WHEDONVERSE : TALES OF BUFFY

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Sparks [PV Sven]

Alyss Swan
Alyss Swan
ÂGE : 37
ANNIVERSAIRE : 22/06/1986
DATE D'INSCRIPTION : 20/08/2012
MESSAGES : 261
Dim 26 Aoû 2012, 10:40 pm
Alyss Swan
Le maître de piste s'avança, le bras levé vers les spectateurs attroupés dans les estrades. Immobile, le sourire conquistador, le regard perçant, il toisa la foule qui devint alors aussi silencieuse qu'une carpe. Avec prestance, il retira son chapeau haut-de-forme, saluant bien bas l'assistance d'une révérence.

" Mesdames et messieurs, filles et garçons, bienvenue. Bienvenue dans l'univers de Zacharia, mon univers. " il éclate de rire.

Zach était parfait, comme à son habitude. Ses mouvements calculés, sa tonalité grave et suave, ses expressions faciales clownesques et son costume coloré, mais sophistiqué savaient déjà couper le souffle des spectateurs, ajoutés à son charisme et à sa passion, il devenait en soi un pur divertissement.

" Habitants de Sunnydale, retenez votre souffle. Retenez votre souffle jusqu'à ce que les étoiles scintillent devant vos yeux et que votre tête s'enivre. Retenez-le, jusqu'à sentir vos pieds s'engourdir et votre corps s'alourdir. Habitants de Sunnydale, retenez votre souffle car un seul soupire pourrait mener... à une fin tragique. "

Il hocha la tête, le poing refermé contre son thorax, laissant le murmure de la foule s'intensifier.

" Mesdames et messsiiieuuursss, fillettes et garçons, levez les yeux pour le Black Swannnnnn !! " Il s'éclipsa, en désignant Alyss de la main.

La foule leva alors les yeux pour apercevoir du haut d'une tour de trois étages la jeune femme qui les saluait d'un bras levé au dessus de sa tête. Elle était magnifique, le corps nu peint de noir et d'argent, de longues plumes ébènes dans sa chevelure ondulée et à ses poignets lui donnait la prestance du cygne. Les applaudissements bourdonnèrent, alors que la voix de Zach en coulisse les fit taire.

" Mesdames et messieurs, garçons et filles, vous assisterez ce soir au saut du cygne noir ! "

La musique commença et de petits feux d'artifices animèrent la petite piscine qui attendait patiemment d'amortir la chute de la belle trois étages plus bas. L'atmosphère était palpable et effectivement, tous les curieux retenaient leur souffle. La musique intensifiait la dangerosité du numéro lorsqu'elle s'avança sur le tremplin. Dans l'assistance, les clowns de la troupe se mêlaient aux gens, paniqués, se rongeant exagérément les ongles en claquant les genoux. Ils posaient les mains contre leurs yeux, invitant les spectateurs à ne pas regarder, allant même jusqu'à cacher les yeux des enfants qui riaient avant de les repousser.

Tout à coup, une défectuosité des feux d'artifices au sol entraîna quelques étincelles qui enflammèrent rapidement la tour où Swan était perchée. Les clowns s'attroupèrent paniqués en gesticulant, pinçant leur nez et leurs flûtes pour attirer l'attention d'Alyss beaucoup trop concentrée pour les regarder. Des exclamations d'horreur gisaient également des spectateurs. Le feu grimpait dans les escaliers, piégeant la jeune femme tout là-haut. Le caoutchouc de la piscine finit lui aussi par s'enflammer au grand damn des clowns qui tentaient d'éteindre les flammes avec leurs minuscules sceaux d'eau qu'ils utilisaient précédemment dans leur numéro. La belle regarda derrière elle et vit le feu lécher le tremplin et lorsqu'elle regarda en bas, elle aperçu la piscine enflammée et ses amis tenter d'éteindre le brasier. Alyss fit quelques pas en arrière, rien à faire, elle était pigée, la foule commençait à paniquer elle aussi, tout déroulait si vite. Le cygne s'élança avec grâce du haut de la tour tournant sur elle-même pour atterrir dans la piscine de feu.

Tous les clowns immobilisés dans leurs mouvements ainsi que la foule avaient cessé de respirer.

Puis les projecteurs illuminèrent un podium à l'opposé du terrain, là où se tenait Swan, les plumes enflammées. Elle fit un pas vers l'avant, crachant un jet de feu impressionnant à plusieurs reprises tandis que la foule acclamait le clou de ce spectacle audacieux, conquise et soulagée.

Plus tard près de la caravane, Zach courut vers elle, l'étouffant d'une étreinte euphorique.

" C'était complètement génial Alyss, vous étiez tous géniaux !!! " la belle ria aussi, ravie du déroulement de leur première soirée à Sunnydale.

" C'était génial, oh bon sang, j'ai pris mon pied. " il la déposa au sol, passant son bras sur ses épaules. " La musique n'était pas tout à fait synchro quand tu as craché le feu, mais ça ira. On ajustera le coup. Wouahhh... tu as vu leur réaction ? Moi je l'ai vu... si on attire pas des masses après ce soir, je sais pas ce que ça leur prendra de plus... "

Une bise sur le front puis il s'éloigna pour se jeter sur les jumelles histoire de passer un commentaire sur leur numéro. Il était tellement euphorique qu'elle ne trouva rien à lui dire. Elle s'était contentée de rire et d'hocher la tête. Ça faisait plaisir de le voir comme ça. Avec le succès de ce soir, le reste du séjour s'annonçait prometteur. Swan se démaquilla puis prit une douche en vitesse avant de se recoiffer. Elle enfila son soutien-gorge puis son sous-vêtement, des pantalons de cuir très serrés et des bottillons à talons-hauts noirs. Zach apparut dans le cadre de porte alors qu'elle mettait la main sur un chandail blanc. Swan sursauta lorsqu'elle le vit puis sourit, un peu gênée. Lui resta un moment à la regarder en silence.

" Tu étais particulièrement magnifique ce soir...
- Merci. " répondit-elle simplement et beaucoup trop vite à son goût en enfilant son chandail.

Lassé d'alourdir le silence, il finit par lui proposer de sortir s'amuser avec le reste de la troupe.

" Ohhh euh... Non... Non, merci. J'ai juste envie d'aller prendre un peu l'air... marcher seule... histoire de... de décompresser et de me coucher tôt... j'suis fatiguée... " dit-elle avec un sourire pincé au coin des lèvres avant d'attraper une veste qu'elle cintra au niveau de ses hanches.

Zach s'éternisa dans un silence lourd puis finit par lui sourire en retour.

" Bon, comme tu veux. On sera dans un bar du coin, histoire d'explorer un peu la ville... texte-moi si tu changes d'idée... on se revoit à la répétition de demain... "

Elle acquiesça d'un hochement de tête. Il s'éloigna.

Bon sang, elle ne supporterait plus longtemps cette tension entre eux...

Les yeux fermés, les mains dans les poches, la tête penchée vers l'arrière, elle inspirait et expirait le grand air du stationnement de la fête foraine. Elle ne supportait plus cette musique goguenarde, ces lumières scintillantes. Elle ne savait pas trop ce qu'elle envie de faire ce soir, mais une chose était sûre, ce serait loin de cette ambiance festive qui avait le don de la gaver ces derniers temps.
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Sven J. Ohlsson
Sven J. Ohlsson
ÂGE : 29
ANNIVERSAIRE : 20/10/1994
DATE D'INSCRIPTION : 14/07/2012
MESSAGES : 790
Absence : Activité ralentie.
Lun 27 Aoû 2012, 4:26 am
Sven J. Ohlsson


« there is a special providence in the fall of a sparrow ... »


Sven baissa les yeux vers le sol, renfrogné. Tous ses muscles étaient contractés sous son sweat noir. Sûrement pour essayer d’avoir moins mal. Mais tendre toute la musculature de son dos avec le reste n’était pas la meilleure idée pour moins souffrir. Comme un débile, il était sorti, ce soir-là. Et comme un plus gros débile encore, il était allé à des combats amateurs de MMA. Histoire de se faire un peu de fric. Quand on savait où aller à Sunnydale, on en trouvait facilement ; et c’était ce qu’il avait fait. Il s’était rendu sur le parking de ce bar étrange, où des combats étaient organisés pour distraire les passants, et se faire un peu d’argent. Il avait combattu. Oubliant tout le reste, se contentant de se défouler. Aujourd’hui encore était un jour sans Nolan. Le troisième, depuis qu’il était rentré. Et comme tous les jours, il était passé devant son appartement. Les volets étaient encore fermés. Alors Sven s’était renfrogné, comme à son habitude. Il était allé combattre un peu. Il s’était fait frapper, avait bien rendu les coups. Comme à son habitude, certains de ses combats avaient fait murmurer les spectateurs, alors qu’il distribuait les K.O. d’un seul coup de poing, sonnant les types au point qu’on doive les sortir du ring le temps qu’ils reprennent connaissance. Et puis, Sven était tombé sur un type un peu plus fort que les autres. Ce type lui avait donné un coup d’une extrême violence dans le dos. Et le jeune homme avait hurlé à la mort, avant de lui éclater la tête sur le sol du ring, lui offrant un trajet gratuit pour les urgences. Le suédois, quant à lui, aurait également bien eu besoin de soins. Pourtant, il les avait tous refusés, et s’était même enfui sans la prime pour échapper à l’ambulance. Comme un con, il avait rouvert la cicatrice de son dos. Celle-ci saignait méchamment ; pourtant, il n’avait rien fait. Pas plus qu’à son habitude. Ca allait guérir, après tout. Ca finissait toujours par se refermer. Depuis son accident, Sven évitait soigneusement d’essayer de regarder son dos dans un miroir. Enfin, depuis qu’il pouvait marcher pour se regarder, s’entend. Il savait qu’il forçait sur ses blessures, trop fraîchement refermées par rapport à leur gravité. Pourtant, il continuait, encore et toujours. Il refusait d’arrêter le sport, de laisser à son corps le temps de récupérer. S’il arrêtait tout ça, il retomberait dans la drogue, et son addiction pour l’alcool grandirait encore davantage. Il le savait. C’était une évidence. Et il s’était juré de ne plus prendre un rail de cocaïne de toute sa vie. Il ne voulait plus toucher à ces saloperies. Ca avait fini par le tuer. Ou du moins, le manquer de très peu. Il se souvenait encore de son premier rail, il y avait quelques années de cela. Il avait apprécié cette sensation, mais connaissait alors les dangers de la drogue. Il en avait pris de manière irrégulière, afin de ne pas tomber dans l’addiction directement. Et puis, sa relation avec Laura avait pris un mauvais tournant. Il avait commencé à se faire des rails de manière bien plus rapprochée, dangereuse. Et lorsqu’elle l’avait largué, c’en était terminé du Sven qui ne voulait pas de dépendance à cette cochonnerie. Il était tombé dedans à un point tel qu’il avait frôlé l’overdose plusieurs fois. Et qu’un soir, il s’était menacé de se tirer une balle et de sauter du sixième étage, en même temps. Son premier souhait de tentative de suicide de toute sa vie. Heureusement, on l’en avait empêché. Alyss. À la simple pensée de ce petit bout de femme qui avait littéralement sauvé sa vie, son cœur se serra. C’était lorsqu’il était parti qu’il s’était juré d’arrêter la drogue, juste après cet événement. Il s’était mis au sport, bien plus que ce qu’il avait pu en faire de toute sa vie. Il était devenu un drogué du sport. Sans relâche, il s’entraînait, frappait le sac, faisait des jogging, des tractions, des pompes, des abdos, allait au gymnase pour se défouler face à des types. C’était de cette manière qu’il avait réussi à combler le manque de la drogue ; par le biais d’une autre dépendance, beaucoup plus saine. Le sport à outrance. C’était maintenant qu’il en payait le prix, pourtant. Après son accident… Lorsqu’il s’était jeté sous les roues de cette voiture pour protéger un jeune homme qu’il n’avait jamais vu de sa vie, il avait reçu un choc violent dans le dos. Il avait tout d’abord cru s’être enfoncé quelque chose, car il sentait bien qu’il y avait une déformation, quelque chose de pas très beau à voir. Et puis, après son transfert à l’hôpital, son opération, et quelques phrases échangées à son réveil avec le jeune homme qu’il avait sauvé, celui-ci lui avait expliqué. Petit bonhomme lui avait raconté ce que les médecins lui avaient dit, alors que Sven dormait après son opération. Lorsqu’il était arrivé au bloc, aucun des médecins qu’on avait mis sur ce cas ne pensait qu’une survie était possible à tout cela. Sven était un miracle de la médecine. Rien n’était rentré dans son dos. C’était son dos, ou tout du moins une de ses vertèbres, qui était ressortie. Et par miracle, ça ne l’avait pas tué. Par un autre miracle encore plus grand, il n’avait même perdu aucune de ses fonctions motrices, ni même sa sensibilité. Il avait eu tant à perdre avec cette blessure… Mais s’en était tiré. Avec une cicatrice, certes, dans un fauteuil roulant, d’accord, condamné à ne pas poser un pied à terre pendant plusieurs mois, ok, mais vivant. Et ça, ça n’avait pas de prix. D’après eux, tout du moins. Sven avait eu un avis clairement différent. Pas de sport pendant minimum un an ? Impossible, purement et simplement. Il n’allait pas pouvoir marcher avant au moins trois mois. Et après, il serait tout de même assigné à son fauteuil roulant jusqu’à cinq mois. Et à partir de six mois minimum, il pourrait reprendre une vie normale et rendre le fauteuil. Bien. A partir de six mois, à la moitié à peine de sa convalescence, il s’était remis au sport. Tenir les six premiers mois n’avait été possible que grâce à Nolan. Son petit bonhomme, qui lui avait tenu compagnie, l’avait assisté, et aidé à oublier le manque de sport. Mais Nolan était parti en Irlande, au bout de six mois. Et immédiatement, Sven était parti aussi, et s’était remis au sport à outrance. Quand bien même sa cicatrice ne se remette à saigner un jour sur deux … Sa convalescence lui avait empêché tout contrat. Il avait dû vivre sur ses économies, et ne s’en était sorti que d’extrême justesse. Il avait eu besoin de regagner de l’argent. Et son job de serveur dans un bar ne lui avait pas suffi ; il s’était remis à combattre. Ce qui lui permettait de bien gagner sa vie, mine de rien. Enfin, si on exceptait les dégâts qu’encaissait son corps.

Sven grimaça, tandis qu’il sentait le haut de son jean s’imbiber doucement de sang. Il souleva l’arrière de son sweat, essuyant le bas de son dos avec son mouchoir en tissu. Il allait falloir qu’il se pose quelque part où il pourrait rester le plus longtemps possible, et laisser cicatriser. Il s’était rendu à l’autre bout de Sunnydale. Bon, s’il le fallait, il rentrerait chez lui à pied. Pas question de saloper un taxi avec le sang qu’il perdait. Doucement, il glissa le mouchoir dans son pantalon, en bas de son dos, le laissant s’imbiber lui plutôt que son jean. Puis il remit son sweat noir par dessus. Celui-ci ne présentait quasiment aucune tache ; ou plutôt, les taches n’étaient pas visibles. L’obscurité du vêtement mêlée à celle de la nuit cachaient impeccablement le rouge sombre du sang. Pour son plus grand bonheur, d’ailleurs. Ca lui évitait les questions curieuses et paniquées des gens qui auraient voulu l’aider. Parce que ce soir, il était… Comment dire… Depuis qu’il était sorti du ring, il n’avait envie de parler à personne. Il marchait avec les mains dans les poches, la capuche noire rabattue sur sa tête pour cacher ses cheveux courts et encore humides de sueur sur les bords. Il ne relevait pas les yeux, sachant pertinemment où il allait. Il voulait rentrer chez lui, en croisant le moins de gens possible. Ca l’obligeait à faire des détours, mais c’était un sacrifice auquel il consentait de bonne grâce. T’façon, il allait pas se vider de son sang. Quoique tout de même, c’était une des premières fois qu’il saignait de la sorte depuis son accident. M’enfin. Qui vivra verra, comme il disait si bien.

Des bruits étranges attirèrent soudain l’attention de Sven. Doucement, celui-ci tourna la tête vers leur provenance, s’approchant de son pas de loup, quasi invisible. Tout en noir dans le noir, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus voyant, vous en conviendrait. De la musique se mit à résonner dans ses oreilles. Et puis une voix. Qui aurait pu lui être familière, s’il avait daigné d’accepter un tant soit peu son passé. Mais non. Cela ne l’empêchait pas d’être intrigué. Il s’approcha doucement, restant dans l’ombre des ruelles. Il avait une excellente vue, et pensait de ce fait pouvoir admirer le spectacle en restant caché. Néanmoins, il se rendit rapidement compte que le centre de toute l’attention, ce spectacle qui était en train d’être donné, était trop loin de lui pour qu’il reste à l’observer comme un voleur. Sven se résolut à s’approcher de quelques pas, choisissant un itinéraire que les gens semblaient avoir ignoré, peut-être parce qu’ils pensaient que de là-bas, ils ne verraient rien. C’était leur choix. Pourtant, quand Sven s’arrêta, dissimulé par l’ombre d’une grande attraction qui semblait fermée, il voyait impeccablement le spectacle. De loin, certes, mais il le voyait. Décidant de faire le brave spectateur, il releva les yeux lorsque le présentateur du numéro indiqua une petite silhouette au joli surnom, perchée en haut d’un immeuble de trois étages. Merde. Mais ce surnom … Il ne lui était pas étranger. Et la silhouette au costume magnifique — bien que très léger ¬— lui disait également quelque chose. Mais elle était trop haute. Trop haute pour qu’il puisse discerner les traits de son visage fin avec exactitude. Bah. Il devait rêver. Il ne se souvenait pas avoir déjà assisté à un spectacle de ce genre ; d’où l’intérêt d’être ici. Lentement, en même temps que tous les autres spectateurs, il regarda les flammes grimper le long des escaliers de l’immeuble, piégeant la jeune femme. En harmonie avec les autres, il retint son souffle en voyant sa petite piscine s’enflammer à son tour. Lorsqu’il s’en rendit compte, il se détendit, se sentant stupide. Bah. C’était son boulot de faire ça, non ? S’ils présentaient ce numéro, c’était qu’il était au point. Pourtant, malgré ces pensées, Sven ne put s’empêcher de sentir son cœur rater un petit battement lorsque la jeune femme sauta. Sa chute fut majestueuse. Telle un oiseau, elle semblait glisser dans les airs et piquer vers la piscine, et non y tomber selon les lois de la gravité. Lorsqu’elle y atterrit, l’ancien militaire se prit à pousser un soupir de soulagement, reprenant son souffle qui s’était arrêté une seconde fois sans qu’il s’en rende compte. Finalement, des projecteurs illuminèrent un coin de la piste, où la silhouette enflammée de la jeune femme réapparut, plus près de Sven qu’il y avait quelques instants. C’est alors que des souvenirs remontèrent dans son esprit. New York, il y avait quelques années de cela. Il se souvenait avoir dévoré des yeux une jeune femme, exactement de la même manière. Aucune arrière-pensée, bien évidemment ; il était à l’époque en couple. Mais une fascination extrême au fond des prunelles, une admiration sans borne pour cette jeune cracheuse de feu époustouflante. Et ce surnom, qui l’avait fait tiquer lorsqu’il l’avait entendu… A nouveau, le cœur de Sven s’était arrêté, tandis qu’il battait des paupières d’un air ahuri, toute douleur envolée de son esprit pour le moment. Alyss.

Sous un tonnerre d’applaudissements, avant qu’il n’ait pu se rendre compte de quoique ce soit, les projecteurs s’éteignirent, laissant la foule se disperser ailleurs, entrer dans la fête foraine ou rentrer chez soi. Sven regarda l’ensemble des spectateurs s’en aller, tapi dans son coin. Après son arrêt momentané, son cœur avait repris, bien plus rapidement qu’à la normale. Il était quasiment sûr ce qu’il avait vu, à moins que le manque de sang ne lui provoque des hallucinations. A pas de loup, il s’approcha des quartiers de stationnement de la petite troupe. Il resta cependant à l’écart, à l’abri d’un arbre posé dans le petit coin de verdure qui apparaissait derrière la fête foraine. Le début du parc. Il appuya son épaule contre le tronc, attendant patiemment, supportant la musique abrutissante de la fête foraine. La douleur l’avait repris, et il s’efforçait de l’oublier. Mais Il sentit quelque chose couler le long de sa jambe, à l’intérieur de son jean. Et il frissonna, laissant échapper un gémissement. Pourquoi attendait-il là ? Il fallait qu’il rentre, qu’il se douche pour nettoyer sa cicatrice et son dos trempé d’une sueur provenant aussi bien de l’effort de ses combats que de sa douleur. Il avait besoin de coucher sur le ventre, et de laisser tout ça cicatriser pendant quelques heures. Jusqu’à demain matin. Voire même demain soir, aussi atroce que cela puisse paraître. Mais non. Il restait debout à attendre. A l’attendre. Celle qu’il croyait être sa meilleure amie, qu’il avait perdue il y avait deux ans maintenant. Mais était-ce vraiment elle ? Probablement pas. Mais bon. Il n’y avait qu’une seule manière de le savoir, après tout. C’était de rester ici. D’ignorer le sang qui trempait maintenant la ceinture de son jean. D’oublier la douleur qui se faisait de plus en plus lancinante. Et d’attendre qu’elle sorte. Ce qui, heureusement, ne tarda pas. Il eut tout d’abord peur qu’elle sorte avec le reste de sa troupe, et qu’il ne puisse la prendre à part. Pas question qu’il parle ou qu’il se montre à quelqu’un d’autre qu’à elle. Mais non. Elle était toute seule.

Doucement, il s’approcha, sortant de sa cachette. Il avait l’impression qu’elle prenait enfin l’air ; qu’elle revivait, après de longues heures à se retenir. Mais c’était bien elle. Sven s’approcha de quelques pas, sortant de l’ombre du grand arbre. Il avait toujours les mains dans les poches. Sa silhouette commençait à se détacher de l’ombre, tandis qu’il apparaissait, ne produisant aucun son à l’exception du crissement de ses semelles de ses converses sur les graviers, et de son souffle rauque et douloureux. Ne la quittant pas une seule seconde des yeux, en arrêtant presque de cligner des paupières, Sven la contemplait. Elle n’avait pas changé. Vraiment pas.

« Joli saut, petit moineau. Pour un peu, j’ai cru que tu allais t’envoler avant de toucher la surface de l’eau. »

Petit moineau. Comme il l’appelait autrefois. Parce qu’elle était petite, fluette, et qu’il ne voulait pas l’appeler Black Swan, ou joli cygne, comme tout le monde. Elle était son petit moineau. Un point c’est tout. Doucement, il planta son regard dans le sien, la tête toujours couverte de sa capuche, les mains toujours enfoncées dans la poche unique permise par l’absence de fermeture éclair du sweat. Alors qu’il contemplait son visage désormais dépourvu de maquillage, il oublia quelques instants la douleur. Un sourire fendit son visage, étirant ses lèvres avec un naturel décapant qu’il n’avait pas retrouvé depuis longtemps. Depuis le départ de Nolan il y avait quelques mois, en fait. Mais là, il souriait. Comme un homme heureux. Il venait de retrouver son petit moineau. Et même s’il n’osait pas courir vers elle et la prendre dans ses bras pour la faire tournoyer — et de toute manière son dos l’en empêchait — il était soulagé et se sentait léger de l’avoir retrouvée. Et si c’était elle qui prenait son élan pour se jeter dans ses bras, il la rattraperait. Il la serrerait contre son cœur, lui murmurerait à quel point il était heureux de la revoir. Enfin, pour qu’il puisse faire ça, il allait déjà falloir qu’elle le reconnaisse. Après tout, peut-être que depuis toutes ses années, elle l’avait oublié. Peut-être qu’à cause des cernes et des traits tirés par la fatigue et la douleur, il aurait trop changé pour être reconnu, malgré son sourire toujours aussi séduisant et naturel. Mais ses pensées n’arrivaient pas à entamer son bonheur. Il se tenait à quelques mètres d’Alyss, et avait la possibilité de l’approcher, et de la toucher. Il en rêvait depuis si longtemps. Et à moins qu’elle ne s’envole, il n’était pas question de la laisser disparaître de sa vie à nouveau.

Pas cette fois, petit moineau.

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Alyss Swan
Alyss Swan
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Lun 27 Aoû 2012, 6:51 am
Alyss Swan
Elle allongea le bout de ses doigts, tortillant le bout de ses doigts comme de petits serpents sillonnant. Elle inspira à grandes bouffées, si bien qu'elle sentait la froideur de la nuit s'incruster dans sa gorge et rafraîchir ses poumons. Des fourmis lui grimpaient dans les mains, sur le long des bras jusqu'à l'arrière de ses oreilles. Il était là, au plus profond de son ventre, elle pouvait sentir toute sa puissance se régénérer. Le feu. Ardent qui bouillait dans son être, allié de sa dernière prestation. On aurait pu croire à une ivrogne qui titube fraîchement sortie d'une soirée arrosée, mais jamais elle n'aurait pu être plus lucide.

Elle gratta son cuir chevelu du bout des ongles, glissant les doigts dans ses épais cheveux, ondulant des hanches en claquant des talons. Doucement, ses bras retombèrent de chaque côté de son corps pour rejoindre les poches de sa veste. Son estomac la tirailla, devenant ainsi un projet dans sa fin de soirée... casser la croûte. Plus elle s'éloignait des voitures immobiles, plus elle ressentait cette étrange impression d'être épiée. Alyss jeta un regard par dessus son épaule, les sourcils froncés. Seuls quelques visiteurs quittaient le parc au loin, un couple à sa gauche retrouvait leur voiture. Regardant de nouveau devant elle, la belle libéra son visage de ses cheveux rebelles d'un coup de tête. Son coeur se mit à battre la chambarde lorsqu'elle perçut une silhouette massive émerger des ombres. Rien chez lui ne la rassura, ni ses vêtements qui le confondait à la nuit, ni son imposante stature. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, elle n'était pas chaude à l'idée d'un affrontement. Elle pressa le pas en s'écartant légèrement, sans paraître affolée. Qu'y'a-t-il de plus stimulant pour un agresseur que de savoir sa proie déstabilisée ? Mais lorsque la lumière du lampadaire perça la barrière de son capuchon, son visage lui apparut comme une vision du passé vouée à lui jouer de mauvais tours. Aussi net, elle s'immobilisa, les traits tirés par l'incertitude. Non, forcément, c'était son esprit qui lui jouait des tours. Et pourtant... Si une chose était sûre, c'est qu'elle devait avoir l'air bien bizarre, surtout si il l'avait observé depuis sa sortie de la fête foraine.

Petit moineau...

Ses lèvres se murent sans émettre un son. Sa gorge serrée l'empêchait de prononcer le moindre mot. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise, se demandant l'espace d'un instant si elle venait d'halluciner. Toujours dissimulé dans l'ombre de son capuchon, elle ne pouvait en avoir la certitude, mais cette voix et le surnom utilisé ne désignaient qu'une seule et unique personne. Sven.

" J'hallucine... Sven ? " dit-elle à voix basse, à se demander si elle cherchait vraiment à ce qu'on entende et lui réponde.

Elle avança vers lui, de plus en plus rapidement jusqu'à courir littéralement et lorsqu'elle fut assez près, la belle se jeta sur lui sans ménagement, abandonnant le sol pour enlacer ses jambes autour de ses hanches. De la main, elle abaisse le capuchon, offrant un sourire radieux à ce visage si commun aux traits défigurés par la fatigue. Mais elle s'en fou, ses bras autour de ses larges épaules l'étreignent, sa tête a naturellement rejoint le creux de son épaule.

" Tu m'as tellement manqué. Je croyais jamais te revoir... " l'émotion transperce sa voix, alors que ses doigts se resserrent peu plus contre lui. Une éternité pourrait s'écouler ainsi perchée sur lui, plus rien ne pouvait l'atteindre. Comme un moineau sur la plus grosse et la plus haute des branches.

Même si son poids ne représentait même pas un défi à soutenir pour lui, elle sentait que son corps s'était tendu et avait pu percevoir un grognement douloureux s'évader d'entre ses dents. De plus, son corps se réchauffait à une vitesse dramatique, elle le délaissa donc puis remit les pieds au sol, un sourire béat aux lèvres.

" Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Wow... tu es... gros. " elle éclate de rire. " Bon eh, pas gros dans le sens gros... mais... bon sang, tu t'es vu ! Wouah. Tu sais que j'ai failli me mettre à courir quand je t'ai vu ? "

Elle lui tape sur le bras, comme si elle souhaitait se battre contre lui, juste pour le taquiner. Il était déjà une belle pièce d'homme à l'époque, mais là, c'était carrément la maison au grand complet. Elle rit à nouveau, franche et tellement naturelle. Le revoir était un pur bonheur, malgré tout ce qui s'était passé dans leurs derniers aurevoirs. Plantée là, les mots lui manquaient, elle se contentait de le regarder, complètement abasourdie par ses changements physiques impressionnants. L'étincelle de ses yeux devait trahir le fond de sa pensée, même si il ne semblait pas au meilleur de sa forme, tout ce qu'elle voyait lui ramollissait un
peu les jambes. Après toutes ces années... quand même... non... c'était surement juste... le coup de l'émotion, rien d'autre. Elle inspira, comme si elle venait de passer dix minutes sous l'eau. Et quelque chose s'amusait dans le fond de ses tripes... la faim sans doute. Oui, c'était forcément la faim.

Elle déglutit. De plus en plus de passants abondaient sur le stationnement. Eh non, ils n'étaient pas seuls au monde... c'était bien dommage d'ailleurs.

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Sparks [PV Sven] 120912043953743512
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Sven J. Ohlsson
Sven J. Ohlsson
ÂGE : 29
ANNIVERSAIRE : 20/10/1994
DATE D'INSCRIPTION : 14/07/2012
MESSAGES : 790
Absence : Activité ralentie.
Lun 27 Aoû 2012, 7:10 am
Sven J. Ohlsson


« we were young ... »


Le premier réflexe de la jeune femme fut de commencer à s'éloigner, d'un pas qui se voulait rassurer mais qui trahissait une certaine panique. Peut-être que c'était normal, après tout. Sven n'avait pas pensé un seul instant à la dégaine qu'il avait, avec son jean noir délavé par endroits, déchiré par d'autres, ses converses noires abîmées, et son sweat encore plus noir. Avec qui plus est la capuche sur la tête. Ça faisait un peu type de gang. Ou gros pervers qui l'avait bien reluquée pendant le spectacle, et qui maintenant allait la capturer et l'emmener dans son repère secret pour la violer et lui faire des obscénités. NO WAY. Ce n'était pas du tout le genre de Sven, et que ce soit avec n'importe qui, d'ailleurs. Mais il y avait beaucoup de chances pour qu'il fasse peur dans cette tenue, et ça ne lui avait pas effleuré l'esprit une seule seconde. Heureusement, il eut l'intelligence de parler, et de ne pas se taire en espérant qu'elle le reconnaisse d'instinct et vienne d'elle-même. Petit moineau. Voilà comment il l'avait appelée. Par réflexe, ce surnom affectueux était sorti tout seul. Peut-être qu'il aurait dû s'en vouloir. Mais sur le coup, il remarqua juste qu'elle se tournait vers lui. Avec un air ébahi. Il vit ses lèvres remuer, et le vent lui amena les quelques mots qu'elle prononçait. Aussitôt, son sourire s'élargit, bien qu'elle ne puisse le voir, caché sous la capuche. Elle se mit à marcher dans sa direction, et il fit de même. Néanmoins, il s'arrêta rapidement, alors que son dos le rappelait à l'autre. Il la laissa accélérer l'allure pour arriver vers lui, se préparant mentalement et physiquement à encaisser le choc. Le problème n'était pas son poids ; elle ne devait pas peser plus lourd que la dernière fois où il l'avait vue, et semblait même plus fluette et plus aérienne. Non. Le problème était son dos. En temps normal, le suédois aurait pu courir également, et l'attraper pour la faire tournoyer, mais là ... Il avait la cicatrice en charpie. Et même si sa vertèbre ne risquait pas de se déplacer à nouveau, et que ce n'était que la surface qui saignait, ça saignait quand même. Et c'était surtout hyper douloureux. Quand elle allait arriver, elle allait forcément avoir de l'élan. Et il allait devoir la rattraper, comme il savait si bien faire avec son petit moineau. Comme ils l'avaient toujours fait quand ils se revoyaient. Ça aussi, c'était quelque chose qui avait manqué à Sven. Et ça se voyait. Il souriait comme un débile, lui ouvrant les bras alors qu'elle s'y précipitait, de son pas rapide et léger, ses cheveux voletant comme un essaim derrière elle. Et en une fraction de secondes, elle fut sur lui.

Brusquement, le temps s'arrêta autour d'eux, alors qu'elle sautait littéralement sur lui pour enlacer sa taille avec ses jambes fines de petite sauterelle. Naturellement, les bras de Sven s'enroulèrent autour de sa silhouette menue et fragile, comme pour la protéger du reste du monde. Il oublia la douleur cisaillante qui avait répondu au contact rapide avec la jeune femme, la laissant nicher sa tête dans le creux de son épaule. Comme si le temps ne s'était pas écoulé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Comme si rien ne s'était passé. Comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Sven serra la jeune femme contre lui, encore un peu plus fort, prenant tout de même garde à ne pas la briser en mille morceaux avec un simple câlin. L'odeur douce de son moineau emplit ses narines, le soulageant doucement. Il cacha son visage et son sourire dans le creux de son cou, savourant leur étreinte. Elle prononça quelques mots, à nouveau. Exprimant son manque. Sa peur de ne plus jamais le revoir. Le jeune homme gardait les yeux fermés, accroché à elle comme si sa vie en dépendait. Doucement, un murmure soulagé filtra au travers de ses lèvres pulpeuses, tandis qu'il souriait toujours, juste heureux d'être là avec elle.

« Tu m'as manqué aussi, p'tit moineau... Si tu savais... »

Il fit disparaitre entièrement son visage dans ses cheveux bruns, se sentant enfin entier depuis des mois. Il arrivait même à ne plus penser à Nolan, pour quelques instants. Il avait retrouvé Alyss, elle l'avait reconnu, et plus rien d'autre ne comptait. Rien ne pouvait les empêcher de savourer leurs retrouvailles. Enfin, presque.

Alors que les secondes s'écoulaient doucement, durant lesquelles il se contentait de vivre le moment présent, sans cette capuche pour le cacher, enfin mis à nu face aux autres, mais surtout face à elle, le jeune homme revint brutalement à la réalité. Il lâcha un grognement de douleur, s'en voulant aussitôt. Merde. Il ne fallait pas qu'elle croit que c'était elle... Son dos venait juste de le rappeler à l'ordre, lui signalant que oui, il ne s'était pas arrêté de saigner simplement parce que môsieur était content. Et qu'il méritait de l'attention, si on ne voulait pas que ça empire. Sven sentit d'autres gouttes lui chatouiller l'arrière de la jambe sous son pantalon, mais ne laissa rien paraître. Ça commençait à être la merde, mais il s'en foutait. Il avait son moineau, c'était tout ce qui importait. Il laissa la jeune fille descendre de son perchoir, l'aidant en lui tenant sa jolie taille de guêpe de ses grosses pattes d'ours. Puis il la lâcha, avec son sourire jusqu'aux oreilles, passant une main gênée dans ses cheveux pas forcément encore sec ni super propres. Il avait besoin d'une bonne douche, ce qu'elle semblait justement d'avoir fait quelques minutes auparavant. C'était con de penser à ça dans un moment pareil, mais il se sentait vraiment tout, sauf présentable. Et puis la pâleur de son visage n'arrangeait rien. Il ne pouvait pas se voir, mais il savait qu'il était livide, et que la lumière des réverbères devait encore empirer la chose. Le manque de sang mêlé à la douleur, sûrement. Il espérait qu'elle ne fasse pas de remarques. Pas maintenant du moins. Après tout... Bah, il serait bien obligé de lui dire et de lui parler de son état. Parce qu'il voulait passer la soirée en sa compagnie, et que de toute évidence, il ne tiendrait pas toute la soirée sans soin ou sans repos. Il n'allait pas pouvoir marcher avec elle tranquillement, ou du moins pas longtemps, s'il ne faisait rien. Mais pour le moment, ils se retrouvaient, dans l'innocence la plus totale. Le regard de Sven se mit à pétiller tandis qu'elle le traitait de gros. Bien entendu, il comprenait ce qu'elle voulait dire. Depuis sa rupture avec Laura, et la dernière fois qu'il avait vu Alyss, il avait pris environ 15 kilos de muscles. Ce qui n'était franchement pas rien. Ouais. Notre nounours était une belle bête. Un sacré morceau de viande. Une véritable armoire à glace, qu'on préférait ne pas embêter, sous aucun prétexte, dans aucune circonstance. Pourtant, dans le fond, c'était un tendre. Le genre de gars à mettre ses gros muscles au service des petites puces comme Alyss, qui n'en avaient pas. Ou du moins pas assez pour être impressionnantes et dissuader les gros vilains. N'empêche que la surprise de son amie à le voir aussi développé le fit rire. Franchement, et naturellement. Il se mit à rire, attrapant une bouclette brune du bout des doigts pour l'envoyer en l'air d'un petit coup de poignet, comme s'il avait s'agit d'une petite balle ou d'une pièce pour un pile ou face. Il regarda les cheveux s'envoler avant de retomber parmi les autres boucles, encaissant le petit coup qu'elle lui envoya sur le bras pour faire mine de se battre. Il laissa son sourire s'élargir, et ses yeux pétiller encore davantage, tandis qu'il prenait le temps de lui répondre, heureux, oubliant encore un peu son dos.

« J'ai arrêté la coc', lâcha-t-il avec un sourire, un ton plutôt fier dans le fond de la voix. Et j'ai compensé par le sport. Comme tu peux le constater. » Il rigola légèrement, passant une nouvelle fois sa main dans ses cheveux d'un air gêné. Il abaissa néanmoins bien vite son bras, ce geste tirant un peu trop sur son dos blessé. Il essaya de se détendre, de trouver une position qui ne le fasse pas trop souffrir sans avoir l'air bizarre, mais en vain. Il était condamné à avoir mal, apparemment. Il finit par ajouter quelques mots d'un ton léger, histoire de balayer les éventuelles pensées curieuses que son amie aurait pu avoir. « Et je te rassure. Tu as couru, petit moineau. J'ai même cru que tu allais t'envoler pour atterrir dans mes bras. ♥ »

Il déposa un baiser sur son front, tendre et protecteur. Bien entendu, il n'avait pas précisé qu'il continuait de boire. Ce soir, il n'avait rien sur lui ; sa bouteille était restée à la sortie du ring, il avait complètement oublié de l'attraper dans sa fuite. Il aurait peut-être même ressenti un manque, si son moineau n'avait pas débarqué. Mais au moins, elle n'allait pas le juger ce soir. Il allait essayer de faire un effort. Pour elle. Parce que c'était important, et qu'il avait envie qu'elle soit fier de lui, au moins quelques heures. Déjà, il avait arrêté la cocaïne, et tout seul en plus. La dernière fois qu'ils s'étaient vus, il était simplement dans la condition du type qu'il fallait envoyer en centre de désintoxication. Ni plus ni moins. Doucement, Sven laissa son sourire illuminer un peu plus son visage, ramenant une mèche de cheveux bruns derrière l'oreille de la jeune femme, avant de rompre le contact avec elle. Il espérait que son air heureux effacerait la pâleur morbide de son visage, et que son ton serait plus léger qu'il n'en avait l'impression.

« Je suis vraiment heureux de te revoir, si tu savais. »

Il résista quelques instants à l'envie de la prendre dans ses bras ; si jamais elle posait sa main sur son dos, ou n'importe quoi, elle allait se rendre compte de quelque chose, et ce n'était vraiment pas souhaitable. Il se contenta donc de sourire au travers de sa mine fatiguée, ne se rendant même pas compte de ce qui se passait dans le petit corps de sa meilleure amie. De toute façon, un ovni se serait écrasé à deux mètres de lui qu'il n'aurait pas réagi. Pourtant, des bruits le tirèrent finalement de sa bulle, tandis qu'il bougeait pour essayer de détendre son dos. Le parking se remplissait progressivement, tandis que les gens commençaient à quitter la fête foraine. Sven tourna plusieurs fois la tête, regardant autour d'eux. Par réflexe, il rabattit sa capuche sur sa tête, comme si quelqu'un d'autre que son petit moineau allait le reconnaître. Quelqu'un de la boxe de tout à l'heure, ou bien quelqu'un qui voudrait lui régler des comptes. Mais personne ne semblait s'intéresser à leur étrange tandem. Néanmoins, ça n'empêchait pas le suédois de se sentir mal à l'aide au milieu de cette foule. Il déglutit doucement, serrant les dents pour réprimer la douleur qui lui tiraillait le dos, et pivota à nouveau pour planter son regard bleu dans les yeux de l'artiste de cirque.

« Ça te dit qu'on bouge ? J'aime pas trop être ici. Y a trop de monde. »

Même si elle l'avait toujours connu un peu ours, cela n'avait fait qu'empirer avec le temps, malheureusement. Il était désormais plutôt agressif et asocial avec les gens avec qui il ne se sentait pas trop en confiance. Une manière de se protéger après tout ce qui lui était arrivé. Sans réfléchir outre mesure, il attrapa les doigts fin de son moineau, l'attirant à l'écart de la foule qui se densifiait, pour retourner là où il était tapi il y avait quelques minutes ; l'accès au parc de Sunnydale par l'arrière de la fête foraine.

« Un tour dans le parc, ça te tente ? On y sera plus au calme. »

Il sourit, ne pouvant s'empêcher de jeter des regards furtifs autour de lui pour vérifier que personne ne les suivait. Avec son métier, l'alcool et le temps, Sven était devenu très légèrement parano. Mais en plus de ça, il avait senti le besoin que semblait avoir Alyss de s'éloigner un peu de toute cette foule qui avait pu l'acclamer. Son moineau avait besoin de s'envoler, pas qu'on lui jette des miettes de pain sur la tête pour la faire manger. Elle avait besoin de soutien, et de liberté. Deux choses que Sven avait toujours essayé de lui offrir. Il tenait à elle comme personne ne pouvait imaginer. Il y avait bien d'autres personnes à qui il tenait, là n'était pas la question. Simplement, Alyss était celle qui s'approchait le plus d'une meilleure amie, à ses yeux. Il ne savait pas ce qu'elle faisait là, si elle avait choisi cette ville pour une raison précise ou pas ; mais en tout cas, elle y était. Ils avaient réussi à se retrouver à l'autre bout des États-Unis. Comme quoi, quand on dit que le monde est petit, ce n'était vraiment pas une expression.

Inconsciemment, Sven serrait la main de son amie, comme si sa vie en dépendait. Il avait beau être très heureux de la revoir, ses pensées étaient entachées par le noir de sa douleur. Et du sang qui collait à son dos. Ça allait être sympa pour l'enlever dans la douche, c'est moi qui vous le dit. Il laissa échapper un petit gémissement de douleur, quasi imperceptible. Il espéra qu'elle ne l'avait pas entendue, qu'elle était trop occupée à faire attention où elle marchait ; il l'avait faite passer par un endroit non éclairé du parc, pour y entrer. Il roula des épaules, raffermissant encore légèrement sa pression sur les doigts de son petit moineau. Comment lui dire qu'il avait mal, et qu'il ne pourrait pas se balader avec elle toute la nuit ? Comment lui dire ? L'ancien militaire finit par ralentir, tandis que son visage pâlissait encore davantage. Ils arrivaient dans une zone éclairée par quelques lampadaires, ils allaient pouvoir s'arrêter. On apercevait même un banc, quelques mètres plus loin. Pourtant, Sven se fichait bien de l'endroit, aussi sympathique et mignon apparaisse-il en début de nuit. Il aurait été au beau milieu d'une esplanade d'herbe sans lampadaire qu'il se serait quand même arrêté. Il voulait faire comme si de rien était, mais n'en pouvait plus. Il se racla doucement la gorge, sentant ses doigts glisser de ceux d'Alyss. Aussitôt, il tenta de raffermir sa prise, histoire d'étouffer quelques soupçons. Mais il y avait peu de chances pour qu'il conserve son secret encore bien longtemps.

« Ça fait du bien d'être au calme... » murmura le suédois.

Oui. Un réel bien. Il laissa échapper un sourire soulagé. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, mais il s'efforçait de garder bonne figure. Pour elle. Parce que même si elle n'était pas tombé le meilleur soir possible, il était tout de même heureux de la revoir, et il voulait tenter de faire comme si de rien n'était, le maximum possible. Même s'il souffrait. Même s'il voulait juste s'allonger et laisser la plaie cicatriser avant de se relever. Mais non. Il fallait qu'il se calme. Qu'il se détende. Qu'il profite d'être avec elle. Parce que si c'était un rêve, il voulait le savourer, et le rêver le plus longtemps possible, ne jamais se réveiller. Mais... Ce n'était pas un rêve. Parce que si c'en était un, Sven n'aurait pas eu si mal. Et Nolan aurait été là. Hors la douleur était toute aussi présente que Nolan manquait à l'appel. Ils étaient donc dans la réalité, bel et bien la réalité. Et il fallait qu'il se calme. Qu'il réussisse à se calmer.

Tout allait bien se passer. Avec son petit moineau à ses côtés, rien ne pouvait lui arriver. C'était déjà quasiment scientifiquement prouvé.

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Alyss Swan
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Lun 27 Aoû 2012, 5:25 pm
Alyss Swan
Franchement, de le savoir lucide la ravissait. Elle ne s'en cacha pas, elle était fière de lui et l'en félicita. Trop souvent dans le passé, Swan le chaperonnait malgré elle et en payait les frais. Éloignés depuis si longtemps, nombreuses furent les fois où elle s'imaginait le pire à son sujet. Mais aujourd'hui, il se dressait devant elle en un seul morceau et avec toute sa tête. Qu'il s'amuse à jouer avec les mèches de ses cheveux lui rappela de nombreux souvenirs qui la laissèrent songeuse de longues et silencieuses secondes où elle le fixait sans rien dire. Et même si son habillement trahissait un penchant pour des activités sans doute illicites, elle ne s'autorisa pas à le juger avant de savoir qui il était réellement devenu après tout ce temps. Ce qui la comblait par dessus tout était de savoir que son absence à ses côtés n'avait jamais été futile... et que malgré tout, rien n'avait fondamentalement changé entre eux.

Lorsque ses lèvre scellèrent un baiser contre son front, elle ne put garder les yeux ouverts, savourant ce contact anodin avec beaucoup plus de délectation qu'elle ne l'aurait voulu. Ses yeux s'ouvrirent sur un visage rayonnant. Elle était la cause de son air gaga et franchement, ça lui tirait un petit sourire mesquin au coin des lèvres. Les passants attirent de plus en plus l'attention, ce qui ne semble pas plaire à Sven, à croire qu'il voulait se faire discret. Trop de monde ? Alyss regarda par dessus son épaule pour ne compter qu'une dizaine de personnes, rien d'effrayant même pour un agoraphobe. Il faut dire que le costaud ne s'était jamais vraiment démarqué pour son entregent et la facilité d'entretenir beaucoup de relations humaines. À croire que les seuls personnes qu'il tolérait était les habitués de son bar fétiche. Pas le temps de rouspéter, ses doigts sont déjà prisonniers des siens et elle enjambe son pas.

" Un parc ? Génial. Rien de mieux pour respirer le grand air. "

Bien qu'elle marche à ses côtés, elle finit toujours une enjambée derrière lui. Encore choquée par sa nouvelle stature, elle ne peut s'empêcher de le regarder avec un sourire mi-amusé, mi-mesquin. Il faut être aveugle pour ne pas remarquer que son ami semble anxieux et inconfortable. Mais comme il ne semblait pas enclin à se dévoiler aussi rapidement, elle aborda la chose très naïvement.

" Alors... qu'est-ce que tu faisais dans le coin à cette heure ? Parce queuh visiblement, tu n'étais pas venu pour me voir sauter ! " dit-elle en riant.

Sa main serrée dans la sienne, elle se tassa vers lui, en lui donnant un coup de hanche pour l'agacer.

Ils finirent par s'immobiliser près d'un lampadaire sur le petit sentier qui traversait le parc. Sven vanta les bienfaits du calme paisible qui régnait en ce lieu.

" Oui. Le silence... le merveilleux... " elle relâcha sa main pour s'éloigner de lui, le contournant en virevoltant sur elle-même. "... savoureux... délicieux... silennnnenccceee ! " Et elle danse et tourne et s'enivre du vent froid contre son visage. " J'en ai marre de la musique et des lumières... je veux... le silence ! " elle sourit, béate, ferme les yeux sans arrêter de tourner sur elle-même, les bras tendus, jusqu'à s'étourdir.

Oups. Elle s'agrippe au chandail de Sven, perdant bien. Se trouvant stupide, elle éclate de rire puis lorsqu'elle veut libérer son visage de ses cheveux, elle remarque ce liquide carmin qui souille ses doigts.

" Oh myyy goood... " d'abord paniquée, elle s'observe la main puis le reste de son corps à la recherche d'une blessure qu'elle n'aurait pas remarqué avant puis redresse la tête pour dévisager son ami.

" Merde, mais tu saignes !!! " annonce-t-elle horrifiée en pointant sa chaussure où des gouttes de sang se sont accumulées. " T'es blessé ? " insiste Swan en agrippant le jeans noir. " Merdeeee Sven t'es plein sang ! Y'en a partout ! Oh my godddd omygodomygodomygod !!!! " elle glisse sa main contre son chandail qui s'avère totalement imbibé d'hémoglobine.

" Qu'est-ce qui s'est passé ? Il faut aller à l'hôpital ! " lentement, elle tenta de relever doucement le bas du chandail pour voir l'étendu des dégâts.

" Merde... je savais que j'aurais pas dû te laisser seul tout ce temps... " blagua-t-elle nerveusement pour alléger l'atmosphère... même si au fond, ça trahissait bien le fond de sa pensée et que c'était un peu déplacé.

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Sven J. Ohlsson
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Lun 27 Aoû 2012, 7:28 pm
Sven J. Ohlsson


« the readiness is all ... »


La petite phrase prononcée par Alyss avait eu le don de mettre mal à l'aise Sven. Okay. Elle n'était pas dupe, elle se doutait de quelque chose ; il avait beau faire de son mieux pour cacher le sang et la douleur, c'était peine perdue. Elle avait deviné que quelque chose n'allait pas. Cependant, le suédois lui fut reconnaissant de ne pas insister. Car bien entendu, il ne lui répondit pas, éludant la question en s'arrêtant et en indiquant cet endroit comme propice à un arrêt pour passer un peu de temps tous les deux. Le silence qui les entourait était paisible, dense, presque oppressant. Le jeune homme n'avait pas choisi cet endroit, pas plus qu'il n'avait répondu à la question de son petit moineau. Il souffrait le martyr, et la douleur commençait à ne plus être supportable. Il perdait trop de sang. Beaucoup trop. Il avait l'impression de sentir le genoux de ce gars lui donner un coup, encore et encore, étirant brutalement la peau encore trop fragile, forçant le corps de Sven à se mettre dans une position que la cicatrice n'avait pas appréciée. Et paf. Il s'était retrouvé avec le dos en sang, sans que personne ne comprenne réellement la provenance de ce flux d'hémoglobine non naturel. Et maintenant, il en payait les frais. Les frais de son imprudence. Nolan le lui avait pourtant dit. Il fallait qu'il fasse attention. Qu'il prenne son temps. Les recommandations de son petit bonhomme avant que celui-ci ne parte pour l'Irlande avaient été claires. Mais comme le gamin capricieux qu'il était, le suédois n'avait rien écouté, et avait fait ce qu'il voulait. Et peut-être que s'il avait écouté le jeune peintre au lieu de faire exprès de suivre les contre-indications, il aurait pu faire le combat de ce soir sans se mettre à pisser le sang comme un mourant. Oui. Peut-être. Sûrement même. Mais ça, il ne le saurait jamais. Parce qu'il avait été assez con pour ne pas écouter une des seules personnes sur cette planète qui ne lui voulait franchement que du bien, sans s'en cacher. Une autre de ces personnes se tenait devant Sven, en ce moment même. Et elle... Elle tournoyait. À la manière d'un papillon de nuit aux milles couleurs, elle voletait sous la lumière, vantant le silence, l'approuvant, avouant le rechercher. Doucement, l'ancien militaire se sentit apaisé, rien qu'à la vue de ce spectacle. Alyss était une perle. Il l'avait su dès le soir où il l'avait rencontré. Elle était la petite créature à la fois si fragile et si solide que tout le monde aurait dû avoir pour se préserver. Sans elle, Sven n'aurait plus été de ce monde. Et ça, jamais il ne l'oublierait. Il ne pouvait même pas arrêter d'y penser. Si toute sa vie jusqu'à lors avait été possible, c'était grâce à ce petit bout de femme. Il l'aimait. D'un amour sincère, profond... Amical. Jamais l'idée ne lui était venue de l'aimer autrement ; et d'ailleurs, le lui aurait-elle seulement rendu ? C'était le genre de question que Sven ne s'était jamais posé. Son petit moineau était sa meilleure amie, et il avait besoin d'elle comme telle. Il la regardait tourner sans relâche à la lumière des réverbères avec une lueur au fond des prunelles, une lueur d'amour. L'amour qu'aurait éprouvé un père pour sa fille. Ou peut-être même un grand frère pour sa minuscule petite sœur, fragile mais indispensable à son équilibre. Pourtant, c'était bien plus que cela. L'amour que peut éprouver un ours bourru et solitaire envers un moineau guilleret et porteur de vie... Cet amour-là.

La jeune femme exécutait un ballet qui avait littéralement figé le temps. Sven ne pouvait détacher son regard bleuté d'elle, tant sa grâce et son charme le soulageaient. Ils soulageaient tout. Ses peines, sa douleur ; le manque de Nolan, la souffrance provoquée par sa cicatrice rouverte. Le liquide vermeille et chaud continuait de couler le long du dos de Sven. Celui-ci baissa un instant le regard vers ses pieds. Merde. Sur le côté de son pantalon, au niveau de sa cheville, on voyait une tache. Pas très grosse, mais témoignant bien que le sang descendait jusque là. Il se mordilla la lèvre, espérant qu'elle ne s'en aperçoive pas. Doucement, il ferma les yeux, serrant les paupières afin de se calmer et de retrouver la sérénité qui l'avait envahi quelques instants plutôt. Lorsqu'il rouvrit ses prunelles, il les posa sur la jeune femme. Alyss se rapprochait dangereusement de lui, dansant toujours comme un petit papillon. Tant de légèreté, tant de douceur... De quoi apaiser les maux de Sven pour longtemps, si seulement elle daignait de rester à ses côtés. Le temps reprit brutalement, alors qu'elle venait s'accrocher au sweat du jeune homme avec un léger rire. Il la rattrapa, passant un bras autour de sa taille pour la soutenir, et éviter qu'elle ne tombe à cause de ce tournis qui lui avait fait perdre l'équilibre. Elle se mit à rire, et Sven ne put empêcher un nouveau sourire d'éclairer son visage. Il murmura quelques mots, la tenant toujours fermement, de peur qu'elle ne tombe.

« À force d'essayer de s'envoler de la sorte, on finit par avoir le tournis ... »

Son sourire s'élargit encore un peu. Mais soudain, il se figea, fronçant légèrement les sourcils. Un léger picotement par-dessus la première douleur se fit sentir. What ? Il semblait qu'elle ait posé sa main là où il ne fallait paaaaaaas ... Ah bah oui, en effet. L'acrobate regarda sa main, l'air surprise et effrayée. Oui, c'était bien du sang. Et merde, il n'allait plus pouvoir se cacher avec ça. Se décollant d'elle pour prendre quelques distances, et éviter qu'elle ne s'intéresse de trop à lui, Sven se mordit l'intérieur de la joue, presque jusqu'au sang. Ouais mais non, encore un trou et il allait définitivement mourir de manque d'hémoglobine. Il ouvrit la bouche, cherchant quelque chose à dire, mais la referma aussitôt. Fuck. C'est bon, elle paniquait, il était cuit. Elle alla s'accrocher à son jean, sans qu'il ne réagisse vraiment. Il se contenta de serrer les dents, sans avoir le courage de la repousser, grommelant quelques mots d'une voix gémissante et suppliante.

« C'est rien... Enfin c'est pas grand chose... »

Mon c*l ouais. Pas grand chose, tout ça ? Le dos de son sweat était imbibé de sang, le haut de son jean gorgé de ce même liquide, malgré le mouchoir en tissu qui avait pas mal épongé. Et ça coulait jusque dans ses chaussures. Alors non, ce n'était pas rien. Mais ça, la conscience de Sven ne pouvait pas le lui expliquer. Il allait falloir que quelqu'un d'autre s'en charge. Petit moineau, peut-être. Mais en attendant, celle-ci paniquait totalement. Et parla... D'hôpital. Oh mon dieu non. Il ne s'était pas barré du ring sans sa prime pour que ce soit elle qui l'y emmène maintenant. Non non, non non ! Certainement pas. Il grogna, se dégageant très légèrement d'un coup d'épaule, prenant attention à ne pas la cogner pour ne pas lui faire de mal. Il ne voulait pas aller à l'hôpital. Doucement, il ramena son sweat sur sa plaie, remettant tout normalement. Si elle trouvait une autre alternative que l'hosto, il accepterait de l'écouter. Sinon, il s'en irait, aussi atroce que cela puisse paraître après des retrouvailles aussi inespérées que souhaitées. Lorsqu'elle tenta de détendre l'atmosphère d'une phrase simple, il eut un sourire mal à l'aise, posant quasi immédiatement son doigt sur les lèvres de la jolie brune. Il le laissa là quelques instants, tandis que son regard se noyait dans le sien, suppliant et douloureux.

« Ne m'emmène pas à l'hôpital, s'il te plaît. »

La chose était demandé avec tant de douceur et de tendresse qu'elle n'avait certainement pas le droit de s'y opposer. Sven laissa retomber sa main, poussant quelques boucles de cheveux noirs pour les remettre derrière son épaule.

« S'il te plaît. répéta-t-il. Je te laisse t'occuper de moi si tu veux, mais je ne veux pas aller là-bas. Sinon je suis bon pour être sanglé au fauteuil roulant encore un mois. »

Petit sourire triste, bouille de grand chiot solide mais blessé. Il ne bougea pas, restant à proximité de la jeune femme, juste en face d'elle. Puis il posa ses mains sur son sweat, au niveau de ses épaules, se voûtant en avant sans pouvoir retenir un grognement de douleur, ôtant le vêtement par-dessus sa tête. Il dégagea ses bras, et tint le vêtement roulé en boule contre son torse, tandis qu'il levait un instant les yeux au ciel, la bouche entrouverte, inspirant pour ravaler les larmes de douleur stimulées par l'effort. Il trouva le courage d'à nouveau la regarder en face, sans réellement sourire cette fois. Pas une seconde il n'avait été gêné de dévoiler sa musculature imposante, ni tous ses tatouages. D'ailleurs, qu'il se souvienne, elle ne les avait pas encore tous vus. Il en avait fait certains a Sunnydale, et les derniers dataient de l'Australie, il y avait deux mois. À y repenser, en fait, il n'avait quasiment rien la dernière fois qu'elle l'avait vu. M'enfin, l'heure n'était pas à la contemplation de la magnifique sculpture d'art vivante qu'était Sven. En fait, il n'osait pas se tourner pour lui montrer les dégâts. Il savait que si elle faisait le tour, il ne bougerait pas. Mais il ne pouvait pas l'inciter à aller regarder ; pas décemment, pas de lui-même. Il serra les dents, lâchant quelques mots d'une voix la plus légère possible, histoire qu'elle comprenne un peu de quoi il s'agissait.

« C'est pas une blessure... C'est juste... Une cicatrice, qui se rouvre régulièrement. » On n'expliquera pas pourquoi elle s'ouvrait aussi souvent de la sorte, voyons. Gardons un peu de mystère. « J'ai jamais rien mis pour que ça guérisse, ou se referme, en général j'attends que ça arrête de saigner, je me repose quelques heures, je force un peu moins le jour suivant... »

Ce qui expliquait l'état déplorable de ladite cicatrice. Ordinairement, elle était simplement gonflée, fragile. On voyait à vue d'oeil qu'elle menaçait de se rouvrir à chaque faux mouvement. Mais là, la peau était légèrement rouverte, et on distinguait avec encore plus d'exactitude l'endroit où les deux parties de son épiderme peinaient à se rejoindre, s'écartant en laissant passer le sang à chaque fois qu'il faisait un peu le con. Il était pathétique. Il aurait pu avoir une belle cicatrice. Au lieu de ça, ce truc serait laid jusqu'à la fin de sa vie. Mais Sven était incorrigible, et il ne savait pas où se trouvait ses limites. Être le miraculé d'un accident de voiture ne l'avait pas aidé à se faire une idée de jusqu'où il pouvait aller. Il ne se croyait pas immortel, ni intouchable, bien loin de là ; il oubliait juste que son corps n'était pas un jouet inusable et infatigable. Et la longue balafre abîmée et en sang qui courait sur une bonne vingtaine de centimètres dans son dos en témoignait.

« Tu vois, c'est trois fois rien ... » murmura-t-il d'une voix penaude et livide.

Ouais, tu parles. Il ne lui avait même pas expliqué comment il s'était rouvert ça, ni même la provenance de cette cicatrice. On voyait à l'évidence qu'elle avait été faite de manière chirurgicale, impeccablement d'ailleurs. Mais que la négligence du patient avait eu raison de sa beauté et de sa précision. Maintenant, Sven priait juste pour que la jeune femme n'essaie pas de le convaincre d'aller à l'hôpital. Il ferait tout, sauf ça. Si elle voulait le soigner, pas de soucis, avec joie. Si ça pouvait le soulager, il ne dirait pas non. Il refuserait juste la morphine et l'hosto. Le reste, y compris l'alcool pour soulager la douleur, était accepté. Il n'y avait plus qu'à espérer pour qu'elle le comprenne, et obtempère. Il sentait ses jambes faiblir à mesure que s'écoulaient les minutes, et allait avoir très rapidement besoin de s'allonger quelque part pour se reposer, s'il ne voulait pas tomber dans les pommes. Mais ça, son moineau allait s'en douter. Elle était assez intelligente pour ne pas lui demander de courir le marathon jusque chez lui pour se reposer. Elle allait s'occuper de lui, comme elle le faisait d'habitude. Et ensuite, il culpabiliserait d'avoir été un poids ; comme d'habitude. Elle allait trouver une solution, il le savait. Petit moineau trouvait toujours une solution.

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Alyss Swan
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Lun 27 Aoû 2012, 11:44 pm
Alyss Swan
Ivre. Complètement ivre. Pas d'alcool, mais d'émotions. Sa nouvelle ville d'accueil, le succès du spectacle qui inaugurait leur arrivée à Sunnydale, la pression que Zach exerçait sur elle pour qu'elle se dépasse soir après soir, mais aussi, pour pousser leur relation à un autre niveau. Tout cela réunit dans un cocktail qu'elle avalait d'un trait. Alyss se maudissait encore ne pas avoir été plus limpide lorsque Zach lui avait avoué entre deux bouteilles que la vie ne serait pas la même sans elle. S'esquiver d'un baiser en prétextant qu'aller se coucher serait la meilleure des solutions, c'était tout sauf limpide. Et maintenant, Sven réapparaissait portant avec lui des souvenirs merveilleux, horribles et amusants à la fois. Et si elle n'arrivait pas à faire le tri dans sa tête, c'est bien parce qu'elle était voilée de sentiments troubles. Alors oui, elle avait le tournis.

" Tu aurais le tournis toi aussi si tu passais ta journée à mettre du fixatif, à te maquiller pour aller marcher sur des fils de fer et à risquer ta vie pour amuser les touristes ! " elle sourit stupidement " ... un jour, je m'envolerai. "

Deux idiots qui rigolent dans un parc, insouciants du reste du monde. L'ours et le moineau, la fable réinventée. Une fable qui s'entachait de sang et de douleur. Elle n'arrivait pas à croire que depuis presque une demi-heure déjà il s'entêtait à dissimuler une blessure aussi profonde ! Agacé, Sven s'obstinait à repousser ses attentions, Moooonsieur muscles se prenait pour Rambo peut-être ?

" Arrêtes de faire l'enfant, tu veux ! J'en ai rien à foutre de ton orgueil mal placé. " s'entêta la belle.

Lorsqu'elle releva son sweat, elle eut une moue horrifiée. Heureusement qu'elle ne lui faisait pas face sans quoi il aurait vraiment été insulté. Ses doigts glissèrent le long de son dos, sans s'approcher de cette énorme cicatrice qu'elle ne voyait qu'en partie, n'osant même pas s'imaginer comment il s'était fait ça. En se battant ? En se faisant expulser d'un bar ? Ou pire, en tombant contre le balcon d'un escalier de secours après une autre tentative de suicide qui aurait mal tourné ? Mais aussitôt le mot hôpital prononcé, Sven amorçait son système d'auto-défense ' les vrais mâles ne vont pas à l'hosto '. Les yeux légèrement plissés d'agacement, elle finit par croiser les bras pour atténuer la charge de mots qui ne demandait qu'à sortir de ses lèvres ourlées sans ménagement. Se taire lui était impossible, alors elle entreprit d'ouvrir la bouche pour protester, mais l'index de l'homme lui cloua le bec.

En fauteuil roulant pendant un mois ? Décidément, bien des choses s'étaient passées durant les dernières années, des choses qu'il n'avait sans doute ni l'envie ni le temps de lui raconter dans de telles circonstances. L'air refrognée, elle défia son regard, tentant de ne pas le laisser remporter ce duel de force, en vain. Swan finit par rouler les yeux au ciel, laissant retomber mollement ses bras de chaque côté de son corps, l'air vaincu. Bon, pas d'hosto... ça va, t'es content !? Erf...

" Arrêtes. Mais arrêtes de me regarder comme ça ! C'est bon, t'as gagné... on ira pas à l'hôpital... " conclut-elle découragée.

Qu'est-ce qu'elle pouvait faire d'autre de toute façon ? Elle ne tirait certainement pas cette montagne de muscles contre sa volonté jusqu'à la clinique la plus proche ! Et c'est pas faute d'avoir essayé dans le passé. De gestes lents et méthodiques auxquels il semblait habitué, Sven découvrit son torse puis ses épaules, dévoilant une musculature ciselée impressionnante. Beaucoup plus tatouages ornaient son corps qu'à l'époque, elle n'avait souvenir que du tribal sur son épaule droite. Ses yeux suivaient ses mouvements, ne pouvant s'empêcher de le lorgner comme un morceau de viande. Ce n'est pas le moment, se répétait-elle en boucle, si bien qu'elle dû dévier le regard en se mordillant la lèvre inférieure.

Lorsqu'il parla, elle le regarda à nouveau. Après une longue inspiration, Swan s'avança vers lui. Lorsqu'elle fut tout près, elle posa sa main contre son avant bras puis le contourna, comme si une créature risquait de lui bondir au visage, surgie de la blessure du colosse. Ridicule. Nerveuse, elle avala de travers puis reprit ses esprits tandis qu'il lui expliquait vaguement qu'il s'agissait d'une vieille blessure à laquelle il n'avait jamais vraiment prêté d'attentions pour la guérir.

" Oh... vraiment ? " le nargua-t-elle gentiment

Alyss passa une main dans ses cheveux. Confrontée à cette vilaine blessure, elle se sentait impotente. Plus que toi et moi se disait-elle mentalement. La vue du sang ne la dérangeait pas outre mesure, mais elle s'imaginait mal retenir le suédois s'il devait sombrer dans l'inconscience. Agir rapidement devenait sa seule option. Impulsivement, elle s'attaqua à la ceinture de sa veste et la défit. Sans lui demander la permission, elle lui arracha son sweat des mains. Elle plia sa ceinture en deux puis la fourra dans la main de son meilleur ami.

" Tiens, mords là-dedans et fais-moi confiance. "

Malheureusement pour lui, Alyss ne connaissait qu'une méthode de guérison spontanée... et elle s'avérait assez violente. Elle commença par stopper l'affût de sang qui sillonnait de sa cicatrice ouverte en pressant le sweat contre la blessure.

" Désolée... " marmonna-t-elle en le sentant sourciller.

Elle retira le tissu pour voir si le sang s'accumulait toujours en dessous et du appuyer une nouvelle fois. Les minutes s'écoulèrent puis la belle tenta au mieux de nettoyer sa peau souillée.

" Tu tiens le coup ? ... parce que le pire s'en vient. "

Elle leva les yeux sur l'arrière de son crâne, attendant une réaction positive pour continuer ses soins draconiens.

La belle jeta le sweat un peu plus loin, puis, de sa main gauche, elle se saisit du briquet qu'elle gardait toujours dans la poche de sa veste. Sa main droite se leva vers la plaie, sans l'effleurer.

" ... 1... 2... 3 ! " le cliquetis métallique retentit, mais ce n'était qu'un leurre car tout se passait dans la main droite.

Du bout du doigt, Alyss brûla la peau de son ami avec une précision chirurgicale étonnante. Elle ne connaîtrait jamais la douleur d'une brûlure, mais la souffrance qu'elle infligeait à Sven lui meurtrissait le coeur.

" Je me dépêche, c'est presque fini... tiens bon... "

La peau rosissait, emprisonnant le sang dans des tranchés d'épiderme brûlée, refermant la peau dans la pire des méthodes.

" T'es capable d'en prendre, hein... je sais que t'es capable. Tu me frapperas dans une petite seconde... une toute... petite... seconde... "

Elle se retira, le travail terminé. Aussitôt, elle se jeta contre son dos, glissant le bras sur sa hanche, plaquant la main sur ses abdominaux pour le ramener contre elle. La joue rosée collée sur son dos de géant, Swan posa la paume de sa main contre la blessure atrophiée du colosse qu'elle caressa tendrement. Au lieu d'envenimer la douleur aux limites de l'insupportable, celle-ci s'atténua jusqu'à disparaître en totalité. Seule la blessure elle-même demeurerait douloureuse. Réalisant le surréalisme de ses actes et sa proximité indécente, elle s'écarta de lui presque dramatiquement, comme si elle se réveillait d'un mauvais rêve.

Elle rangea le briquet dans sa poche, faisant mine de s'intéresser aux silhouettes des passants à l'autre extrémité du parc, comme si de rien n'était.

" Alors... ça fait pas trop mal... ? " lui demanda-t-elle presque désintéressée.

Jamais plus elle n'arriverait à le regarder, c'est clair. Pourquoi elle restait plantée là ? S'envoler, loin... trèèès loin.

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Sven J. Ohlsson
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Mar 28 Aoû 2012, 5:20 pm
Sven J. Ohlsson


« burning in the skies ... »


Sven avait gagné au moins une chose ; ils n’iraient pas à l’hôpital. Doucement, un sourire éclaira son visage, bien que sombre et douloureux. S’il y retournait, sûr qu’on l’aurait cloué à un fauteuil et envoyé en maison de récupération où il aurait été surveillé H24 par une infirmière. Peut-être qu’elle aurait eu de jolies fesses, mais très franchement, il s’en foutait comme de sa première dent de lait. Il n’avait pas envie de retenter l’expérience du fauteuil. Même s’il avait apprécié la palette de possibilités que ça offrait au niveau des nouvelles cascades et des parcours du combattant dans son appartement, ce n’était jamais vraiment rigolo de ne pas pouvoir se relever sans assistance après une gamelle. D’attendre avec la tête enfoncée dans le canapé et le fauteuil à trois mètres de là. De simplement attendre qu’une petite bouille d’un charmant petit bonhomme surgisse de derrière la porte en l’appelant, après avoir toqué cinq fois sans que ça réponde. Bien entendu, le peintre savait pertinemment que Sven ne pouvait pas sortir avec son fauteuil, ou tout du moins que sans assistance c’était dur. Alors il finissait toujours par entrer dans l’appart… Et engueuler un Sven cascadeur et gamin dans l’âme, qui ne souhaitait que mettre ses figures au point. Même si cette période avait eu du bon, elle était derrière lui désormais. Et il ne voulait pas revivre ça. Ne pas marcher et ne pas pouvoir faire de sport avait été un supplice. Tout ça, c’était terminé. Alyss allait l’aider à se remettre de sa blessure, comme elle savait si bien le faire, et ensuite ils pourraient aller se poser dans un coin. Tous les deux. Juste tranquillement. Et discuter. Rien que lui, et elle. Est-ce que ce n’était pas une chose dont il avait secrètement rêvé depuis longtemps, maintenant ? Elle était sa meilleure amie. Il pouvait tout lui dire. Ce, depuis toujours. Et aussi fou que cela puisse paraître, elle était ici, à Sunnydale. Avec lui. Ce n’était pas un rêve, la douleur de sa blessure en attestait. Blessure que Sven venait de découvrir, lui laissant la possibilité de regarder si elle en avait envie. Même si elle avait à moitié pris le droit de le faire quelques minutes plus tôt, il s’était senti dans l’obligation de faire tout de même le garçon qui consentait à se laisser un peu faire. Déjà qu’il se faisait traiter d’orgueilleux, et qu’elle l’engueulait à moitié… Et il avait bien vu son coup d’œil agacé lorsqu’il lui avait défendu de le traîner à l’hôpital. Ouais ouais, ben elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait. De gré ou de force, jamais le suédois ne remettrait les pieds à l’hôpital. Enfin pas pour cette blessure du moins. Pour autre chose, il voulait bien. Mais pas pour sa cicatrice. S’il avait un autre accident, ou une plaie trop grave pour qu’il s’en occupe lui-même, il n’allait pas rechigner. Il n’était aucunement sujet à la phobie des hôpitaux, ni à rien qui ne puisse s’en approcher. Et s’il ne voulait pas y aller ce soir, ce n’était pas pour une quelconque fierté masculine, comme elle avait l’air d’en être persuadée. C’était parce qu’il ne voulait pas moisir dans un fauteuil roulant au milieu de petits vieux pendant trois mois. Ni plus ni moins.

Lorsque les doigts doux de la jeune femme s’étaient posés sur son bras pour le contourner doucement, il s’était senti obligé de préciser qu’il ne s’occupait pas vraiment de ça. Mais que c’était une ancienne plaie, une cicatrice. Qui ne voulait pas vraiment guérir sagement comme il l’aurait voulu. Elle se moqua de lui. Bah ouais, c’était facile hein. Quand on est une fille si sage et si exemplaire, qui ne ferait jamais ça, qu’on n’a pas eu besoin de se shooter au sport pour se débarrasser d’une dépendance à la cocaïne, et qu’on est toute belle, toute fragile, et surtout qu’on ne s’est pas pris une voiture dans la gueule pour sauver un inconnu qui allait s’avérer être celui qui allait faire battre votre cœur. Ouais ouais. Elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait. Elle ne savait pas ce que c’était. Peut-être qu’elle avait vécu d’autres choses atroces ; on vivait tous des choses atroces. Mais en cet instant, c’était lui le blessé qui avait honte de ce qu’il était, et qui se détestait encore plus que la seconde d’avant. C’était un détail sur lui qu’elle semblait avoir oublié. Sven ne s’aimait pas. Il n’était pas fier de ce qu’il était. Et qu’on lui assène comme ça son orgueil dans la figure ne l’aidait sûrement pas. Il savait qu’elle ne l’avait pas dit à mal, que jamais elle ne lui aurait dit quelque chose uniquement pour le blesser. Mais tout de même. Ca ne l’avait pas empêché d’avoir eu mal, sur le coup. Comme si une lame s’était enfoncée brutalement entre les deux ventricules de son cœur pour remuer tout ça, puis qu’elle s’était retirée tout aussi rapidement, ne lui laissant qu’une douleur brève mais cuisante. Pas autant que celle qui émanait de son dos, mais bon. Ca faisait quand même mal. Et ça renforçait le sentiment de Sven d’être un gros con. Un sale con. Un type qui ne méritait pas toute cette attention qu’on lui portait. Il ne méritait pas que son petit moineau lui arrache le sweat des mains, ni qu’elle lui donne sa ceinture en lui ordonnant de la mordre, et de lui faire confiance. Confiance. Ouais, super. Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Un bandage serré qui allait le faire hurler à la mort ? Sven regardait le morceau de cuir qu’elle lui avait fourré entre les doigts, l’air complètement éteint et résigné. Néanmoins, lorsqu’elle se mit à éponger le sang, il écrabouilla la ceinture entre ses doigts, par pur réflexe. En réponse à la pointe de douleur, tous les muscles de ses bras se contractèrent, ainsi que la plupart de ceux de son dos. Il tenta de se détendre, lui faisant confiance. Il fallait qu’il se laisse faire. Sauf qu’étrangement il avait un peu de mal. Lorsqu’elle s’excusa, continuant quand même son nettoyage, il se crispa à nouveau. Il aurait aimé lui dire que ce n’était pas grave, que ce n’était rien, qu’il fallait bien souffrir un peu. Oui mais il avait trop mal. Et lorsqu’elle lui annonça que le pire était à venir, il se sentit mal. Il s’imagina une douleur terrible, une compression affreuse contre cette plaie qui le faisait tant souffrir. Il se voyait déjà être obligé de mordre dans la ceinture pour s’empêcher de hurler, contracter un à un les muscles de son corps pour essayer de rendre la douleur plus supportable. Lorsqu’elle entama un décompte, il changea sa vision de la chose. S’imaginant en train de s’évanouir sous la souffrance. Mais lorsqu’il sentit l’objet censé le soigner entrer en contact avec sa peau, il se rendit compte à quel point il s’était fait des films. À quel point ce qu’il avait imaginé était bien loin de la vérité. La vérité… C’était que la douleur était un million de fois pire que ce qu’il avait pu s’imaginer.

Sven hoqueta un instant, avant de lâcher un son entre le grognement et le gémissement, rauque et long. La souffrance lui coupait le souffle. Il ne savait pas ce que la jeune femme était en train de lui faire, et franchement, il ne voulait pas le savoir. Jamais il n’avait connue pareil supplice. Bon, si, peut-être lorsque sa colonne vertébrale s’était tapée un trip pour ressortir de son dos. Là, c’était peut-être comparable. Mais pour tout le reste… Non. Jamais. Jamais. Il lâcha un hurlement rauque, à nouveau, mais plus puissant. La ceinture de cuir se tordait entre ses doigts sans qu’il n’ait le courage de la porter à ses lèvres pour la mordre. Il se mit à serrer les dents, essayant d’arrêter de hurler pour ne pas alerter quelqu’un. Il se mit à trembler, tentant de se contenir au maximum pour pas qu’elle ne dérape. C’était déjà suffisamment affreux comme ça, pas la peine qu’elle ne déborde et que ça empire. Alyss était gentille, pourtant. Elle tentait de le rassurer. Elle lui disait qu’il allait pouvoir la frapper quand ce serait fini. Ouais mais non, même transformé en une bête sanguinaire et psychopathe qui n’aurait plus rien d’un Svenou sauvage, il serait juste incapable de lui faire du mal. Alors ce n’était pas parce qu’elle était en train de soigner sa plaie de manière terrible qu’il allait la frapper. Namého. Pourtant, il aurait bien eu envie d’écraser son poing dans le tronc d’un arbre pour oublier cette souffrance. Mais pas dans petit moineau. Elle, elle ne faisait que l’aider. Juste guérir cette foutue cicatrice.

Le suédois sentit ses jambes commencer à chanceler, tandis que sa respiration s’accélérait et qu’il se sentait mal. Les points noirs apparaissaient lentement dans son champ de vision, lui brouillant la vue, tandis que son supplice l’assommait littéralement, lui ôtant jusqu’à la force de hurler pour l’exprimer. Il hoquetait littéralement, toujours debout. Mais pour combien de temps ? Il se sentait glisser lentement vers l’inconscience, à mesure que les secondes passaient. C’était insupportable. Tout simplement. Et puis brutalement, après une seconde qui lui parut une éternité, tout s’arrêta. L’ancien militaire poussa un gémissement d’agonie, tandis qu’une petite chose toute fluette se collait contre lui, glissant une main sur ses abdominaux encore contractés sous le coup de la souffrance, l’autre main caressant doucement la cicatrice. Petit à petit, la douleur diminua, jusqu’à se manifester uniquement comme une ligne fine dans son dos. La respiration de Sven était toujours saccadée, tandis qu’il tentait de se remettre de ses émotions. Il ne savait toujours pas ce qu’elle lui avait fait, et ne voulait pas le savoir. La seule douleur réparatrice de la sorte qui lui venait à l’idée aurait été due à une cautérisation ; un briquet n’aurait pas fait aussi mal. Enfin, il supposait. Peut-être que si. Il n’en savait rien. Et là encore, il s’en foutait. Ses jambes flageolaient toujours, tandis qu’il sentait la présence de son moineau contre son dos. Et puis, elle se décolla. Et là, elle posa la question qu’il n’avait pas envie d’entendre. Est-ce que ça fait mal ? Vas-y, je vais te découper le dos en tranche et te le brûler pour réparer ça, on va voir si ça fait si mal que ça ou si c’est dans la tête. Mais Sven n’arrivait même pas à penser comme ça. Il n’arrivait même pas à penser du tout. Sans réellement savoir ce qu’il faisait, tentant de se remettre de ses émotions, le jeune homme fit quelques pas en arrière, trouvant une parcelle d’herbe. Puis, doucement, il tenta de s’asseoir. La douleur revint en partie, aussi se dépêcha-t-il de s’allonger sur l’herbe, restant étendu là, sur le dos, sa peau au contact de la pelouse fraîche et humide. Il poussa un long soupir de soulagement. Il ne savait pas si c’était une très bonne idée, mais il osait tout de même espérer que vu ce qu’il avait enduré, la guérison le protègerait un tant soit peu des infections.

Au travers des feuilles, il voyait les étoiles, quelques petits points blancs laiteux qui dansaient dans le ciel d’encre. Avant qu’il ne se laisse tomber, ses doigts avaient effleuré la paume de la main de son amie, comme l’incitant à venir avec lui. Bien sûr que non, il ne lui en voulait pas de l’avoir fait souffrir de la sorte. Au contraire. Maintenant, il avait moins mal, et même s’il ne réussirait pas à marcher un mètre, et qu’il allait falloir qu’il ne bouge pas pendant un moment, il allait récupérer bien plus facilement qu’en attendant la cicatrisation en se tournant les pouces. Doucement, il entrouvrit les lèvres, attendant qu’un son daigne d’en sortir. Quand enfin ce fut le cas, il articula quelques mots, d’une voix faible mais déterminée.

« J’suis vivant, c’est que ça devait pas être si affreux… » lâcha-t-il d’une voix éraillée.

Il tourna la tête vers son petit moineau, lui servant un petit sourire pâle mais sincère. Sa petite Alyss avait trouvé une solution, il avait visé juste. Bon, elle n’avait pas été des plus agréables pour lui, son pull était probablement irrécupérable, il allait devoir en chercher un autre, mais il s’en était tiré, et ne s’était même pas évanoui. Like a boss.

« Ca te dérange si je reste allongé quelques instants ? J’suis pas sûr d’être en état de marcher, là… »

Son sourire s’élargit à nouveau, tandis qu’il sentait la fraîcheur de l’herbe pénétrer son dos et le soulager. Il se détendit progressivement, tandis que la sérénité gagnait à nouveau son esprit. Il sentait encore son dos le brûlait, mais ça disparaissait. Lentement, et sûrement.

« J’espère être en état de marcher avant demain matin. Sinon je vais te supplier de dormir là avec moi pour m’empêcher d’avoir peur du noir. »

Il lui jeta un regard malicieux, laissant son sourire s’élargir. Il n’avait pas peur du noir, bien évidemment. Il la faisait marcher. Mais c’était pour bien lui faire comprendre qu’il ne comptait pas la laisser s’échapper, ce soir. Il avait envie de passer du temps avec elle. De discuter. Maintenant qu’il ne se vidait plus de son sang, il allait pouvoir se remettre et entretenir une conversation. Bon, il resterait faible, et ne savait pas si malgré tout il serait en état de rentrer chez lui ce soir ou pas, mais au moins la douleur avait diminué, et allait encore s’amenuiser avec les minutes. Poussant un petit soupir tandis qu’il roulait doucement des épaules sur l’herbe, Sven ferma quelques secondes les yeux.

Pour le coup, il avait mangé chaud, et avait bien douillé. Mais ça valait le coup, au final, non ?

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Alyss Swan
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Mar 28 Aoû 2012, 10:40 pm
Alyss Swan
Du coin de l'oeil, elle le vit vaciller jusqu'au sol, mais elle ne broncha pas, ne lui daignant pas un regard. Ses doigts se refermaient nerveusement contre les paumes de ses mains, grattant sa peau du bout des ongles. La douleur qu'il venait d'endurer par sa faute ferait pâlir d'envie tous masos de cette terre et franchement, elle se trouvait inhumaine d'avoir usé de tels moyens. Oh... inhumaine ? Alyss, tu n'es pas humaine...

Elle aimerait avaler cette boule acide qui se niche au creux de sa gorge, en vain. Lorsque la main du géant effleura la sienne, elle en sursauta presque et eut le réflexe de croiser les bras sur sa poitrine. La belle piétina sur place, hésitant à s'enfuir, cherchant un peu partout des repères qui finiraient par lui arracher les hurlements de Julien que les gémissements de Sven avaient su si bien réanimer dans sa tête. Ta gueule Julien, t'es mort, j'y peux plus rien maintenant, plus rien, t'as compris !!

À ses mots, elle trouva le courage de lui jeter un regard qu'elle ponctua d'un sourire sincère, creusant les fossettes de ses joues rosies. Aucune amertume décelable dans ses paroles, aussi improbable cela puisse-t-il paraitre pour Swan. La jeune femme expira lourdement, tirant un flacon métallique de sa veste, le deuxième objet métallique dont elle ne se séparait jamais à présent à part son briquet. Elle dévissa le bouchon et se noya le gosier, en plissant les yeux.

" Tu as arrêté de boire aussi ? " lui demanda-t-elle sans malice en glissant les doigts contre sa lèvre pour essuyer une goutte de vodka.

Loin d'elle l'idée de devenir une source de tentation ambulante, mais elle en avait vraiment besoin. Alyss, alcoolique ? Non... du moins, pas tout le temps, juste... pour remonter un peu la pente et rafraîchir son esprit. Rien de grave, surtout, pas de quoi s'affoler. La brunette avait pris l'habitude du flacon quelques jours avant sa discussion inconfortable avec Zach. Plumes, paillettes, courbettes et plus si affinités ?... Sans elle. Alyss prit une autre gorgée avant de s'approcher - enfin - de Sven, s'asseyant à sa droite. Doucement, elle se laissa glisser au sol puis colla son corps au sien, l'arrière de la tête appuyée contre sa large épaule, les iris voués au ciel.

" Prends le temps qui faut, Teddy bear. " murmura-t-elle, un sourire malicieux au coin des lèvres.

C'était loin tout ça, quand on y pensait. Couchée là, à côté de lui, comme elle l'avait fait des dizaines de fois, des bribes de souvenirs renaissaient, lui arrachant de petits soupirs amusés. Et dire que Sunnydale n'était qu'une ville parmi tant d'autres sur la liste de tournée. Qu'elle n'était pas particulièrement enjouée à l'idée de s'arrêter dans ce coin paumé. Le trou du luc du monde contenait apparemment bien des surprises. Il blagua sur son état et la possibilité qu'ils aient à passer la nuit couchés sur l'herbe au milieu d'un parc.

" Bah... entre ici avec toi et ma caravane, le choix est vite fait, j'te rassure. " ria-t-elle.

Dormir dans un parc, c'est un moindre mal quand on a un peu d'organisation. Quelques cartons, des journaux, des vêtements chauds. Du moins, à ce temps-ci de l'année. Un mode de vie auquel elle n'avait jamais su s'habituer au final quand elle vivait dans la rue. Les parcs, c'est mieux que les lits des types qu'on connait pas et qui ont un peu trop de chaleur humaine à partager. Surtout quand on est deux et que le reste du monde n'a pas vraiment d'importance.

" T'inquiètes pas, j'te protègerai avec . . . " elle sortit son briquet de sa poche et le leva en direction des étoiles " . . . mon briquet ! " elle tenta de l'allumer deux fois avant de pouffer de rire. " Bon, c'est pas top comme arme, mais bon... j'ai aussi mes talons qui doivent bien faire... ohhh deux pouces de long ! " rire, encore, bêtement. Ça faisait tellement de bien.

Elle avait beau rire, mais elle était on ne peut plus sincère. Si quelqu'un tentait de s'en prendre à lui, elle le brûlerait jusqu'à lui noircir l'âme. Tout ce temps passé à ramasser Sven à la petite cuillère pour le reconstruire doucement ne serait jamais gâché par une attaque futile et sournoise. Si lui croyait pouvoir la sauver du monde extérieur par ses muscles et sa force, il n'avait aucune idée de ce qu'elle serait prête à faire pour lui sauver la vie en retour. Il n'avait aucune idée de ce qu'elle était au plus profond de ses entrailles brûlantes animées d'une force surnaturelle.

La belle demeura un moment silencieuse, fixant les étoiles.

" L'est étrange cette ville... tu trouves pas ? Je sais pas si c'est parce que j'arrive à voir des étoiles plutôt qu'un nuage de smog... mais il y a un truc étrange par ici... c'est peut-être moi qui est dingue après tout... ce serait pas nouveau. Comment ça s'fait que tu sois arrivé ici ? C'est quand même fou non ? Toi et moi, ici... "

Le sentant gesticuler sous sa tête, elle se redressa légèrement avant de retrouver le confort de son épaule. Un tiraillement familier attira son attention.

" Oh, quand t'auras rechargé les batteries, ça te dirait de manger un morceau ? Je me suis rien mis sous la dent depuis midi et je meurs de faim... c'est moi qui t'invites ! "

Alyss avait bon appétit, ce qui s'avérait toujours surprenant pour une femme de sa sature.

" J'boufferai un éléphant ! Même que j'te boufferai toi si t'arrives plus à te relever ! " se moqua-t-elle.

Ouais... c'est bien ça le problème. Ses envies...

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Sven J. Ohlsson


« nothing seems to change ... »


Sven regardait la jeune femme du coin de l’oeil, allongé sur le dos, dans la pelouse. C’était vraiment la plus bizarre des soirées qu’il lui avait été donné de vivre depuis longtemps. Dans un premier temps, il retrouvait une amie de longue date. Et pas n’importe quelle amie ; celle qui l’avait aidé à rester debout, à garder la tête haute, même après la rupture avec Laura. Sven lui devait la vie, à proprement parler, et il ne parviendrait jamais à effacer cette dette. Une dette gravée au fer rouge dans son cœur comme dans sa conscience. Il ne la rembourserait jamais entièrement. Mais il s’acharnerait à essayer. Il la protègerait, il la sauverait de tout ce qui serait susceptible de lui faire du mal. Il allait la choyer, la surveiller, la garder à l’œil. L’empêcher de faire quoique ce soit de stupide. Et surtout, empêcher quiconque de l’approcher et de lui faire du mal. C’était surtout ça, qui inquiétait le jeune homme, d’ailleurs. Elle était jolie. Bien plus que jolie. Elle était fine, possédait une silhouette athlétique et délicate, gracieuse, attirante. Pas pour un homme comme lui dont toutes les pensées étaient tournées vers un autre, mais il ne pouvait nier qu’elle était plus que charmante, et que n’importe qui se serait épris d’elle facilement. De plus, elle était drôle, agréable à vivre. Elle avait son petit caractère, pas toujours facile à vivre, mais si appréciable dans l’ensemble qu’on lui en oubliait absolument tous les défauts. Enfin, du point de vue de Sven, qui n’était peut-être pas universel. Mais ça ne changeait rien ; son moineau était sa perle rare. Et jamais il ne pourrait suffisamment la remercier de lui avoir sauvé la vie ce fameux jour. De l’avoir empêché de se tuer. Jamais.

Il la sentit s’appuyer doucement contre son épaule, et esquissa un léger sourire. Néanmoins, son humeur était clairement ternie par ce qu’il avait vu quelques instants auparavant. Une flasque d’alcool, dans les mains de son oisillon. C’était suffisant pour lui broyer le cœur, pour le faire culpabiliser de s’être absenté, de ne pas avoir cherché à la retrouver, d’être parti dans son coin pour vivre sa vie. Elle semblait s’être mise à boire. Et ça, c’était mauvais. Très mauvais. Pourtant, il la laissa faire. Il allait l’empêcher de continuer, du moins ce soir et devant lui. Il était alcoolique depuis une paye maintenant, et elle le savait. Elle ignorait s’il avait arrêté ou non, et très honnêtement… Elle connaîtrait rapidement la réponse. Il tenta de se changer les idées, et surtout de faire comme si de rien n’était, en lançant une petite remarque sur son état de fatigue, et le fait qu’il faudrait probablement dormir ici. Elle avait l’air partante. Et à cette constatation, un sourire immense barra le visage de notre nounours. Finalement, il n’allait peut-être pas rentrer chez lui ce soir. M’enfin. Il faudrait compter la fraîcheur ambiante, tout de même. Parce qu’au vu des vêtements qu’elle portait, il avait peur de devoir lui passer son sweat sous peu… Et après, pourquoi pas ? Il mourrait de chaud, même torse nu contre l’herbe gelée. Les frissons qui parcouraient son dos et sa peau, lui filant la chaire de poule, n’étaient d’aucun secours à sa température corporelle désespérément trop haute. Il l’aurait couverte de son sweat, et se serait allongé contre elle en la serrant dans ses bras pour la réchauffer. Il était sûr que ça aurait marché. Et oui. Ça lui semblait être une bonne idée, et totalement envisageable. Il se serait sûrement pelé le c*l le lendemain au réveil, mais il savait que durant son sommeil, ça ne l’aurait pas du tout dérangé. Il aurait largement supporté la fraîcheur, et son repos bien mérité l’aurait emporté sur le reste, laissant les frissons et les dents qui claquent au lendemain matin. Oui. Finalement, l’idée de dormir dans ce parc, avec elle, lui plaisait bien. Et même plus que bien. Et au pire, s’il sentait qu’elle avait trop froid dans la nuit, il ne serait jamais trop tard pour la porter comme une petite princesse et la ramener dans son lit douillet. Son appart’ était un peu en bazar, mais il s’en foutait. Pour elle, il aurait débarrassé son lit à coups de chaussures, et aurait rangé toute sa chambre à quatre heures du matin s’il le fallait. Il se voyait presque déjà marcher avec elle, la tenant serrée contre son torse, petit être fragile et qui dormait d’un sommeil si tranquille et agréable, blottie contre son nounours. Et tout ça, pendant qu’elle lui expliquait la manière dont elle comptait s’y prendre pour le défendre si quelqu’un s’en prenait à eux. Un sourire encore plus long se posa sur ses lèvres, tandis qu’il l’écoutait. Elle était adorable. Mais si quelqu’un s’en prenait à eux, son briquet ou ses chaussures à talons seraient d’une utilité moindre. Même si le feu cautérisait les plaies, comme il avait pu si bien le constater, elle n’allait pas effrayer grand monde avec une flammèche. Il valait mieux pour elle qu’elle ait autre chose pour se défendre, si on s’en prenait à eux. Car même si la douleur s’estompait au fur et à mesure, Sven était épuisé. Totalement vidé. Il n’avait envie de rien faire. Si ce n’était de rester là, avec elle. Il n’avait pas la force de retourner poireauter devant chez Nolan à se demander s’il allait rentrer un jour. Il n’avait même pas envie d’aller éclater la tête d’un pauvre type sur un ring pour se défouler. Il voulait juste rester là, vraiment. Du plus profond de son être, il désirait être avec elle. Tout simplement.

Il l’écouta rire doucement, joignant quelques instants sa voix à la sienne, néanmoins songeur. Puis il se tut à son tour, ne lui répondant pas. Elle savait que parler n’était pas une nécessité avec lui. Elle avait l’habitude, même. Nombreuses étaient les soirées qu’ils avaient passées tous les deux, en silence. Ou alors seulement elle à lui parler, lui raconter des choses, le rassurer. Elle savait qu’il n’était pas toujours extrêmement loquace. Et elle comprenait. Là encore, elle faisait quelque chose dont beaucoup étaient incapables. Comprendre ce qu’il pouvait ressentir, ce qu’il était. Et il lui en était reconnaissant. Et puis, finalement, elle lâcha quelques mots, les yeux rivés sur les étoiles. Il laissa son regard vagabonder à son tour d’un petit point blanc à l’autre, tandis que d’entre ses lèvres s’échappait un soupir de contentement. Puis il esquissa un sourire, léger mais sincère.

« J’en sais rien… Je sais pas ce qui a fait qu’on est là, tous les deux, mais… On y est. Et franchement, tu étais la dernière personne avec laquelle je pensais passer ma soirée. C’est vrai, quoi. Dans ma tête tu étais… À des centaines de kilomètres de là ! Au Canada, encore, ou bien même en Europe, ou que sais-je encore … »

Il gigota doucement, dégageant son bras. Elle se laissa faire, avant de revenir se caler contre lui, tandis qu’il entourait son épaule d’un geste protecteur, malgré la douleur persistante dans son dos. Ce fut à cet instant qu’elle lui proposa de casser la croûte. Et de payer le repas. Il lâcha un léger rire, alors qu’elle avouait se sentir capable de dévorer un éléphant. Oh. Il n’en doutait pas un seul instant. Mais si elle avait toujours eu excellent appétit, même pour un moineau de son gabarit, ça restait un appétit d’oiseau ¬— passez-moi l’expression — à côté de Sven. Il ne fallait jamais inviter le suédois à manger. On finissait par le regretter. Et comme le disait si bien l’expression, mieux vaut l’avoir en photo qu’à table. Il était du genre à engloutir comme un puits sans fond. On se demandait à quel moment il arrêterait de manger, à quel instant il aurait enfin fini d’engloutir ce qu’on lui présentait. C’en devenait effrayant, pour ceux qui ne le connaissaient pas. Mais Alyss le connaissait. Et peut-être qu’elle avait un peu oublié ce que c’était d’avoir un Sven à table, mais si elle l’emmenait dans un restaurant, ou même ailleurs, elle s’en souviendrait. Et son porte-monnaie aussi. Pourtant, malgré ces petites pensées plutôt comiques, il savait très bien qu’il serait juste incapable de manger pour trop cher en sa présence. Il ne mangerait même pas, refusant de lui coûter quoique ce soit. Et puis, même. Il n’avait pas faim.

« Là, dans l’immédiat, je dois avouer que je n’ai vraiment pas faim. Ta petite séance de soins intensifs sur mon dos m’a coupé l’appétit. Et heureusement pour ton porte-monnaie, d’ailleurs. » Il lui adressa un sourire rayonnant, passant son bras libre par-dessus son torse pour aller lui pincer très légèrement les flancs. « Mais je te suivrai tout de même, histoire d’être sûr que tu fasses en sorte de prendre quelques kilos. Et en attendant, je pourrais faire attention à ce que tu ne t’envoles pas au moindre coup de vent. Petit moineau. »

Il lui jeta un regard protecteur et affectueux. C’était vrai qu’elle n’était pas grosse, et il avait toujours désespérément l’impression qu’à la moindre bourrasque, elle allait s’écraser plus loin. Bien entendu, cela n’arrivait jamais. Mais c’était toujours la crainte qui lui tordait le ventre. Il aurait fallu qu’il arrête d’être aussi protecteur à son égard. Mais c’était plus fort que lui. Il ne pouvait pas s’en empêcher. Doucement, il laissa glisser ses doigts un peu plus loin. On aurait pu croire qu’il lui caressait le ventre, tendre et délicat… Mais il n’en était rien. Il n’avait pas perdu son objectif de vue depuis tout à l’heure. Et ce fut donc d’un mouvement souple mais ferme qu’il se saisit de la petite flasque d’alcool qu’elle avait en sa possession. Il laissa son autre bras sous la tête de la jeune femme, se servant néanmoins de sa main pour ouvrir le bouchon, et le garder dans le creux de sa paume. Puis il porta le petit récipient à ses lèvres, sans qu’elle ait la moindre chance de s’en emparer ou de l’en empêcher. Rapidement, et efficacement, il vida d’un trait le contenu de la petite bouteille, avant de pousser un long soupir dans la nuit noire, et de laisser tomber son bras au sol, la flasque toujours dans la main. Un soupir… De soulagement. De satisfaction. Sa dose d’alcool commençait à lui manquer pour se sentir mieux. M’enfin. D’un autre côté, ça allait au moins servir un peu d’anesthésiant. Il sentait le liquide lui brûler encore légèrement la gorge, même après son passage. Et la souffrance de son dos s’estompa lentement, mais sûrement. Gardant bien serrée la petite bouteille dans sa main, il lâcha quelques mots, léger et d’un ton totalement innocent.

« C’était pour la douleur. L’alcool est un puissant anesthésiant Ö. » On y croit, on y croit. Doucement, il toussota, laissant son regard braqué sur les étoiles au-dessus de leur tête. « Et heu… Hum, non. Je n’ai pas arrêté de boire. Je crois que c’est au-dessus de mes forces. » Ok, là c’était une petite voix pas fière. Qui se voulait toujours légère, mais pas fière quand même. Il avait honte de ce qu’il était, c’était un fait. Mais il savait au fond de lui que peut-être si son alcoolémie disparaissait, il aurait un peu moins honte. Un tout petit peu. C’était une tare qui lui donnait chaque jour un peu plus envie de fuir son propre reflet dans le miroir. Malheureusement, il n’arrivait pas à l’éliminer. Grand mal lui en fasse. « Par contre, je crois que j’ai tout fini. J’espère que tu m’en veux pas. » Il se foutait ouvertement d’elle, là, par contre. Avec ses airs de petit garçon innocent, son regard candide. Et moqueur. Ouais, bon. « Tu as le droit de me gifler si tu veux. » Peut-être même qu’il l’aurait mérité, après tout. Il jouait au débile, c’était normal d’en subir les représailles, non ? « Ca m’ouvrira sûrement l’appétit. »

Dépasser les bornes, Sven ? Jamais voyons. Ce n’était pas comme s’il passait son temps à jouer les suicidaires en livrant son corps déjà dangereusement meurtri aux coups de redoutables adversaires de ring. Non non. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. Il ne se moquait de personne, et n’avait réellement pas fait exprès de tout vider. Bah voyons.

« Tu m’as manqué, n’empêche. »

Bah voyons, essaie de noyer le poisson. En attendant, si elle décidait de le réprimander un bon coup et de lui faire passer un sale quart d’heure, il l’aurait amplement mérité. Sale gosse.

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Mer 12 Sep 2012, 10:48 pm
Alyss Swan
" Hein !? Tu veux dire qu'ils n'ont pas de buffets à volonté ouverts 24 heures dans cette ville !? Mais... ! Comment on va faire pour survivre ? " éclate-t-elle de rire. " Hey ! Lâches mes bourrelets ! " s'indigna-t-elle faussement en lui donnant des tapettes sur la main, en riant. " J'peux pas me permettre de prendre du poids, t'es dingue ! T'imagines le gros cygne se lancer du haut du tremplin ? Ce serait vachement moins élégant de me voir atterrir sur ma bédaine. Non ? " sympathique comme image, quand même.

Elle avait beau blaguer pour dissiper son malaise, mais elle aurait vraiment préféré le conduire à l'hôpital plutôt qu'user de ses pouvoirs pour le soigner à l'ancienne. Ce secret si lourd qui pesait sur ses épaules... Comme elle aurait aimé lui lâcher tout simplement : ' Hey S, tu sais quoi ? J'ai le pouvoir de maîtriser le feu et j'ai flambé mon premier copain... depuis, tu es le seul garçon qui réussit à me toucher sans en payer les frais. ' Quel soulagement ce serait de l'avouer ouvertement à quelqu'un de confiance. Quelqu'un qui la comprend et qui a le coeur ouvert. Et si il la repoussait ? Ou pire, la craignait ? Peut-être qu'il la traiterait de folle... qu'il n'en croirait pas un mot... alors elle devrait lui faire une démonstration... et puis... qu'est-ce qui se passerait ensuite ? Hein ? Non... ce qu'on ne sait pas ne nous fait pas mal. M'enfin... elle préférait être la seule à en souffrir. Juste le silence les entoure, eux... le ciel et ses étoiles, le parc et sa nuit noire. Et c'était parfait comme ça.

Les doigts de Sven serpentèrent sur son ventre, avec un malice qui lui fit froncer les sourcils. Un léger frisson lui saisit l'échine. Furtive caresse qui ne la laissait pas indifférente. Et peu importe où se dirigeait ses doigts et avec quelles intentions, elle savait qu'elle les arrêterait pas. Sa flasque dérobée d'un mouvement sec, elle rouspéta.

" Hey ! Mais c'est à moi ça ! "

La belle se redressa aussitôt, tentant en vain de reprendre le flacon des mains de son ami, mais ce dernier l'avala en quelques gorgées bien senties. Elle finit par croiser les bras avec la moue boudeuse en réponse à ses airs innocents. Elle lui arracha la flasque et son bouchon des mains puis les rangea dans son manteau.

" Mouais... c'est ça ! " répliqua-t-elle d'un ton sévère déformé par un sourire crispé. " Bah au moins, là, y'en a plus... "

C'est pas avec quelques petites gorgées qu'il allait se saouler quand même. Faut dire que ça lui rappelait un bon nombre de mauvais souvenirs. Tirer un homme ivre qui fait deux fois son poids jusqu'à sa voiture, c'est loin d'être une partie de plaisir... surtout quand ce dernier se débat comme un diable dans l'eau bénite en balançant des insultes aux nuages. Assise à ses côtés, elle leva le doigt sévère et le pointa sans ménagement.

" C'est bien parce que j't'ai brûlé au sixième degré... et seulllllement à titre de médication. " Sourire en coin.

Lentement, elle se penche vers lui pour lui enlacer les biceps des doigts et les pinça.

" Et c'est quoi ça, du poulet ? Oh non, détrompes-toi S, t'en as de la force et beaucoup plus que tu crois. "

Alyss posa son coude sur le large torse de Sven en s'appuyant le menton sur sa main repliée. Elle le regarda avant de lui répondre dans un sourire " Je t'ai brûlé, alors c'est 1 à 1. Match nul. "

Une gifle pour ouvrir l'appétit ? Elle éclata de rire.

" AH ! C'est une bonne idée ça tiens... "

Elle s'allongea pour lui mettre les mains sur les joues pour lui donner des tapettes trèèès agaçantes et taquines tout en dévisageant d'une tronche débile. Elle était de bonne humeur et ça paraissait, elle avait envie de jouer et de s'amuser pas de se prendre la tête. Le fou rire la gagna rapidement, lâcher prise devenait sa seule option.

" ... mais tu le méritais. Pfff. " lui tire la langue tiens, ça lui apprendra à se foutre d'elle. Bien sûr, elle n'était pas sérieuse. Il lui avoua qu'elle lui avait manqué. Est-ce pour gagner des points ou juste par sincérité... ? Elle s'en moquait. Les yeux remplis d'étoiles, elle lui embrassa le front spontanément et se redressa aussitôt.

" Toi aussi tu m'as manqué S. " conclut-elle dans un sourire qui mourut en silence. Et il ne savait pas à quel point...

Elle tapa sur son torse de géant pour briser cet espèce de malaise qui semblait vouloir pointer le bout de son nez.

" Tu dois bien mourir de faim là ? Non... ? "

Allez hop ! Elle se leva en titubant, passant ses mains sur ses fesses pour retirer les brindilles possiblement collés à ses pantalons puis réajusta ses vêtements. Alyss se tourna vers lui et tendit ses mains pour l'aider à se relever, - comme si le poids plume pourrait vraiment aider l'armoire à glace à se remettre sur ses pieds -.

" Allez ! On bouge. J'ai vraiment faim et puis je peux pas te laisser là à t'enraciner dans l'herbe... il fait si froid et t'es à moitié à poil... Tu vas attraper la mort. Imagines les montagnes de pain, les rivières de ketchup, les montagnes de frites et les vallées de boulettes de viandes qui n'attendent que toi et tes grosses papattes d'ours ! "

La belle jeta sa tête vers l'arrière et salivait juste à y penser.

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Dim 09 Déc 2012, 12:18 pm
Sven J. Ohlsson


« i'm still here, and so are you. »


La douleur s’estompait petit à petit, tandis que Sven restait là, allongé à côté d’une jolie petite princesse à la chevelure brune. Il avait vidé le contenu de la flasque de la miss, et s’était excusé du mieux qu’il avait pu. Avec de mauvaises excuses, en réalité. Il n’avait pas à se justifier, pas plus qu’elle n’avait à boire, et à devenir alcoolique. S’il y avait bien une chose qu’il l’empêcherait de faire, avec le fait de se droguer, c’était celle-ci. Elle n’avait pas le droit de tendre à devenir le déchet qu’il avait été durant de si longues années. Oh non. Clairement pas le droit. Il sentit la petite Alyss se pencher par-dessus son corps, et ses petites mains s’écraser à intervalles réguliers sur ses joues. Il ne se débattit pas le moins du monde, se contentant d’arborer un grand sourire. Pourquoi aurait-il cherché à la repousser ? Elle ne lui faisait pas mal, et il l’avait autorisée à le faire quelques secondes avant. Lorsqu’elle se recula, il se sentait mieux. Beaucoup mieux. Sa douleur dorsale était telle qu’il n’arrivait même plus à la ressentir. Et la fraîcheur de l’herbe humide combinée à l’alcool n’avait pour effet que de l’anesthésier encore davantage. Et il était avec elle. Sa meilleure amie, aussi stupide que puisse paraître l’étiquette. Elle avait toujours été là pour lui, et il avait toujours été là pour elle. Enfin, le premier était bien plus vrai que le second. Elle lui avait évité bien des torts, bien des malheurs. Elle lui avait évité de se jeter par la fenêtre du sixième étage, et de mourir en bas, petite tache floue, amas de chair, de sang, et d’os broyés. Elle l’avait empêché de noyer sa raison dans la drogue à n’en plus finir, de devenir fou, de se tuer à force de boire. Jamais il n’avait été capable de faire ce genre de choses pour elle. Jamais. Il n’avait été qu’un fardeau, un boulet. Et encore ce soir, c’était ce qu’il était, purement et simplement. Un poids. Elle avait été obligée de le soigner, encore une fois. Elle s’était fait du souci, et s’en faisait sûrement toujours. Et lui, il ne disait rien. Il se laissait chouchouter, et il aimait ça. Qu’on s’occupe de lui. Était-ce pour cette raison qu’il l’aimait autant ? Il n’en savait rien. Peut-être que oui, d’un côté. Peut-être qu’il adorait Alyss pour cela, parce qu’elle prenait toujours soin de lui. Mais il y avait autre chose aussi. Ils s’entendaient bien. Et même lorsqu’il n’avait pas besoin d’attention, ils conservaient cette complicité et cette joie de partager des moments tous les deux.

Doucement, il sentit un petit baiser se poser sur son front, alors qu’il avouait très sincèrement qu’elle lui avait manqué. Aussitôt, il sourit, encore un peu plus à l’aise à ses côtés. Ce genre de petites démonstrations d’affection… Il en avait besoin, également. Plus que besoin même. Il était en manque d’attentions. En manque de Nolan, en manque d’amour, en manque de câlins, en manque de petits bisous sur la joue, le front, le nez, ou que sais-je encore. En manque de toutes ces petites marques d’attachement. Sven était peut-être un ours violent, fier et agressif, il n’en restait pas moins doté de sentiments, et de besoins. Et les paroles de la petite artiste comblèrent un nombre incroyable de besoins en un temps record. Bien sûr, la majorité des besoins restaient à remplir, puisque seul Nolan en était capable. Mais jamais il n’aurait pensé retrouver la seule petite puce au monde capable de le soulager de tous ces fardeaux. Son petit moineau.

Il l’écouta proposer une petite collation, un sourire amusé flottant sur les lèvres. Non. Il n’avait pas faim du tout, en réalité. Il avait plutôt envie de vomir, les relents de douleur lui renvoyant des nausées peu sympathiques. Mais si elle avait faim, alors il la suivrait. Il la suivait toujours. Il la laissa se relever, s’épousseter les vêtements pour en chasser les éventuelles brindilles accrochées. Et, doucement, il se redressa également, fermant les yeux pour tenter de cesser de penser à cette douleur qui lui fendait le dos en deux. Il attrapa une main parmi les deux que lui tendaient Alyss, s’aidant de l’autre pour pousser à terre et se redresser. S’il mettait tout son poids sur les bras de la jeune femme, nul doute qu’elle allait retomber au sol en moins de temps qu’il ne faudrait pour le dire. Aussi avait-il préféré éviter. Il se remit sur pieds, reprenant son sweat, essorant un peu. Aucune goutte de sang ne coula. Tant mieux. Il le renfila rapidement, ne pouvant que constater que malgré tout, c’était quand même froid cette bêtise. Alors qu’un frisson remontait sa colonne vertébrale, lui faisant à nouveau fermer les yeux pour éviter de se mettre à pleurer, il entendit les paroles de son amie. Les montagnes de frites et de ketchup… Hmm. Si elle avait faim, elle se ferait plaisir, il lui paierait. Malgré qu’il soit fauché comme les blés, pour tout avouer. Mais lui, il ne mangerait rien. Pas faim. Bon, ou alors, peut-être juste une bouchée pour lui faire plaisir.

« J’imagine bien, lâcha-t-il en se forçant à rouvrir les yeux pour la regarder, et tenter de lui sourire. C’est moi qui te paie ton repas, allez. Pour te remercier de m’avoir brûlé au sixième degré. »

Il la regardait, la tête légèrement penchée vers l’arrière, toute sa beauté à l’œuvre. Doucement, une des mains de notre ours vint se poser entre les omoplates de la jeune fille, la poussant tendrement et amicalement vers le chemin. Ils allaient se remplir la panse, une bonne fois pour toute, ma foi. Et ensuite, qui sait ce qu’ils allaient faire de leur soirée. Ils avaient tellement de chose à se raconter. Lui, elle, leurs vies séparées. Ce qu’ils étaient devenus. Peut-être Sven allait-il même pouvoir lui parler de Nolan. Un petit peu. Juste un petit peu. Histoire d’avoir ses conseils, avisés comme toujours.

Mais quoiqu’il puisse se passer, il s’en fichait. Parce qu’il était avec elle. Son petit moineau était de retour dans sa vie. Elle allait prendre soin de lui. Elle ne le laisserait pas tomber. Et il allait pouvoir veiller sur elle, et essayer de lui rendre la pareille. Pour le meilleur, comme pour le pire.

Voilà à quoi songeait Sven, en prenant la route vers le petit quartier bourré de restaurants tous plus alléchants les uns que les autres pour quelqu’un d’affamé comme elle pouvait l’être. Il allait l’aider, du mieux qu’il pourrait. Comme elle l’avait toujours fait pour lui. Et quoiqu’il arrive.

THE END.

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