❝ the unlucky person and the beast. ❞ ⧨ SVENIKE.

❝ maybe sometimes it's better to stay at home. ❞

Sven… Courait. Ouais. Quelle activité passionnante que celle de courir. Il courait, comme un petit cabris, comme si sa vie en dépendait. Ça tombait justement bien, parce qu’elle en dépendait. Ces derniers temps, il avait le chic de s’attirer des ennuis plus gros que lui. Bon, il avait toujours eu cette tendance, je l’avoue. Mais depuis quelques mois, ç’avait pris un autre tournant. Ben il avait appris l’existence du surnaturel, quoi. Et donc maintenant, au lieu de se retrouver avec un tas d’humains enragés à ses trousses, c’était un tas de démons enragés. Et croyez-moi, dis comme ça, la différence est subtile. Si si. Mais lorsque vous courez, vous sentez la différence. Les démons c’est des gros patapoufs. Mais ils courent pas à deux à l’heure, contrairement à ce qu’on pourrait tout d’abord croire. C’est des champions du sprint, pour la plupart. Je vous jure. Z’avez qu’à essayer. Sven, il vous cède volontiers sa place, là. Pourtant, il n’avait rien fait de bien méchant, ce soir. Absolument rien. Il se baladait juste, un peu avant la tombée de la nuit. Le soleil n’avait pas encore disparu derrière les arbres, et lui, il se promenait. Like a boss. Sûr de pas croiser de vampire. Les mains dans les poches, sifflotant, songeant à ce qu’il allait faire ce soir. À savoir un gros câlin à son Nolan en rentrant, et puis le garder contre lui touuuuuuute la soirée, lui faire des bisous partout, et caresser ses petits cheveux en regardant le Roi Lion. Ze programme de la mort qui déchire tout, quoi. La soirée de rêve. Et puis, alors qu’il essayait de se remémorer la chanson précise que chantait le pauvre Zazou lorsqu’il était le prisonnier de Scar, il avait aperçu une petite bande qui s’avançait en sa direction. Il avait haussé un sourcil, plissé les yeux, tenté de discerner de qui il pouvait bien s’agir. Lorsqu’il avait vu leurs tronches abominablement écaillées, il avait fait volte face, oubliant totalement Zazou, Scar, et le joli lot de noix de cocos. Et il était parti en courant, s’efforçant de ne pas gueuler lorsqu’il s’était rendu compte que la belle armée de démons de l’apocalypse le suivait. Franchement, il se demandait si quelqu’un lui avait cousu « fuck demons » sur le dos de sa veste ou quoi. Parce qu’à chaque fois qu’il partait pour s’éloigner de démons, ceux-ci se mettaient à le poursuivre ou l’attaquaient. C’était flippant, quoi. Ou alors, ils sentaient une odeur bizarre. Une odeur de … Chien, peut-être. Même si Sven était un loup, à peu de choses près. C’est ça. Ça devait être une manie de prendre les loups-garous en chasse les jours où ils ne peuvent pas vous buter la tronche. Bande de lâches. S’attaquer à un faible. Tseuh.

Bref. Vous l’aurez compris, le Svenours — seul membre représentant de l’espèce, d’où l’utilisation du « le » — courait actuellement pour sa vie, tandis que les démons gagnaient progressivement du terrain. Finalement, il bifurqua dans une petite ruelle. Très courte, fort heureusement. En quelques pas, il fut au bout, et tourna à droite, avant de tracer le plus vite possible. Lorsque les démons arrivèrent à la bifurcation, ils regardèrent autour d’eux en grognant. Mais aucune trace de leur proie. Flûte. Ils allaient devoir trouver un autre sacrifice pour leur apocalypse. Ils repartirent piteusement, vers d’autres aventures. Tandis que le Svenou sauvage, lui, poursuivait sa course désespérée, absolument incertain de son sort. Il n’avait même pas envie de se retourner pour regarder où en étaient les autres. Il voulait juste courir. Tenter de sauver sa peau. Parce que merde. Vingt-neuf ans, ça commence à compter, je vous l’accorde. Mais c’est clairement trop jeune pour mourir, les enfants. Finalement, il aperçut au loin la petite grille d’entrée du cimetière. Ni une ni deux, il s’élança par-dessus, avant de se mettre à slalomer entre les tombes. Puis il s’arrêta, dérapant sur le sol boueux et légèrement humide, s’affalant contre une pierre tombale, se cachant derrière, tentant de récupérer son souffle court. Bon. L’avantage, c’était qu’avec la dose de sport et de footing qu’il faisait par semaine, il avait une bonne endurance, et il arrivait à contrôler à merveille sa respiration, sur la longue durée. Mais tout de même. Les sprints du genre, c’était pas sa tasse de thé. Il préférait courir à son rythme. Pas au rythme d’une survie face à une armada de démons. Respirant comme un bœuf, dos à sa pierre tombale, Sven se laissa un peu plus glisser au sol, sa nuque appuyée contre la pierre, la moitié de son dos au sol, appuyé sur un coude, l’autre main plaquée sur sa poitrine pour essayer de retrouver son souffle. À part le sang battant contre ses tympans, il n’entendait rien. Rien du tout. À croire que cette bande de démons stupide était partie. Qu’ils avaient pris leurs pattes à leur cou. Et qu’ils allaient laisser notre pauvre Sven tranquille pour sa fin de soirée.

Notre ours poussa un très long soupir, se laissant encore davantage tomber le long de sa pierre tombale, relevant les genoux vers le ciel pour caler des pieds au sol, calant sa tête sur le sol, croisant ses mains sur sa poitrine. Enfin, il respirait. C’pas possible le genre de frayeurs de merde qu’on peut avoir quand on vit à Sunnydale, je vous jure. Les yeux fouillant le ciel à la recherche de réponses à ses questions, Sven parvint finalement à retrouver ses esprits. Il fronça les sourcils, arborant sa moue habituelle lors des moments de grande concentration. Puis, un sourire barra son visage tandis qu’il reprenait doucement les paroles de sa chanson du Roi Lion. « J’aiiii un joli petit lot de noix de coco, dibidibidi qui se suivent comme des numéros, des grosses des maigres, toutes à la file indienne. ♪ » Se redressant doucement, passant sa main sur son visage en baillant, Sven jeta un petit regard par-dessus sa pierre tombale. C’est bon. Il était ready pour regarder le Roi Lion avec son Nolan ce soir. À condition de réussir à sortir de ce cimetière indemne, et de ne pas se faire bouffer sur le chemin du retour. M’enfin bon. Il avait fait le plus gros, là, non ? C’était à espérer, tout du moins.

Après avoir regardé à gauche, puis à droite, Sven se décida enfin à se redresser complètement. Bon. Il n’y a pas un chat. Et tant mieux. Parce qu’à Sunnydale, les chats se transforment en monstre et vous arrachent la tête. Si si, c’est possible. Il se méfie maintenant, le Sven. Se remettant debout, notre suédois grimaça en avisant les traces de boue sur son jean. Berk. Nolan allait encore hurler. Doucement, il essaya de les enlever, sans grand succès. Avant de réaliser qu’il en avait aussi sur les fesses. Flûte. C’était décidément pas son jour. Bon, ben il était bon pour se faire engueuler, et apprendre à détacher lui-même ses vêtements. Ça lui apprendra à se rouler dans la boue comme un petit cochon pour se cacher dans un cimetière moisi. Un looooooong soupir s’échappa des lèvres de l’ancien militaire, tandis qu’il remettait tout bien son manteau sur ses épaules. Ça y est. Le soleil avait disparu derrière les maisons. … WHAT ?! DISPARU ?! DÉJÀ ?! Sven regarda autour de lui, alarmé. Ouais parce que bon. Un Svenours aimant à démons égaré au milieu d’un cimetière, alors que la nuit est tombée, et que c’est l’heure de la promenade nocturne de la plupart des créatures de Sunnydale… Bon. Disons que y a mieux question situation, si on veut conserver une espérance de vie à peu près correcte.

Sur la pointe des pieds, toujours en regardant autour de lui d’un air apeuré, Sven prit la direction de la sortie du cimetière. La première bestiole qui se pointerait verrait immédiatement qu’il s’agissait du casse-croûte du soir i.d.é.a.l. Trouillard, voulant juste rentrer chez lui, et pas vraiment dangereux en apparence. Juste un mec avec la tronche de quelqu’un qui vient de courir le marathon pour échapper à une armée de démons. Pas grand chose d’autre. « Surtouuuuuuut ne pas faire de bruiiiiiit … » se murmurait-il à lui-même, guettant la moindre présence suspecte.

Ses sens de loup l’aidaient. C’était un bon point, qu’il était fier de pouvoir compter parmi ses capacités, ces derniers temps. Bon, c’était encore à améliorer, y a pas à dire. Mais il s’en sortait plutôt pas mal. Cependant, il ne vit pas la racine à ses pieds. Et il trébucha. Lâchant un juron sonore. Juron qui eut pour effet de le déconcentrer totalement de ce qui se passait autour de lui. Et j’eus tendance à dire que c’était précisément à ce moment-là que, peut-être, Sven aurait-il dû être plus concentré que jamais.

Toujours une question de survie. Bien entendu.