The bing bang ♦ PV Cassandre

Il existe de nombreuses raisons pour un homme de se balader la nuit. Cet attrait de la noirceur naturelle. Saviez-vous que le noir était une absence de couleur? Et le blanc le mélange de toutes les couleurs? Pourtant sur une palette de peinture, si on mélange les couleurs de chaque tube, on obtient un noir. Un noir qui a toujours attiré l'homme. D'abord pour sa pence, il venait chasser le soir pour ne pas se faire voir par les bêtes et les surprendre. Ensuite, il s'était adonné à une autre chasse, tout aussi profondément ancrée dans la chair, mais plus léger sur le papier, mais tellement primitif quand on sait que cette chasse donne la vie. Seulement l'homme n'est un homme qu'en le devenant, certains ont gardé l'animal en eux. Il semblerait que dans ce monde où les tréfonds de la noirceur n'entachent pas seulement l'éclat d'un regard, le côté animal et sauvage domine les coeurs de certains individus peu recommandables!

Cassandre avait une autre histoire avec la nuit et la noirceur. Ce professeur sortant de cours, n'avait qu'une envie, retrouver ce qui grondait en lui. Ignorant l'appel de la nuit, il aimait à se bercer d'illusion sur la lune comme quoi il vivait une histoire d'amour avec elle. Il s'imaginait l'étreindre. Sa belle, son amour. Sa Sarah. Elle était à l'époque, et demeure au plus profond de son coeur, sa lune, la facette cachée de cet astre extraterrestre, et la lumière qui éclairait à une époque ses nuits sombres. Car, aussi vaillant, avenant que paraisse Cassandre, il avait de noires pensées, comme ce soir d'ailleurs. Il portait en lui un coeur lourd, un poid attaché à une ficelle qui l'attirait vers le sol et ses bassesses. Il lui fallait du réconfort. Peu désireux de sombrer dans les bras d'une inconnue car et oui, son corps entier le retient à une personne que ce vieux fou espère toujours en vie et prête à venir le retrouver. La boisson? Il irait prendre certainement un verre. Mais il observerait surtout les autres, cela lui redonnerait assez de motivations pour rentrer corriger ses copies et se lever le lendemain du bon pied.
La raison de son insatisfaction? Une élève s'était entichée de lui, et de son air aguicheur pourtant gauche, elle lui avait demandé si la bague qu'il portait encore, était une marque d'appartenance, de mariage. Comment rappeler à un homme de manière subtile qu'il doit tourner la page, alors que le premier qui oserait passer au prochain chapitre sa vie, son histoire, le réduirait à néant? Il ne savait guère, et peu l'importait. La foi, l'espoir est le fruit qui nourrit l'Homme. En espérant que ce fruit, ne soit pas la pomme d'Eve...

Pris dans ses pensées, il allait en ville, marchant avec une petite chanson en tête que ces élèves écoutaient de temps à autres:

- Just close your eyes,

The sun is going down.

You’ll be all right,

No one can hurt you now.

Come morning light,

You and I’ll be safe and sound.

Les paroles? Il les murmurait de manière presque imperceptible. Cependant, ce qui n'était pas aussi aisément ignorable, inaudible, c'était les haussements de voix qui venaient d'un peu plus loin sur sa droite. Prudemment, il s'approcha et découvrit qu'un homme était avec une femme. Dans la noirceur de ces quartiers, il ne pouvait observer qui ils étaient. A présent assez près pour entendre de manière intelligible, il vit l'homme attraper la jeune femme par la taille. Ne distinguant que des silhouette, il esquissa un léger mouvement de recul en se disant qu'il s'agissait d'un couple en moment fiévreux comme il en avait connu dans sa jeunesse, jusqu'à ce que...

- J'ai dit non!

Automatique. Cassandre réagit en fonçant, telle une...une bête. Quand je disais qu'il existait des êtres proche de l'animal dans le noir dont il faut se méfier! Car quelque chose en lui gronda, sourd, fort. Quelque chose qui semblait brûler sa peau, comme s'il lui en poussait une nouvelle. Sa vue, comme cela lui était arrivé il y a peu de temps, vira au rouge, et il détermina exactement les mouvements, les contours des deux corps. Cependant trop rapide, il ne s'attarda pas sur ces détails, sa peau hérissée comme un chat près à bondir, il venait de plonger pour "couper" les bras de l'homme. Ou tout du moins, lui faire lacher prise:

-Ne la touchez pas!

Sa voix sonnait plus comme un grondement loin du cri humain, mais plutôt influencé par une sorte d'aboiement presque intelligible..Enfin il l'espérait.
Ce n'est que lorsque l'homme l'attrapa par le col qu'il recouvra sa vue normal, quoi qu'un peu floue, déstabilisé par la peur qui venait de s'insinuer en lui. Tout a son honneur, il ne le montra pas bien sûr, trop fier derrière cette armure de chevalier sauver. L'homme était un peu plus grand que lui.. Mais on pouvait faire rentrer 2 voir 2 Cassandre et demi dans cet agresseur.
Cassandre n'eut à peine le temps de jeter un regard à la femme,en lui intimant de partir, qu'il se retrouva soulevé et jetait contre un mur.

Un peu sonné, la tête douloureuse, Cassandre tentait de reprendre ses esprit, mais dans son esprit s'entrechoquaient des milliers de cloches au son grave, comme un tambour enregistré et mis en mode relecture. Quelques gouttes glissaient le long de ses cheveux pour glisser vers sa nuque, sans qu'il le sente. Du sang.

- Ça va aller?

Mais ça phrase se perdit dans les méandres de son esprit car il ne résonnait plus normalement. Un gong venait de vibrer dans sa tête comme la plus lourde torture. Une enclume emportait sa tête vers le sol avec une force de gravité plus prononcée. Il avait à la fois le crane plein, et creux. Comme si on lui enfonçait à l'aide d'un marteau un clou à l'arrière de la tête. Mais un cri le ramena de son état de transe à une demie-conscience. Courir? Il n'était même pas sûr de pouvoir utiliser ses jambes jusqu'à ce qu'elle le tire. Machinalement, il se laissa entraîner sans même comprendre où elle le menait. Heureusement cette course sembla évacuer les timbales qui avaient possédé sa boite crânienne pour lui faire voir, et entendre du mouvement. La ville se révélait sous ses yeux en mode accéléré. Comme Usain Bolt, ils courraient sans but? Ah si, bien sûr: la survie! Rien de plus naturel que de courir pour survivre. D'ailleurs, Cassandre les entendait derrière, d'autres pas, plus lourds, et des plaisanteries qui le firent presque se retourner pour leur régler leur compte. Mais entrainé par la main sur le bras, la jeune femme lui faisait faire une course effrénée. Possessif et comme pour la protéger, il dégagea son bras et l'attrapa par la taille afin ainsi de la faire avancer plus vite, mais aussi pour dissuader les brutes qui leur tenaient la course.

- Venez

Elle l'entraina dans une rue adjacente et ajouta qu'ils ne pourraient pas les retrouver. Soulagé, mais encore en alerte, lorsque les brutes passèrent devant la rue, il la plaqua au mur en la cachant de son corps, ses bras appuyés de parte et d'autre de sa tête. Sa tête était niché près de son oreille afin qu'ils puissent murmurer. Dans l'ombre, on ne les distinguerait pas d'autant plus qu'il était vêtu de noir.

- Où est-ce qu'il sont partis?! Je te jure que je vais le butter.

- T'inquiètes pas Johnny, un joli bout comme ça, peut pas sortir avec un mec comme lui. Puis même, t'as vu son p'tit corps? On la reverra bien assez tôt.

Il partit d'un rire si masculin et content de lui, plein de promesses...plein de menaces, que Cassandre, prit pas une rage immense, se raidit contre le corps de Paige, dont il ne connait toujours pas le nom d'ailleurs, mais à cet instant, ce n'est pas du tout à cela qu'il pense. Malgré l'odeur onctueuse et sensiblement aguichante de la jeune femme, il avait en tête d'autres idées que celle d'un homme conquit pas une beauté qu'il n'avait même pas encore découvert. Non, son esprit migrait pour la première fois de sa vie, des images de souffrance. Il se voyait déjà mordant le cou d'un de ces hommes, trop content à son goût. Le sang jaillirait...
L'idée ayant migré dans son esprit rendit sa peau plus chaude encore qu'avant. Comme si une explosion avait lieu sous a peau, une explosion qui faisait presque couler la sueur sur son front. Une frénésie le prenait aux tripes. Quelque chose de solide et fragile. Comme lorsqu'on tente de faire de la poterie. On gonfle un ballon, on fait son vase en fonction de la forme du ballon. Mais au moment de finaliser l'oeuvre...

-Je vais en rêver toute la nuit je te dis! La prochaine fois, je prends mon couteau et mes menottes, je n'aurais qu'à l'attacher, et lui faire sa fête...

Les voix avaient beau s'éloigner, quelqu'un était en train d'approcher une aiguille du ballon. Machoire serrée, Cassandre se glissa dans un mouvement pour aller vers la sortie de la ruelle. Son fantasme sanguinaire commençait à lui glisser de l'esprit pour se faufiler vers ses doigts...

Coupé dans son élan par ses mains accrochées à sa chemise, il resta contre elle, desserrant ses poings pour les placer instinctivement sur ses hanches, possessif, mais surtout comme près à la jeter au cas où ils reviendraient afin de la protéger. Toujours bouillonnant, il ne cessait de regarder vers la sortie de la ruelle.

- Où comptez-vous aller comme ça? Ce qu'ils disent... c'est horrible. Je suis d'accord. Mais vous êtes seuls. Ils sont trois. Vous êtes blessés à la tête. Être courageux est une chose. Être un peu trop téméraire, s'en est une autre.

Il vrilla son regard au sien alors, plantant ses yeux noirs dans les siens, à peine perceptibles par la lumière de la lune. D'un geste assez possessif et lui ressemblant peu, il lui attrapa les cheveux et serra les dents.

- Attendons encore un peu ici, je vous amènerais ensuite chez moi pour vous soigner.

Il avait la machoire si serrée qu'il en avait presque mal:

- Et les laisser s'en aller? Après ce qu'ils ont dit de vous?! En plus, ils souhaitent vous revoir pour recommencer et plus encore, et je ne serais pas là la prochaine fois peut-être! Ils méritent pire que la mort! Ils...

Cassandre ferma brusquement les yeux, et sa main dans ses cheveux relâcha doucement la pression. Machinalement sa main se balada sur la machoire, le cou, la joue de cette jeune inconnu. Sa main, sur sa hanche, la relacha doucement sans cesser son touché. Il se rendit compte que son attitude avait totalement changé. Lui qui était si doux, gentil, souriant... Il inspira longuement, laissant sa main vaquer sur son visage avec une tendresse qui lui ressemblait énormément.
Il rouvrit ses yeux, tout son corps avait repris une posture doucement, accueillante, chaleureuse et pas seulement par sa température. On lui avait toujours dit qu'il était un homme vers qui on pouvait toujours se tourner car il accueillait les gens à bras ouverts, les amis, la famille, les étrangers.
Totalement différent, un sourire niais, contrit et franc atterrit sur ses lèvres:

- Je crois que je viens de me comporter comme un imbécile. Sûrement ce coup à la tête. Je n'ai jamais été ainsi, je suis du genre gentil chaton, pas vraiment chien méchant.. En tant qu'homme, je n'ai rien d'une bête après-tout.

Il ignore sa condition de loup ! Le pauvre, quand il l'apprendra...
Soudain, son regard et son expression devint inquiète et préoccupée, parcourant son visage de ses yeux et de sa main:

- Et vous, tous va bien? Vous n'avez rien? Il ne vous ont pas fait mal?

Soucieux, il tâtait un peu mais sans aucune perversité! Il se comportait avec une réelle sollicitude.

- Oui... tout... tout va bien. Je... je pense qu'ils sont partis.

Se rendant compte soudain de ce qu'il faisait, il s'arrêta, gêné. Que cela ne lui ressemblait pas. Pourtant, c'était comme naturel pour lui de la toucher. Elle semblait attirer ses mains comme un aimant moins vers le plus. Si c'était ainsi dans une rue sombre, qu'en serait-il une fois seuls chez elle? La panique s'insinua dans son esprit avant de disparaitre sous un léger halo de douleur que lui vrilla le coup porté à sa tête tantôt. Il devait se faire soigner. Aucun désir d'aller à l'hôpital, il y avait passé trop de temps.
Elle se dégagea, mais il la retint d'une main sur sa taille pour s'avancer dans la ruelle et vérifier qu'il n'y avait plus ces..hommes, ces monstres.

- Vous préférez prendre un taxi ou on y va à pieds? Je vous préviens, je n'habite pas la porte à côté.

Il guettait les alentours avec précision, laissant planer un silence. Le silence.. encore quelque chose auquel il n'était pas habitué. Il était plus prompte à la discussion, à l'amusement, aux sourires et à la joie.. Mais là, il était comme dans une phase d'intense réflexion. Il avait toujours cet air détendu, mais rien que l'idée que ces hommes reviennent, il sentait à nouveau ce grondement venir des abysses son être. Etrange.
La tenant toujours par la hanche, comme signe d'avertissement au premier venu, il les fit avancer jusqu'au bord de la route et héla un taxi:

- Un taxi serait plus avantageux, autant pour vous que pour ma santé. Si je vous savais dans les rues, même avec moi, je pense que le premier qui vous aurait ne serait-ce que dévisagé...

Un taxi s'arrêta finalement devant eux. Galant, il ouvrit la portière et se figea en dévisageant la jeune femme comme ces hommes, sans arrière pensée qu'un "wow".

- ...aurait eu les raisons du monde de le faire, murmura le veuf.

Elle était belle, avec ses cheveux comme un chocolat au lait, des pupilles comme des collines d'herbes en automne, ce visage et cette machoire prononcée, ces pommettes rosée légèrement, et ce sourire relevé. Non, il devait rêver. Une créature comme cela existait? Cependant, trop poli, il ne glissa pas ses yeux sur le reste de son corps.
Il secoua cette dîtes tête pour à la fois chasser les idées qui migraient dans son esprit. Mais lesquelles, les meurtrières ou les passionnelles?

- Me voilà à nouveau menaçant.. Fichu coup à la tête. Montez avant qu'ils ne décident de revenir faire un tour.

Il ne reposa pas ses yeux sur elle quand elle monta, ni quand il la rejoint sur la banquette, et décida qu'il ferait mieux de cesser d'utiliser son odorat, ainsi que sa vue pour le restant du trajet. Qui serait assez long à son goût. Cependant, qu'en serait-il de la soirée une fois chez elle? Il n'en savait encore rien...