Living crappily ever after • PV

At first, I was afraid, I was petrified. Kept thinking I could never live without you by my side, but then I spent so many nights thinking how you did me wrong and I grew strong and I learned how to get along. ♫

Douleur extrême, souffrance à l’état pure, les oreilles d’Alexis saignaient. Bad mood. Bad night. Bad week. Bad month. Une demi-heure… une simple demi-heure s’était écoulée depuis le temps où il avait reposé les pieds dans ce bled démoniaco-dépressif et déjà Alexis avait l’insupportable envie de vouloir arracher la tête de quelqu’un.


- Lenny, ça te tuerai de la mettre en sourdine ? s’indignait amèrement Alexis qui, frôlant la syncope, priait les cieux pour que son voisin de table ne soit soudainement victime d’une comparatrice extinction de voix.

- C’est quoi ton problème, Lehane ? Tu n’aimes pas Gloria Gaynor ?! s’offensait ledit Lenny de sa voix fluette et pétrée par un abus d’alcool sensiblement excessif. Bien décidé à perpétuer ce piètre entretien, le petit machin tout rabougri désertait sa table et allait de controverse prendre place sur un tabouret avoisinant celui de l’hybride qui attendait sagement l’arrivée salvatrice de son attachant petit sac à merde… D’ailleurs, il s’était tiré où celui-là ?! Il avait trente minutes de retard et franchement Alexis commençait à se fatiguer de l’attendre durant vitam eternam…

- J’en aie rien à battre de Gloria Gaynor. C’est ta voix de Céline Dion ratée que je ne supporte plus… tant bien que mal, Alexis essayait d’ignorer la présence importune avérée presque perché par-dessus son épaule tant que la dégoûtante proximité franchissait dangereusement la marge sacrée de son espace personnelle. Sa petite bulle à lui tout seul.

- On dit que tu ne ressens pas la douleur… est-ce que c’est vrai ?

- C’est ce qui se raconte, ouais, affirmait Alexis en haussant mollement les épaules et ensevelissant son regard blasé dans la contemplation de son verre vide qu’il faisait viscéralement tourner sur la lisse surface crasseuse du comptoir. Il n’était pas d’humeur à avoir la bonne humeur et le regard lourd de sens de son misérable interlocuteur en disait vraiment long sur ce qu’il pouvait secrètement penser. Il pouvait sentir ces gros yeux jaunes et globuleux littéralement vriller au travers de son crâne et disséquer chacune de ses complexes pensées aux méandres maussades et nostalgiques. Il pouvait percevoir la pesanteur de ce regard obnubilé mais l’hybride s’en foutait comme de l'an 40. Il voulait ruminer sa maigre patience en paix et rien n’allait contrecarrer ce plan de fin de soirée…

Ah, ouais, plaît-il ?!
ZOUF ! Que trop tard, le mi-démon voyait prestement jaillir dans le recoin de son regard inattentif, la rangée de jointures livides et proéminentes. Là, tout de suite, l’hybride savait qu’il était trop tard et c’est pourquoi il ne prit pas la peine d’esquiver le coup. Ce qui faisait donc un merveilleux BIM ! même pas drôle en pleine gueule, il hallucine trente-six chandelles et sa cervelle assimile  tant bien que mal le contrecoup du message ; CE CONNARD L’AVAIT GIFLÉ AVEC SON POING !


- BORDEL ! T’ES MALADE !? s’égosillait Alexis qui happait d’une poigne désinvolte le col de la chemise de son tout nouveau petit problème nocturne qui le dévisageait présentement avec une colonie d’étoiles filantes dans le regard.    

- Ça fait même pas mal, t’es sérieux ?!

UGH ! il allait commettre un meurtre… ça y était…

Si l’on pouvait cramer quelqu’un avec un simple regard, ici, là, maintenant, tout de suite, la peluche infernale était persuadé que son joli sac de bouses écœurantes n’aurait pas eu fait long feu avant de finalement et drastiquement… prendre feu. Une entrée fracassante. Une entrée mélodramatique à souhait. La diva des kleenex arrivait dans le décor. Tous se taisaient, ouais, même cette grande gueule d’Alexis qui, trop préoccupé à râler sa vie dans la face de la raclure de ses deux, prenait quelques poignées de secondes avant de finalement saisir ce revirement de situation. PARDON !? Pourquoi lui ?! Pourquoi toujours lui ?! Pourquoi pas l’autre trouduc qui l’avait giflé avec son poing ? Tous se taisaient, tous enlignaient leur regard hébétés en direction de ce petit cul moulé dans du cuir intensément ténèbres qui se rapprochait vaillamment de ces deux bozos de très haut calibre s’accordant l’accolade du siècle. La peluche, un brin renfrogné, obéissait douloureusement à la réticence de sa fichue dramaqueen qui s’obstinait à lui faire la morale et à mouler sa jolie main de blanche neige et manucurée de ténèbres contre le col de la veste dudit trouduc de ses deux. YO ! Bas les papattes ! C’était SES grosses paluches qui avaient d’affaire là !

- MEEUUUUHHHHHHH !!!!!! PFFFF !!! TSSS !!!!! Même pas le temps d’agir, même pas le temps de dire, la jolie main manucurée de la blanche neige agrippait hargneusement la ganse en cuir de son Viking d’amour. Putain, comment t’arrive à te vernir les ongles sans dépasser ? T’as les cuticules aussi nettes que le cul sacralisé d’un ange ! Parce que oui, solide, vraiment, Alexis avait déjà oublié son big ass problem nocturne. Il était comme un gamin. À la première seconde, on le voyait faire la danse du bacon dans une allée de centre commerciale parce que maman ne voulait pas lui offrir son joujou. Alors que deux secondes plus tard, on le voyait faire la danse de la joie parce que maman acceptait finalement de troquer le joujou dispendieux pour une jolie sucette ! Soit. Guidé à ras la ceinture, le viking d’amour barbue suivait l’ombre ténébreuse de son emo boy aka la starlette de bars crades, vers le soleil lestant et pour ainsi dire ; vers le fin fond recoin tranquille de ce bar démoniacodépressif.


Isolés de toutes oreilles indiscrètes, la diva des kleenex justifiait son retard désastreux. Alexis, usé à réquisitionner tous les pichets et chopes de bière qui lui flottait sous le nez, haussait un regard ironique vers le plafond pourri. La moitié de la face fourrée dans un pichet de bière, la gueule submergée d’alcool, il passait très près de vomir sa généreuse gorgée de bière dans sa cruche, lorsque, HOLY FUCKING CRAP ! Emo Boy parlait… ou plutôt déballait enfin son sac. C’était clair. C’était net. C’était précis. Et ils allaient tous mourir… Limite pas du tout ébranlé d’entendre ce qu’il avait entendu, plein d’entrain, débordant de vigueur et de résolution mêlée, Alexis laissait lourdement retomber son pichet de bière sur la surface poisseuse de la table en bois et approchait sa grosse face de barbue à quelque centimètre près du museau de son interlocuteur. À moitié avachit sur le meuble vacillant sous sa lourde carcasse toute dodue de muscles tendus, ses grands yeux céruléens bien profondément ancrés par-delà les cils fardés de son vampire vêtu de cuir, Alexis souriait à pleine dents. Ouais, ce plan foireux lui faisait plaisir… Fichtrement plaisir en summum ! Qu’ils crèvent et se fassent décapiter par les pires abominations, il s’en contrefoutait royalement. Monsieur Merveilleux, il le méprisait comme la peste. Ce gars-là n’était pas sincère, depuis le début, Alexis le savait… et il était enfin temps de mettre les pendules à l’heure. Il était enfin temps de pulvériser l’empire louche de ce gars louche… peu importe ce qui allait arriver. Peu importe ce qui les attendait sournoisement dans le détour.

- Dans la nuit du 31 décembre, à minuit pile, acquiesçait sombrement l’hybride dont les clairs prunelles se consumèrent soudainement de clairvoyance et d’intensité. Ce magicien d’Oz va franchir le cap d’un nouveau siècle, la face bien profondément encastrée dans un gros tas de merdes écœurantes. Full épique. Il faisait du zèle. Il faisait toujours du zèle lorsqu’on parlait de sauver sa pseudo famille des griffes du grand méchant loup et en surcroît de venir cramer un nightclub branché. À nous deux, on arrivera à rien. Il nous faut des gens. De la magie. Un plan. Bref, il leur fallait des choses, un tas de choses et beaucoup de trucs… tout plein de trucs ! Ce magicien baiseur de main a embourbé tous nos proches, Sac À Merde ! Si on va là-bas pour cramer sa foutue boîte de nuit, j’veux qu’on profite de l’occasion pour sauver nos tarés et nos donzelles. Ma femme et mon ex colocataire sont coincées là-dedans depuis des mois. Ta pétasse aussi, j’imagine. Sans compter de cette fichue blondasse à motard qui… M’enfin, on va tous les sauver. Si on va là-bas, c’est pour kidnapper, détruire et tuer… T’as compris !?

Bien sûr qu’il avait compris… ils se comprenaient toujours !