The Devil In Me || PV Calixte

- Bonjour mon enfant, en quoi puis-je vous aider?

La voix du prêtre retentit en écho, rebondissant contre les vitraux de l'église. De son sourire bienveillant et bien trop mielleux, il s'avança dans l'allée, laissant le bruit de ses pas bercer le silence religieux qui régné dans ce lieu.  

- Je veux le pardon mon père, parce que j'ai pêché.

Un désarroi feint se peignit alors sur les traits angéliques de Roxane. D'apparence vulnérable et fragile, elle gardait ses bras fermement pliés contre elle, ses doigts agrippant le tissus de son chandail en guise de bouée de secours. Poupée de verre. Poupée de gèle. Elle demeurait immobile, à l'entrée de ce lieu saint.

- Approchez mon enfant, et venez me confesser vos erreurs.

Obéissante, telle l'enfant modèle, elle approchait sous les regards bienveillants des statuettes dispersées au sein de l'édifice. Le malin s'invitait dans la maison de dieu, et il se riait de vous, pauvre mortel. Tout deux prirent places sur l'un des bancs, sans un mot. Le prêtre attendait, avec patience, scrutant d'un regard un peu trop envieux les courbes de la jeune femme. Ses jambes d'albâtres s'offraient joliment à sa vue. L'éclairage médiocre des lieux et la vision probablement défectueuse de l'homme de foi suffisait à passer sous silence les cicatrices qui striées sa peau glacée. Vestige de son passé. Vestige de son humanité. Blessures de guerre.

- J'ai commis des actes atroces. J'éprouve des désirs sales, impurs. Les portes de l'enfer me sont ouvertes, murmura la blonde, avec un désespoir alarmant. Ses grands yeux ronds comme des billes sondèrent alors le prêtre, visiblement dans l'attente d'une réponse, espérant le salue tant attendu.
- Mais non, voyons, affirma t-il, tentant de la rassurer. Le chemin de la rédemption est long, souvent douloureux, mais accessible à tous.
- Vraiment? souffla t-elle, pleine d'espoir.
- Oui, acquiesça le prêtre, croyant dur comme fer à ce qu'il racontait. Que les hommes pouvaient être faible, à se cacher derrière un dieu qui n'existait pas. Rendez-vous tous en enfer.
- Qu'importe notre pêché? s'hasarda la vampire de façon candide, allant sagement poser une main sur le genou du religieux. Ce geste sembla le perturber un moment, mais il n'émit aucun signe de refus.
- O... oui... bafouilla le quadragénaire, visiblement troublé.
- Vous me rassurez,avoua la blonde, remontant sa main lentement. Le rouge monta rapidement aux joues de l'humain. Elle pouvait entendre son coeur s'accélérer. Elle pouvait sentir son sang pulser sous sa peau.
- Nous ne sommes que des Hommes, après tout, répondit-il, d'une voix légèrement étranglée, à la fois gêné et excité. Faible. Ils étaient tous faible.
- Je confirme... vous n'êtes que de simple mortel.

Tranchant. Sec. Froid. Son ton était sans appel. Ses claires prunelles retrouva cet éclat versatile du prédateur. Un sourire perfide étira ses lèvres et alors que le prêtre commençait enfin à comprendre que la personne en face de lui s'avérer être dangereuse, le vrai visage de Roxane apparut. Avant qu'il puisse n'émettre le moindre hurlement, la vampire se saisit de la dague dissimulée dans sa botte de cuir pour aller cruellement égorger ce pauvre homme. Barbare. Cruelle. Bichette n'éprouvait ni pitié, ni remords. Il s'accrochait désespérément au col de la vampire, ouvrant la bouche pour parler. Mais rien ne sortait. Rien si ce n'était ce liquide carmin tant précieux à la vie. Rien si ce n'était ces étranges gargouillis infâme qui provenait de sa gorge. Alors que le corps à présent sans vie s'écroula à terre, elle reprit son apparence humaine. Mais la bête demeurait. Mais le vice restait ancré dans sa chair. Lentement, elle porta à hauteur de son visage la dague. Paupières à demi fermées, Roxane respira l'odeur du sang frais reposant sagement sur la lame. Et ce ne fut qu'une question de seconde avant que sa langue ne vienne goûter à ce liquide.

- Pensez-vous, mon prêtre, que le Seigneur pardonne tout les pêchés? question qui n'attendait rien. Il était mort. La vampire se redressa et enjamba le cadavre. Déjà si jeune, et déjà si corrompu. Pardonnez-moi Seigneur, parce que j'ai tué mon père.

Elle inspira, expira, rangea son arme à sa place et s'exclama d'une voix terriblement menaçante :

- Quant à toi, oui, toi, ne pense pas m'échapper.

Elle s'adressait au vide. Elle s'adressait à personne. Elle s'adressait à cette seconde personne cachée à quelque part. Roxane entendait un coeur battre. Une respiration irrégulière. Elle percevait une odeur familière. Hors de question de laisser Calixte partir. Pas avant d'avoir joué avec elle au préalable.

- Un...blondie avança de quelques pas dans l'allée. Deux, son regard scruta les horizons, alors que ses lèvres s'étirèrent de façon inquiétante, trois... chuchota alors Roxane, tournant les talons vers le confessionnal. J'arrive.

- Un...blondie avança de quelques pas dans l'allée. Deux, son regard scruta les horizons, alors que ses lèvres s'étirèrent de façon inquiétante, trois... chuchota alors Roxane, tournant les talons vers le confessionnal. J'arrive.

Ombre funeste. Rapide. Silencieuse. Ombre glacée. Elle apportait la mort. A cet instant, elle était la mort. Vide de tout sentiment. Guidée par ces instants les plus vils et malsains. Dans le fond, elle n'était que le pantin du démon qui se tapissait en elle. Victime de ses pulsions meurtrières. De ses desseins les plus obscurs. Sans remords. Sans pitié. Les courbes de ses hanches se balançaient dans un geste langoureux et sensuel au rythme de ses pas félin.

Ombre funeste. Elle approchait lentement,prédatrice. Boum. Boum. Le doux chant de la vie. La mélodie qui berce. La mélodie qui endort. Boum. Boum. Boum. Percussion biologique. Percussion naturelle. Un tam tam au tempo varié dont la finalité restait la même. Tant que le tambour de la vie continuait son chant, alors tout allait pour le mieux. Mais si il avait le malheur de se réduire au silence... alors les ténèbres vous engloutissaient.

- Je t'entends, Calixte, murmure à peine audible dans cet antre saint mais pourtant bien présent. Phrase anodine qui pourtant tranchait le silence tel une lame un peu trop aiguisée. Je te sens... rajouta faiblement la vampire, alors qu'elle humait l'air avec satisfaction. L'odeur de l'humaine s'annonçait toujours aussi agréable, alléchante. Une fragrance délicate. Aussi douce que la folie qui enveloppait la rousse. Je te vois, conclusion qui sonnait durement. Une brise glaciale qui recouvrait les coeurs d'un givre amer. Dans un geste inutilement brusque, le rideau bordeaux du confessionnal s'ouvrit en grand. Un regard impitoyable s'abattit alors lourdement sur l'humaine qui gisait là. Les bottes de cuirs cessèrent leur marche à quelques centimètres de Calixte. Ô Calixte... jeune enfant. Âme déchirée. Esprit disloqué. Les traits de la vampire se radoucirent et dans un geste tendre, le bout de ses doigts allèrent caresser la joue tiède de l'humaine.

- Approche... j'ai quelque chose à te montrer...lui confessa t-elle dans un sourire qui se voulait bienveillant, telle une mère qui souhaite montrer à son enfant le plus beau des cadeaux. Tu verra... tu va aimer... ou pas. Sans laisser le moindre temps de réponse, sans transition, aucune, Roxane attrapa avec fermeté cette tignasse rousse. Jouer. Souffler le chaud. Le froid. Inspirer la peur, le désarroi. C'était une occupation qui l'emplissait d'une joie intense. Un sentiment jouissif qui compensait un vide à quelque part.

A l'instar d'une poupée, la vampire traînait sans difficulté l'humaine par les cheveux. Peu importe les pleurs. Les cris. Les lamentations. Sans soucis, sans tracas, elle guida par la force et la violence Calixte. Sans soucis, sans traca, elle obligea Calixte à se rendre jusqu'au cadavre du prêtre. Ce dernier se trouvait là, à leurs pieds, baignant lamentablement dans son propre sang. Son regard était vide. Sans expression. Il était mort. Poupée malléable entre les mains du démon.

- Tu as vu, Calixte? Regarde... regarde ce que tu lui as fait... souffla la vampire au creux de cette oreille candide. Il est mort, Calixte... tu l'as tué, susurrait blondie, relâchant progressivement son jouet humain. Mais il était bien naïf de penser que les choses s'arrêteraient ainsi. Dans un geste affectueux bien que ferme, la sangsue attrapa la rousse par la taille, plaquant son dos contre le corps glacé de Roxane. Sa main libre allèrent tasser ses cheveux flamboyants sur le côté, libérant ainsi le derme pâle de cette nuque appétissante. Le souffle hivernal de la créature nocturne alla s'écraser avec souplesse contre cette peau laiteuse. Tel un papillon furtive, ses lèvres effleurèrent son cou. Odeur divine. Palpitation du coeur enivrante. Le sang de Calixte coulait sous ce derme fragile. Il aurait été si facile de le transpercer à coup de canine.