour du ciel, qu’est-ce qu’il fabriquait là ?!

En entier, son être décadent, se décomposait peu à peu, de jours en jours, de mois en mois. Jadis, ce qu’il aurait été, ce qu’il aurait éprouvé si tendrement, ce qu’il aurait aimé si maladivement, chaque morceau, tout, absolument tout, s’effaçait, se perdait dans les méandres sinueux de l’abysse. Le gouffre aurait toujours soif, dorénavant, Blake avait les yeux consciencieusement ouverts sur ce cauchemar. Tout se mélangeait, se mêlait lamentablement, avant de s’oublier et de périr dans la plus douce et savoureuse des chimères. Le point central de sa conscience tordue mais orthodoxe. Le point de non-retour. Celui du vide le plus sépulcral. Là où les ténèbres ne savait si moindre se comparer à la médisance de son sinistre génie. Féérie, certes, funéraire, mais qui, dans le plus beau des paroxysmes, avait su le sauver de la Fatalité. L’impassible ténébreux n’entendait et ne voyait absolument plus rien. Le saillant crochet de la souffrance farfouillait sa carcasse fêlée, son âme brisée, son être tout entier. Tout s’était paralysé, glacé, cruellement dilué dans la rigidité de ce givre frigorifiant passible d’endormir la plus tumultueuse des flammes. Désormais, c’était l’hiver dans son cœur et c’était le givre dans son regard devenu si vide et terne. Le plus amer des gouffres avait définitivement asséchés toutes ses larmes, dans de trop grands efforts, on l’avait laissé croupir au salut de l’Agonie sournoise. Tout se basculait. Sa vie, son amour, son existence, ce doux rêve, tout baignait au tréfonds de l’irréalité. Mer houleuse et insondable. Il pouvait, bien sûr, se souvenir, mais néanmoins douter… si dangereusement douter. Fourbe… le monde tel qu’il l’aurait connu osait enfin lui dévoiler son véritable visage. Mensonge. Il vivait dans un parfait mensonge. Tous, de sang-froid, l’avaient trahi… lui… déjà si redoutablement sombré dans les méandres irrécupérables du Désespoir. Comment ? Comment ils avaient osé ? Comment elle avait osé ?

Cette vie, elle n’était pas la sienne.
Ses émois s’engloutissaient en lui.
Ses souvenirs se noyaient au sein de sa mémoire enchevêtrée.
Rien… rien n’était vrai. Il avait vécu dans un parfait mensonge…
Elle avait profanée le crime parfait….

Tout devenait flou. L’aube blanche s’aurait si gentiment s’attarder en ce soir dévoué si fatidique. Ivre de vertige, ivre de colère, ce bouleversement irréversible faisait colossalement vibrer sa poitrine de mort vivant. Vif… vif de vitalité et de perdition. Il se sentait vivant, même si le vide faisait désormais partit de ce monde qu’il croyait jadis avoir connu. Sarcophage de pleur et de douleur, il avait enfoui cet être ravagé qu’il aurait autrefois été. Tombeau égaré au cœur de l’ébène, là où la lumière irradiante du jour rédempteur se refusait d’entrer. Sa conscience n’était plus. Elle n’était jamais qu’une vaste salle d’archive où tout commençait à se classer, ses tiroirs ancestraux aillant capotés dans l’ailleurs, de nouvelles connexions et registres se croisaient doucement dans son esprit. Abysse de l’inconscient. En un soir bien banal, là où tous les visages se superposaient, Blake s’était enfin réveillé de son long et profond sommeil. Un sommeil sans rêve ni chimère. Il ne se sentait ni bien ou mal. Rien… il n’y avait plus rien devant lui. Qu’un simple mur éléphantesque et insondable bourdonnant sournoisement devant ses yeux. Mur le protégeant enfin de la réalité. Mur daignant enfin le protéger de ses plaies sanglantes, incurables, souffrantes sous peine d’avoir trop vécue et dévoué…

À répétition, d’une violence qu’il savait inutile, son poing dangereusement bien comprimé martelait incessamment la frêle façade de bois… cruelle barrière le claustrant ainsi de sa convoitise obsessionnelle du moment…

Ouvre… ouvre-lui la porte… daigne le faire… désespérément, l’être pernicieux te priait d'y succomber…