Hit the ground like a dislocated puppet • PV

Miroitant au creux de ses iris incandescentes, le reflet des flammes ardentes vacillaient dans l'intimité du vieille âtre de fer. Fixant depuis maintenant plusieurs minutes le feu consumant insidieusement une partie de sa vie qu'il tentait tant bien que mal d'oublier, Gareth n'arrivait à mettre de l'ordre dans ce torrent d'émotions qui lui transperçait le coeur. Pourquoi n'arrivait-elle pas à faire un trait sur lui? Pourquoi fallait-il qu'il se souvienne pour deux afin qu'elle puisse oublier? Pourquoi son oublie faisait tout aussi mal que sa réminiscence?

Gareth fixait les cendres de cette lettre qui lui était destiné, fixait les vestiges de son passé oppressant.
Dans cette maison immensément vide, il étouffait. Ne prenant même pas la peine d'éteindre le feu qui incendiait sa cheminée, Gareth empoigna son manteau et dévala son porche à une vitesse ahurissante. Sans attendre une minute de plus, sans prendre la peine de même y penser, il s'engouffra dans la forêt qui bordait sa cours extérieur. Contournant les troncs d'arbres et évitant les racines d'une agilité peu commune sous les quelques rayons dorés de la lune qui arrivaient à percer au travers le dense feuillage de la forêt, Gareth poursuivait son chemin d'un rythme effréné. Il n'aurait pu dire combien de temps il avait erré dans ce boisé et n'aurait pu recenser les embranchements empruntés mais sa progression aléatoire l'avait mené jusqu'ici. Au pied de vieux appartements abandonnés.

À peine avait-il eu le temps de prendre conscience de la débouchée de son parcours qu'un faible cri étouffé vint hanter ses tympans soudainement à l'affut. Instinctivement, il orienta sa marche vers la provenance de l'appel, l'entraînant ainsi sur le seuil d'un de ces vieux appartement en ruine. Sans se poser plus de question, il enfonça la porte d'entrée et pénétra dans la vieille demeure. Une jeune femme, trop peu vêtu, le dévisageant d'espérance ce tenait flanc contre sol, les mains ligotées dans son dos par un vieux linge brunit par la saleté des lieux. Se ruant aussitôt vers elle, Gareth dénoua les liens qui gardait cette pauvre étrangère captive d'un danger qu'il ignorait encore.

- Alors ma jolie, tu es prête à jouer avec mo---
L'individu d'une cinquante d'années qui venait tout juste d'entrer dans le salon s'immobilisa à la vue de l'inconnu qui s'était introduit sournoisement au sein de son divertissement malsain. Mais qu'est-ce que tu fou ici toi? C'est une propriété privée! S'emporta aussitôt l'homme vêtu d'une simple camisole et d'une paire de calçons jaunies par le temps.
- Et j'imagine qu'elle aussi c'est ta propriété privée? Réplique Gareth de sa voix de marbre tout en désignant la jeune fille qui se trouvait derrière lui d'un vague coup de tête. Ces traits se crispaient davantage à chaque seconde où toute cette saloperie de perversité devenait de plus en plus limpide à ses yeux. Une réalité soudainement bien trop concrète et palpable. Le dégoût. La colère. La répulsion. L'animosité. Tranquillement, Gareth perdait tout contrôle sur son être. Il sentait son cœur battre à même ses tempes douloureuses. Sentait son sang incendié ses veines. Sentait la fureur engourdir chacun de ses membres. Sans même se soucier de la pauvre femme qui avait trouver réconfort en sa présence, Gareth empoigna fermement le crâne presque dénudé de cheveux de ce vieil enfoiré d'une main tenace et l'envoya s'emboîter avec violence contre le coin de la table basse. Ne lâchant sa prise titanesque, dans une léthargie inquiétante et sinistre, il répéta la manœuvre encore et encore.
Encore et encore.
Encore et encore.

Perdant tranquillement son emprise sous les os émiettés de ce salopard, Gareth n'arrivait à calmer cette agressivité troublante. Toutefois, un regard lui brûlant la nuque vint le sortir de ce torrent d'émotions incontrôlables. Il se retourna promptement, réalisant que la jeune martyr avait pris les jambes à son cou pour laisser place à une jolie blonde qui le fixait d'un regard carnassier. Complètement muet, planté là, Gareth faisait valser ses yeux entre la nouvelle arrivante et le carnage glacial qui s'était écrasé à ses pieds dans une marre vermeil.
Il avait beau tenter d'oublié son lugubre passé, ces mains, elles, n'oublieraient jamais ces souffrances qu'elles avaient si royalement baisées.