WHEDONVERSE : TALES OF BUFFY

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« but these stories don't mean anything when you've got no one to tell them to. » ♔ NOLAN ♡.

Sven J. Ohlsson
Sven J. Ohlsson
ÂGE : 29
ANNIVERSAIRE : 20/10/1994
DATE D'INSCRIPTION : 14/07/2012
MESSAGES : 790
Absence : Activité ralentie.
Dim 16 Sep 2012, 11:22 am
Sven J. Ohlsson



« listen to our hearts. »


Sven émit un petit claquement de langue, tandis qu’il donnait un léger coup de pied dans un petit caillou. Sa chaussure racla le goudron, envoyant le gravillon un peu plus loin, tandis qu’il recommençait à mâchonner son petit bâton de sucette d’un air stressé. D’habitude, quand il boulotait une sucette à la pomme, ça le calmait. De manière très stupide, d’ailleurs. Ce n’était que du sucre. Mais bon. N’empêche que ça le calmait. D’ordinaire. Mais pas ce soir. Parce que ce soir, il semblait que notre suédois soit un petit peu trop préoccupé, stressé, anxieux. Il allait chez Nolan. Jusque là, absolument rien d’anormal, ou de préoccupant, ni même de terrifiant. Sauf que cela faisait plus de cinq jours maintenant que Sven se faisait passer pour un fantôme auprès du jeune homme. Il lui envoyait certes quelques petits messages de-ci de-là, pour lui dire qu’il l’aimait, mais il ne le voyait plus. Il esquivait ses visites, et ne pointait plus son nez à l’appartement de son petit ami. Lorsque celui-ci proposait des rendez-vous, Sven était toujours très occupé. Tant et si bien qu’il avait commencé à se sentir mal. À se détester de faire cela. Il aimait Nolan ; c’était un fait. Et il ne pouvait plus continuer de se dérober de la sorte. Il fallait qu’il le voie. Parce que d’une part, il était conscient de le faire souffrir. Et ensuite, il se faisait souffrir tout seul, également. Il n’avait qu’une envie : embrasser son petit bonhomme. Poser doucement ses lèvres sur les siennes en fermant les yeux. Glisser doucement ses doigts dans ses cheveux, ou bien même caresser sa joue, ou sa nuque. Et savourer son amour. Lui prouver à quel point il l’aimait. À quel point ses textos étaient sincères, bien qu’il refusât de le voir. Parce qu’avec les jours, il paraissait évident que Nolan avait de quoi douter. Et c’était également ce détail qui bouffait Sven de l’intérieur. Qui le rongeait, comme la peste, la gangrène, ou toutes ces maladies terribles. Il ouvrait les yeux le matin en s’insultant. En se détestant de ne pas serrer son peintre dans ses bras à cet instant précis. De ne pas pouvoir le regarder tranquillement dormir, en remettant en place les éventuels petits cheveux barrant son visage. Oh oui, il se détestait de ne pas se reposer à ses côtés. Et il voulait que tout ça s’arrête. Qu’il cesse de fuir ses peurs, de se fuir lui-même. Et qu’il affronte la réalité. Et le regard de son petit prince.

Une goutte s’écrasa sur le nez de Sven, tandis qu’il continuait d’avancer, se remémorant la raison débile pour laquelle il évitait son petit ami depuis un peu moins d’une semaine. Tout ça à cause d’une foutue soirée où il avait voulu aller le voir. Et où son côté homme viril et prince charmant avait pris le dessus en sauvant une pauvre jeune femme d’une bande de vilains vampires. Et là, un gros truc avait débarqué, mordu et griffé Sven. Inutile de vous dire que la soirée tranquille chez Nolan avait été légèrement compromise. D’autant plus que Sven ne s’était pas senti dans son assiette. Alors il était rentré chez lui. Et le lendemain, il avait voulu retourner voir Nolan. Mais dans son état… No way. Son petit bonhomme se serait largement trop inquiété pour lui. Il avait donc pris le parti de raconter à Megara ce qui s’était passé. Et là, le choc. Première transformation. Sven était un loup-garou. Un putain de loup-garou. Il allait se transformer en un énorme loup pour toutes les pleines lunes, ainsi que la nuit d’avant, et celle d’après. Jusqu’ici, ça pouvait passer. Sauf que durant ces nuits, s’il se trouvait en présence de quiconque, il allait les bouffer. N’importe qui. Même Nolan. Et c’était aussi un mal contagieux. Même s’il n’était pas particulièrement avare de mordre les gens lorsqu’il était humain, et qu’à moins de bien enfoncer ses dents dans la chaire, il ne pouvait les contaminer que lorsqu’il était en loup... La contamination restait un des risques. Et même s’il ne comptait pas passer la moindre pleine lune en présence de gens qu’il aimait, et même de gens tout court, il flippait. Et il détestait la bête qui logeait au fond de lui, et qui n’attendait que de sortir pour ces trois fameuses nuits de sang. Sven était devenu un animal, bien plus agressif et bien plus littéralement que ce qu’il n’était avant. Pourtant, cela ne s’appliquait qu’à quelques nuits du mois. Le reste, il était normal. Enfin, presque. Il avait déjà remarqué une certaine tendance à développer bien plus de force qu’auparavant. Il avait déjà troué un sac au gymnase, d’un simple coup de poing brutal. Il avait décroché le sac involontairement en enlevant son poing du trou. Autant vous dire que la puissance à fournir pour ce faire n’était pas à la porter d’un simple être humain. Quoique, certains y arrivaient probablement. Mais pas les gens comme Sven. De plus, il s’était également trouvé doté d’une étrange capacité à être bien plus silencieux. Et pire que cela. À reconnaître les gens à l’odeur. Ça, ça le faisait clairement flipper. Bah quoi ? Allez pas me dire que si vous vous trouviez à cent mètres de quelqu’un et que vous reconnaîtriez son parfum, vous ne flipperiez pas aussi.

D’un geste presque là, le jeune homme avisa une poubelle. Il souffla brutalement, crachant son petit bâton de sucette. Celui-ci voleta, et atterrit dans la fameuse poubelle. Bingo. Sven ne s’arrêta même pas. Pas le moindre sourire pour illuminer son visage à cette petite prouesse. Il s’en foutait éperdument. La seule chose à laquelle il arrivait à penser se résumait en cinq petites lettres. Il se rendait chez lui. Pour se faire pardonner. Et peut-être même s’expliquer. Lui dire la vérité. Parce qu’il l’aimait. Et qu’à son sens, la confiance et l’amour étaient deux choses indissociables. Et les secrets étaient les pires ennemis de la confiance. Or, la nature nouvelle de Sven était un secret. Et un secret particulièrement lourd. S’il n’avait pas osé revoir Nolan depuis, mise à part la crainte de le contaminer, c’était aussi parce qu’il avait peur de lui avouer son secret. Mais qu’il ne pourrait pas se présenter à lui sans le lui avoir dit. Ou sans être capable de lâcher son secret. Pourtant, ce soir, il ne sentait pas plus le moment venu que les autres fois. C’était par obligation. Parce qu’il n’en pouvait plus. Sans la présence de Nolan, il craquait complètement. Il buvait plus que d’habitude. Il avait envie de frapper dans le sac en permanence, ou bien de cogner autre chose. Ou quelqu’un d’autre. Il était à cran. Triste. Il ne voulait plus des textos. Ce qu’il voulait, c’était le serrer contre lui, le tenir dans ses bras, respirer son parfum comme un idiot, et effleurer ses lèvres. Fermer les yeux et savoir que lorsqu’il les ouvrirait, Nolan serait là. Et ne lui sourirait tendrement en lui disant qu’il l’aimait. Les textos c’était bien beau. Mais c’était invivable, au bout d’un moment. Le virtuel ne suffisait plus. Surtout lorsqu’on évitait en permanence les rendez-vous et les entrevues. Nolan allait finir par croire qu’il ne voulait plus de lui. Qu’il ne l’aimait plus. Si ce n’était pas déjà fait.

Sven renifla doucement. Immédiatement, des dizaines d’odeurs lui parvinrent. Et entre toutes, celle de l’homme qu’il aimait. Il serra les dents. Il approchait de son appart’. Dans une ou deux petites minutes, il y serait. Tentant d’ignorer la pluie qui s’abattait maintenant sur sa tête, le trempant jusqu’aux os, l’ancien militaire continua d’avancer, de plus en plus hésitant cependant, ralentissant même le pas. Plus il s’approchait de sa destination finale, plus il était effrayé. Et si Nolan refusait de le laisser entrer ? Ou même simplement de le voir ? Et s’il ne lui ouvrait même pas la porte ? Merde à la fin. L’irlandais aurait même eu toutes les raisons du monde à ne pas accueillir Sven dans son nid douillet. Après tout, c’était lui la victime du quasi-silence du suédois. Pas l’inverse. Et notre loup-garou aurait parfaitement compris que le peintre veuille se venger. Mais si c’était le cas, tant pis. Il attendrait comme un idiot, devant la porte. Il dormirait même là s’il le fallait. Il passerait le temps qu’il faudrait devant la porte de Nolan. Jusqu’à ce que celui-ci lui ouvre. Ou le laisse entrer. Ou lui adresse la parole. L’ancien militaire se renfrogna un peu plus, enfonçant ses mains dans les poches de son blouson noir. Celui-ci était fait dans un tissu étrange. Tissu qui buvait l’eau comme pas permis. Et là, il devenait lourd à porter. Sven le sentait peser sur ses épaules, gorgé de pluie. De même que son pantalon, qui s’imbibait lentement mais sûrement. Il n’avait pas de capuche. Aussi, je pense qu’il n’est nullement la peine de vous préciser l’état de son visage et de ses cheveux, qui se résume très bien en quelques mots : ruisselants de flotte.

Et ce fut donc dans cet état déplorable, quelques cicatrices encore visibles sur son visage, qu’il déboula dans l’immeuble où vivait le jeune peintre. Il stationna quelques instants dans le petit hall, constatant avec dépit que ses fringues étaient toutes bonnes à être mises à sécher. Super. Il allait attraper froid s’il n’avait pas l’occasion de se changer. Et comme par hasard, il n’avait absolument rien sur lui pour ce faire. Il était juste en mode gros ours à l’air pâle et morbide. On avait l’impression qu’il n’avait pas dormi depuis une semaine. Ce qui était… Pratiquement le cas, en réalité. Et qu’en plus de cela, il était malade. Ça, ce n’était plus le cas. Mais ça l’avait été durant les premiers jours. Et on avait l’impression qu’il était blessé, à moitié vide de son sang. Physiquement, c’était faux. Mais psychologiquement, il était bien blessé. Et ce soir, il venait chercher un pansement à sa blessure. Il ignorait s’il le trouverait, ou si le pansement était déjà hors d’usage. Mais qui ne tente rien n’à rien. Doucement et brièvement, Sven se pinça le nez, comme à son habitude lorsqu’il faisait ce petit geste. Un petit tic. Qui trahissait de son anxiété. Il renifla également, serrant quelque peu les dents. Puis il ferma les paupières. Prenant son courage à deux mains. Ou à quatre pattes, pour le brave n’ours qu’il était. Et enfin, il se décida à monter les escaliers.

Rouvrant les paupières, il grimpa les marches d’un rythme rapide, se faufilant silencieusement dans le couloir qui menait à l’appartement de l’irlandais. Puis il inspira brièvement, avant d’appuyer sur la sonnette. Il n’en pouvait plus. Il était pressé d’en finir. Hâtif d’en découdre avec lui-même. Il espérait que Nolan serait prêt à lui ouvrir. À lui pardonner les textos d’excuses, et ces petits messages électroniques en guise de seule preuve d’amour. Il espérait que Nolan l’aimait toujours, et qu’il ne le laisserait pas tomber comme une vieille chaussette. Parce que sinon, le suédois ne répondrait plus de rien. Sa vie s’était mise à tourner autour de ce petit bonhomme, un peu trop, peut-être. Et si Nolan le laissait tomber, ce serait le brusque retour à la réalité. Repartir à zéro, une nouvelle fois. Et cela, Sven n’était pas sûr d’en être capable encore une fois.

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Come what may ♥ :
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Nolan E. Mayfield
Nolan E. Mayfield
ÂGE : 30
ANNIVERSAIRE : 14/03/1994
DATE D'INSCRIPTION : 14/08/2012
MESSAGES : 311
Absence : Présente la semaine et activité réduite le week-end (boulot).
Sam 22 Sep 2012, 6:28 pm
Nolan E. Mayfield
'Cause I know this love seems real but I don’t know how to feel.

Tournant en rond dans son appartement comme un lion en cage, Nolan ruminait sans interruption depuis deux heures. Il réfléchissait, son cerveau carburant à un débit impressionnant malgré la migraine carabinée qui faisait sa loi depuis qu’il avait émergé. Le réveil avait été assez douloureux, déjà parce que le mal de tête était déjà présent, mais en plus parce que le matelas n’était pas vraiment confortable. Normal, puisque Nolan avait dormi sur le sol du salon, à même le tapis. Pourquoi et comment ? Demandez à sa chère amie la bouteille de whisky qui trônait fièrement sur la table basse, et inutile de préciser qu’elle était vide. Tous deux avaient passé une charmante soirée, dans les plaintes comme dans les interrogations philosophiques sur le pourquoi de l’amour. L’amour. Ce grand sujet sur lequel Nolan avait complètement séché et dont les réponses ne pouvaient lui venir que grâce à un coup de pouce, l’alcool. Il n’avait jamais été désespéré de sa vie, au point d’acheter une bouteille pour noyer sa peine. Même quand son ancien fiancé l’avait envoyé aux urgences il n’avait pas réagi comme ça. Il fallait croire que cette soirée précise avait été différente. Nolan n’avait néanmoins pas tout de suite touché à la bouteille. Il avait tout d’abord passé une bonne heure, assis sur le canapé, à la fixer et à s’insulter ouvertement pour la connerie qu’il venait de faire – surtout que ce whisky lui avait coûté l’équivalent de cinq toiles. De l’argent foutu en l’air. Surtout que Nolan n’aimait pas boire. Ah ça, dès qu’il avait un coup en trop dans le nez, l’Irlandais partait complètement en free-style et son état le rendait aussi inoffensif que stupide et.. bizarre. Mais il avait été assez idiot et découragé pour en venir là. Alors il lui avait fait sa fête à cette bouteille, autant qu’elle serve à quelque chose. Les premières gorgées avaient été modérées, et surtout hésitantes. Nolan tenait à garder les idées claires pour réfléchir, pensant bêtement que l’alcool lui permettrait de trouver les réponses à ces questions. Et puis se rendant compte que rien ne venait, la bouteille avait fini par se vider petit à petit, l’alcool agissant sur le corps du pauvre Irlandais qui s’était effondré par terre, complètement bourré et littéralement assommé.

Ce qui l’avait mis dans un état pareil ? La raison se résumait en la personne à laquelle il tenait le plus, et cette personne s’avérait l’ignorer complètement depuis des jours. Oui, l’absence de Sven était pour lui insupportable. Cela faisait plus de cinq jours qu’il n’avait donné aucun signe de vie et qu’il se comportait comme un fantôme. Le silence radio. Et le pire, c’est que c’était volontaire, Nolan l’avait très bien compris. Le Suédois et lui n’étaient en couple que depuis un mois et demi, et même si leur relation avait eu un démarrage assez timide et plutôt lent, tous deux semblaient avoir trouvé ce qu’ils cherchaient. C’était le cas pour Nolan. Il était amoureux, à un tel point qu’il aurait voulu le dire à tout le monde dans la rue, sauf qu’il était loin d’être aussi expansif. Il aimait Sven depuis bien avant leur déclaration et jamais il n’avait osé espérer pouvoir être avec lui. Et pourtant, le destin avait décidé de les rapprocher, et on connait tous la suite. Nolan était sur son nuage d’amour, ne lâchant Sven sous aucun prétexte, voulant tout savoir sur lui, et profitant d’un instant où sa timidité s’envolait pour lui montrer une marque d’affection et d’attachement, comme un baiser ou sa main dans la sienne. Nolan était heureux avec Sven, il ne s’était jamais senti aussi bien avec quelqu’un. Et le Suédois avait l’air heureux également ; du moins, c’était ce que Nono se disait pour se convaincre qu’il ne l’avait pas laissé tomber. Le manque de nouvelles s’était fait du jour au lendemain. Sven ne répondait plus aux textos, il ne venait plus voir Nolan chez lui comme il le faisait tous les jours. Alors pour essayer de comprendre ce qui se passait, Nolan allait chez lui, mais jamais le Suédois lui ouvrit, ce qui avait considérablement refroidit l’Irlandais. Mais positif comme il l’était, il ne voulait pas croire que c’était terminé entre eux. Il avait saturé son répondeur de messages ; il s’en voulait pour ça mais d’un côté, il ne savait pas quoi faire d’autre. Les rares fois où Sven lui répondait, quand par exemple Nolan proposait d’aller se promener en amoureux, il disait qu’il était occupé. Et il finissait par raccrocher froidement. Sven était toujours occupé depuis quelques jours. Mais occupé à quoi ? À éviter Nolan ou à chercher quelqu’un d’autre avec qui partager sa vie ? Nolan se sentait tellement désemparé qu’il ne savait plus quoi penser. Il s’imaginait sans arrêt le pire. Que finalement, Sven n’était pas intéressé et qu’il avait trouvé mieux ailleurs. Ou plus dur encore, qu’il s’était foutu de lui et qu’il lui avait donné de faux espoirs avec ses grands discours amoureux comme quoi il aimait aussi les hommes et bla et bla et bla et bla. Le regard de Nolan se tourna directement sur la bouteille vide. Merde, s’il avait su, il en aurait acheté deux. Décidément, il avait vraiment touché le fond. En fait, depuis cinq jours, la vie du peintre se résumait à un chaos sans nom. Il ne dormait plus, seuls l’alcool et les médicaments lui permettaient de fermer l’œil ; il ne mangeait rien parce qu’il n’avait tout simplement pas de quoi se payer à manger, et pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’avait toujours rien peint. Aucune toile n’était née sous ses coups de pinceau depuis que Sven avait décidé de se la jouer porté disparu. Lui qui était généralement maniaque du rangement et hyperactif s’était transformé en une sorte de larve vivant dans un taudis, parmi les restes de bouteilles et de mouchoirs usés. Sans son amoureux, il avait perdu tout repaire. Il était mal, inconsolable, seul. Sa colère s’était résumée à arracher tout ce qu’il avait affiché sur les murs de sa chambre, et à abattre ses petits poings sur un des murs du salon sur lequel apparaissaient encore les marques de sang ; preuve que l’Irlandais s’était acharné dessus pour faire passer sa colère. La seule chose qu’il avait gardée, c’est un dessin qu’il avait fait à la craie sur la partie ardoisée d’un mur de sa chambre ; un croquis de son Suédois qu’il avait fait de mémoire et qu’il avait pris soin de cacher derrière une petite affiche, sachant que Sven n’aimait pas trop que Nolan le dessine. Il n’avait pas osé l’effacer, car il avait toujours espoir qu’il revienne le voir, qu’il lui explique pourquoi il l’avait évité pendant des jours, qu’il le rassure en le prenant dans ses bras protecteurs. Même dans ce moment de profond désespoir, Nolan restait positif, malgré la colère qui lui rongeait les os.

Soupirant un bon coup tout en passant une main dans ses cheveux ébouriffés, l’Irlandais songea à cette nouvelle journée de silence, enfermé dans son minuscule appartement duquel il serait probablement bientôt foutu à la porte s’il ne payait pas le loyer en temps et en heure. Sans Sven, le quotidien de Nolan était terne et sans intérêt. Même la peinture qui était sa passion, sa drogue, ne lui apportait rien si ce n’est de la douleur ; car toutes les images qui lui venaient en tête était Sven. Poursuivi, hanté. Nolan aurait voulu aller chez lui, le forcer à ouvrir et à lui lancer froidement que s’il voulait en finir, qu’il le fasse, mais qu’il arrête de lui faire du mal de la sorte. Sauf que la constante positivité de Nolan, aussi infime soit-elle à cet instant, perdurait. Songeant à passer sa journée sous la couette à se remettre de sa puissante gueule de bois, l’Irlandais prit la direction de sa chambre lorsque la sonnette retentit. Lâchant un profond soupir blasé, il traîna des pieds jusqu’à la porte, se ramassant au passage en s’emmêlant les pieds dans un tas de linge sale qui jonchaient le sol, allez savoir pourquoi. S’avançant d’un pas lent et mou, l’Irlandais n’avait aucune envie de paraître poli ou agréable envers la personne qui se trouvait derrière la porte, qui que ce fut. Cela pouvait être sa mère, le Père Noël ou une licorne, Nolan n’était là pour personne. Lentement, il défit le verrou de la porte et l’ouvrit, fronçant légèrement les sourcils à cause du grincement désagréable qu’elle fit. Il redescendit un peu sur Terre et posa ses yeux sur le gabarit impressionnant qui se dressait devant lui. N’importe qui aurait eu peur en voyant cette armoire à glace trempée jusqu’aux os à l’air peu sympathique. Et pourtant, Nolan ne réagit pas, se contentant de fixer l’homme devant lui. Ainsi donc Sven décidait de se montrer après cinq jours de silence. Bien. Nolan le fixa si froidement qu’il aurait fallu que Sven puisse lire dans ses pensées pour savoir ce qu’il pensait, tant sa carapace actuelle était solide. L’Irlandais ne laissa rien paraître. Il ne sauta pas au cou du Suédois. Il le fixait simplement. Le Suédois fit deux pas vers le peintre qui n’avait toujours pas bougé d’un centimètre. Sven espérait obtenir l’absolution en revenant le voir ? Bien. Sentant les larmes lui monter aux yeux et la colère lui tordre l’estomac, Nolan n’eut qu’un seul geste. Il se recula de quelques pas et referma violemment la porte que Sven dut certainement se prendre en pleine figure – oups – mais l’Irlandais ne s’en rendit pas compte, pour lui, c’était trop. S’adossant contre la porte fermée, il laissa un flot d’émotions le quitter, comme si souvent ces derniers jours. Si Sven était venu pour l’abattre, émotionnellement parlant, il avait brillamment réussi son coup. Well done.

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Sven J. Ohlsson
Sven J. Ohlsson
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Sam 22 Sep 2012, 8:08 pm
Sven J. Ohlsson



« it's killing me when you're away ... »


La porte s’ouvrit. Ouais. Elle s’ouvrit. Et le cœur de Sven, lui, fit un bond énorme dans sa poitrine. Nolan lui ouvrait. Nolan l’aimait. Il allait lui pardonner, lui sauter au cou, le serrer dans ses bras, lui murmurer des mots agréables à l’oreille, et pleurer de joie. Parce que oui, Nolan était un grand sensible. Et il pleurait pour un rien, surtout lorsqu’il était heureux. Sven l’avait appris rapidement, comme tout un tas d’autres petits détails. Ces petites choses qu’on ne remarque qu’en observant un peu plus attentivement les gens. Des petits tics. Des manières. L’amour dévoilait certaines facettes du comportement à l’œil de celui ou celle qui avait gagné le droit de partager les sentiments. Comme le suédois avec l’irlandais. Il le regardait à longueur de temps, lorsqu’il était en sa compagnie, essayant de capter toutes les petites choses qu’il pouvait attraper. Il voulait en savoir plus sur lui, apprendre à le déchiffrer, à le connaître. Pour l’aimer encore davantage. Mais depuis cinq jours maintenant, il n’avait plus eu cette occasion de contempler son petit bonhomme. Il venait de passer cinq putains de jours à l’esquiver. Merde. Il se sentait au plus mal, déprimé, en manque de sa dose de drogue. Mais aucunement une drogue au sens tel que vous pourriez l’imaginer ; cela, c’était fini depuis longtemps. Non. La seule drogue dont il ait réellement besoin, en plus de l’alcool qui était déjà une dépendance pour lui depuis plusieurs années, c’était lui. Nolan. Son petit prince. Son amoureux. Sa drogue rien qu’à lui. Qu’il se forçait à ne pas prendre. Et finalement, il avait craqué. Être loin de lui le tuait lentement et sûrement à petit feu. Et il voulait remédier à ça. Casser cette distance. Pouvoir se loger à nouveau dans ses bras. Et se sentir à nouveau entier.

Mais les choses se passent rarement comme on l’aurait imaginé, ou même voulu. Expectations and reality. Sven sentit son cœur rater un battement lorsqu’il aperçut la silhouette de son petit bonhomme, et sa tête de déterré. Il ne lui sauta même pas au cou. … Quoi ? Mais… Pourquoi Nolan ne lui sautait-il pas au cou ? Un léger vertige s’empara du suédois, tandis qu’il ouvrait doucement la bouche, et la refermait sans rien dire, intimidé par le regard froid de son petit ami. Enfin. Était-ce toujours son petit ami, au moins ? Dans la tête de Sven, évidemment. Ils n’avaient pas rompu. Lui était toujours amoureux. Et Nolan aussi… Enfin, il le pensait… Mais à en voir la tête du jeune irlandais, il commençait à avoir de sérieux doutes. À nouveau, il voulut parler, mais les mots moururent dans sa bouche, alors qu’une sensation de chaleur malfaisante se répandait dans ses muscles, et notamment dans sa nuque. Un nouveau vertige le saisit, alors qu’il se demandait ce qui se passait autour de lui. Clairement. Il était perdu. Il ne savait plus quoi penser. Nolan ne bougeait pas, se contentant de le regarder froidement, comme un étranger. Étranger. Lorsque Sven songea à ce mot, ses paupières battirent doucement, dissimulant quelques larmes instinctives qui menaçaient de couler. Non. Il n’était pas un étranger. Ce n’était pas fini. Ce n’était pas fini…

Doucement, il fit deux pas vers son petit peintre, espérant sans doute le prendre dans ses bras, ou au moins engager la conversation, s’excuser. D’ailleurs, il entrouvrit la bouche, pour ce faire, afin de paraître un peu moins gonflé et goujat, malgré les vêtements trempés et la dégaine à en faire fuir un cambrioleur professionnel. Mais, alors que les mots trouvaient enfin la voie de sortie, un claquement se fit entendre. Et sentir, aussi, très nettement. Suivi d’ailleurs d’un craquement, pour ne changer qu’une seule lettre. Sven hoqueta, le souffle coupé sur le coup de la douleur. Y avait pas à chier, le battant de la porte de Nolan était bien solide. Plus que son nez, en tout cas. Instinctivement, l’ancien militaire plaqua sa main droit sur son visage. Immédiatement, ses doigts se maculèrent de sang, alors qu’il titubait, reculant de quelques pas, sonné. Le choc entre sa tête et la porte avait été plus que violent. Et pire que cela ; inattendu. Qui aurait pu se douter qu’en revoyant son petit ami après cinq jours de silence radio, le doux et amoureux Nolan lui enverrait valdinguer sa porte en pleine figure ? Personne, de toute évidence. Surtout pas Sven, l’utopique et passionné Sven, d’ordinaire si défaitiste. Mais il fallait reconnaître qu’aujourd’hui, il inversait à la perfection les rôles avec son petit bonhomme. Il était devenu l’optimiste qui voulait tout arranger, et marier les poneys avec les licornes. Tandis que Nolan semblait avoir endossé le rôle du chasseur pessimiste massacrant les licornes parce que c’est drôle, et pour faire pleurer les enfants — et les familles des licornes décédées. Pauvre licornes.

Le suédois recula en gémissant, des larmes de douleur plein les yeux, un flot continu d’hémoglobine s’échappant de son nez ultra douloureux. Et cassé, visiblement, à en juger le bruit qu’il avait émis en rencontrant amicalement la porte. Le jeune homme secoua sa main gauche dans les airs, témoignant par ce geste naturel la souffrance qu’il ressentait en cet instant. Il ne savait même pas ce qui était advenu de son petit bonhomme, derrière la porte. Si celui-ci était resté juste derrière, ou bien s’il avait décidé de partir en courant, et de se cacher sous sa couette. Sven lâcha un petit gémissement, à mi-chemin entre la plainte et le sanglot. Puis il posa sa main gauche à plat sur le mur, et son front quelques centimètres plus bas, les yeux fermés, ses doigts droits toujours autour de son nez salement amoché. Il tremblait doucement, essayant de réprimer les gémissements qui souhaitaient à tout prix s’échapper de ses lèvres pour témoigner de sa douleur fulgurante. Quelques sanglots se firent cependant entendre. Okay. Il n’allait pas tenir longtemps. Et il allait même craquer entièrement, très rapidement. Il ravala ses larmes, pour quelques secondes encore. Il décolla sa main de son visage, portant ses doigts à sa vue, desserrant les dents pour lâcher un mot bref.

« ‘tain … »

Voilà qui résumait à merveille la situation. Il lâcha un nouveau gémissement, replaçant ses doigts sous son nez, essayant d’essuyer le sang rapidement, afin de l’empêcher de dégouliner jusque sur la moquette du couloir. Il baissa les yeux vers celle-ci, avant de les refermer immédiatement. Okay. Il venait de saccager la moquette du couloir. Il détestait tellement les coups dans le nez. C’était une des parties les plus fragiles du corps, et qui saignait vite. Très très vite. Et abondamment. Et en plus, ça ne s’arrêtait pas si facilement. Il garda le front contre le mur, la tête penchée en avant, appuyant avec son doigt, essayant d’éponger en même temps malgré l’absence de tissu ou de matière adéquate. Il renifla doucement, mais lâcha un hoquet de douleur. Oh shit. Il avait le nez pété, c’était sûr maintenant. Il crispa ses paupières, serrant les dents. Et puis, finalement, il lâcha un sanglot plus fort que les autres. Plus sonore. Il tenta de se ressaisir, mais n’y parvint pas. Les larmes roulèrent sur son visage, tombant le long de ses joues, se mêlant au sang. Il se tourna, s’adossant au mur, y calant sa tête, sans pour autant s’asseoir tout contre. Il laissa les larmes couler doucement, abandonnant sa prise sur son nez, qui n’arrêtait pas de couler. Il renifla doucement, pleurant sans pouvoir s’en empêcher. Son nez le lança à nouveau, vivement. Il se contenta cette fois de serrer les dents, et de passer un doigt sous son nez et sur sa bouche pour essuyer un peu d’hémoglobine. Au final, peut-être qu’il ne faisait qu’étaler. Mais ça lui était bien égal. À vrai dire, il était aussi bien à continuer de pleurer et de saigner, comme un clochard, devant la porte d’entrée de l’appartement de Nolan. C’était définitif, maintenant ; l’irlandais semblait bien avoir décidé de rompre. À cette pensée, le cœur du suédois se serra. Il lâcha un nouveau sanglot, posant le dos d’une de ses mains qui n’était pas taché de sang sur son front. La simple pensée de rupture venait de lui coller à nouveau des vertiges dignes de ce nom. Mais il fallait qu’il se ressaisisse. Qu’il tente de parler avec l’homme qu’il aimait. Parce que celui-ci était toujours derrière sa porte d’entrée. Sven le savait. Il le sentait. Aussi bien en tant qu’impression qu’en tant qu’odeur. Oui, même si pour le moment, l’effluve principale qu’il captait était celle de son propre sang. M’enfin. Il sentait toujours ce doux parfum qui caractérisait son petit bonhomme. Juste derrière cette porte légèrement éclaboussée lors du choc avec le pauvre nez de Sven. Celui-ci inspira doucement, se forçant à se détendre malgré la douleur et le liquide chaud qui coulait le long du bas de son visage.

« Nolan ? … » lâcha-t-il à mi-voix. Il déglutit péniblement, essayant de ne pas trop trahir la douleur qui l’agitait. « Je sais que tu es toujours là… » Il n’arrivait pas à se délecter de son effluve comme il l’aurait dû, pourtant. Le mélange d’alcool et de sang qui se mêlait à toutes les odeurs qu’il captait était presque écoeurant. « Je suis désolé si je t’ai fait peur, je ne voulais pas… » Bien sûr que non, il ne lui avait absolument pas fait peur. Loin de là. Et il le savait. Ce claquage de porte avait été volontaire. Mais vous voyez, en cet instant précis, Sven n’arrivait plus trop à se contrôler. Trop de sentiments, trop d’émotions. Tristesse, souffrance, crainte, désespoir. La boule au creux de son ventre ne cessait de grandir, l’empoisonnant, lui donnant l’impression qu’il allait défaillir. Et ce, rien qu’à l’idée qu’entre Nolan et lui, c’eut pu être terminé. Il renifla à nouveau, continuant de parler. Il ne savait même pas si Nolan l’écoutait. Mais il fallait qu’il parle. Qu’il lui parle. « Je suis désolé, je ne suis qu’un sale con… J’aurais dû te donner des nouvelles… » Sa voix se transformait lentement en gémissement. Il essaya de se reprendre, reniflant tout doucement pour tenter de ne pas trop avoir mal à son nez. Peine perdue. « Mais il fallait pas boire pour ça, Nolan… Il faut jamais boire… Jamais… » Dixit l'alcoolique. C'était un peu l'hôpital qui se foutait de la charité.

Il recommença à sangloter. Son discours perdait peu à peu de son sens. Mais il disait ce qu’il avait à dire. Il avait parfaitement assimilé l’odeur d’alcool à son petit bonhomme. Et il avait tout de suite su ce que cela signifiait. Il s’était revu, face à ses propres conneries. Et pour le coup, il avait bien souffert. Et bonjour la culpabilité. Enfin, peut-être qu’après, Nolan avait d’autres ennuis. Après tout, qu’est-ce qu’il en savait ? Ça n’avait peut-être rien à voir avec lui. Sven sentit une goutte couler le long de son cou. Il l’essuya d’un petit geste bref, pensant d’abord à une larme. Avant de se rendre compte qu’il s’agissait de sang. Super. Il serra les dents, s’efforçant d’arrêter de pleurer, d’adopter une voix plus assurée. Mais manque de bol, une voix pleureuse ne s’efface pas comme cela.

« Je ne vais pas te… Te déranger plus longtemps… » Il ne savait même plus quel terme employer. Paumé. Désespéré. Il avait juste envie d’aller se tirer une balle. Purement et simplement. « Juste, est-ce que… Est-ce que tu aurais des mouchoirs, pour moi ? Tu n’es pas obligé de m’en passer, hein, et si tu ne veux pas me voir, tu peux, heu… Enfin je peux m’éloigner dans le couloir, et tu me lances le paquet, ça ne me dérange pas… »

Mais jusqu’où pouvait aller la connerie, je vous le demande. Dans le cas désespéré de Sven, elle n’avait aucune limite. Il posa une de ses mains sur son visage, le couvrant au maximum, ignorant tout bonnement le sang qu’il pouvait malencontreusement s’étaler avec tout ça. Il resta quelques secondes silencieux, avant de se voûter légèrement, toujours contre son mur. Il aurait aimé que Nolan lui ouvre. Lui saute au cou. Lui pardonne. L’embrasse. Mais tout ceci semblait désormais à des milliers de kilomètres de là. Comme si les choses avaient changées, et de manière brutale. Comme si cinq jours avaient suffi à effacer toute trace d’amour du cœur de Nolan. Doucement, Sven laissa quelques mots glisser dans le couloir, d’une voix quasiment inaudible. Si Nolan n’entendait pas, ça n’aurait même pas été grave, ni rien. Il avait simplement besoin de dire cela à voix haute. Pour se sentir mieux.

« Je suis désolé… Je t’aime tant… »

Voilà. Il l’avait dit. En sanglotant, d’une voix imperceptible, mais il l’avait dit. Il essuya à nouveau le sang, frottant d’un peu trop près son nez. Il lâcha un gargouillement étranglé de douleur, tandis que de nouvelles larmes coulaient sans qu’il puisse les arrêter. Il se préparait mentalement à une absence de réponse. À devoir partir, retourner d’où il venait, s’occuper de son nez tout seul. Et ne jamais plus revoir Nolan. Ni le toucher. Ou l’embrasser. À ces pensées, son cœur se serra brutalement. Et un nouveau flot de larmes sillonna ses joues, sans qu’il puisse l’empêcher.

Merde alors. Sven, la tronche en sang, qui pleure comme une fille parce qu’il est amoureux et qu’il se fait jeter… Non, vraiment. On aura tout vu.

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Nolan E. Mayfield
Nolan E. Mayfield
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Ven 28 Sep 2012, 1:05 pm
Nolan E. Mayfield
L’arrivée du Suédois n’aurait pas pu tomber plus mal. Nolan était à cran et pas du tout disposé à le voir ou même à l’écouter. Oui, il lui en voulait. Il en voulait à Sven d’être venu le voir, car pour l’Irlandais, c’était une souffrance de plus, comme si Sven venait exprès pour l’achever – et chez lui en plus. Devoir affronter son regard était une chose dont Nolan se sentait totalement incapable. Oui, il y avait de quoi être surpris dans le sens où le Suédois n’avait pas donné de signe de vie depuis cinq jours, ce qui n’était pas deux mois par exemple. Mais pour Nolan, cinq jours étaient cinq jours de trop, quand on remontait un peu dans le temps pour voir la situation avant que tout ne parte en vrille. Ils s’aimaient, ils étaient heureux ensemble, qui aurait pu penser autrement ? À les voir, rien ne semblait pouvoir détruire ce qu’ils commençaient à construire lentement mais sûrement, les fondations d’un avenir commun. Tout se passait bien entre eux, pas l’ombre d’un nuage à l’horizon. Ils vivaient dans leur bulle d’amour et de papouilles sans jamais avoir de problème, sans aucune prise de tête, et surtout sans aucun mensonge. Les mensonges. L’Irlandais savait très bien que l’homme qu’il aimait s’était servi de mensonges pour le tenir à l’écart et l’éviter le plus possible. Nolan était allergique à cette forme de tromperie, depuis que son ex lui en avait fait voir de toutes les couleurs, et il avait peur que cela recommence avec Sven ; alors que tout ce qu’il voulait, c’était faire sa vie avec lui. C’était pour cette raison qu’il avait aussi mal ; il avait enfin trouvé l’homme de sa vie, il en était sûr et certain, et à cause de ces putains de cinq jours sans nouvelles, leur histoire risquait de se terminer prématurément, alors que Nolan croyait dur comme fer en leur couple. Oui, tout ceci paraissait paradoxal. Rester attaché à quelqu’un alors que l’on ne cesse de douter de sa sincérité. Et pourtant, Nolan ne pouvait pas s’y résoudre. Il était amoureux. Mais pour le moment, ce sentiment demeurait perdu parmi tout un tas d’autres comme l’incompréhension, la colère, et le mépris.

L’Irlandais n’avait pas réussi à retenir ses larmes en glissant, dos contre la porte, pour arriver par terre comme un déchet. C’en était vraiment trop pour lui, il avait mal et se sentait perdu. Il avait besoin de réponses, mais pourquoi essayer de les obtenir de la bouche de Sven s’il n’arrivait même pas à lui faire un peu confiance ? Une partie de lui avait confiance en lui, mais une autre lui ordonnait de se méfier. Qui croire lorsque l’on est dans un état pareil ? Un état bien lamentable quand on connait l’histoire du peintre et que l’on sait qu’il a vécu bien pire que ça. Mais pour lui, s’il devait perdre Sven, cela se rapporterait immédiatement à l’effondrement total de son univers. Il ne pouvait pas vivre sans lui. Même respirer en étant séparé de lui par une putain de porte était une épreuve. Et pourtant, il ne se sentait pas capable de lui ouvrir. En entendant son prénom, Nolan étouffa un sanglot. Sa voix. Cette voix qui le faisait tellement craquer dès qu’il l’entendait. Il prit un nouveau coup en plein cœur. Essayant de calmer sa crise de larmes, il tendit l’oreille pour écouter ce que Sven avait à dire. Il s’excusait de son comportement, de ne pas avoir donné de nouvelles alors que leur histoire venait à peine de débuter. Il avait bien fait de s’excuser, c’était déjà une étape de franchie. Mais Nolan n’était toujours pas convaincu. La suite le fit sourire amèrement. Nolan était adulte et vacciné, s’il avait envie de boire pour oublier, il buvait. Les gens avaient trop tendance à le couver, que ce soit ses parents – enfin, au début, après la mort de son père ce fut sa mère – ou même Sven. Le peintre avait le droit de vivre comme il l’entendait, même s’il mettait parfois sa santé en jeu. Il n’y a parfois que ces solutions-là pour pouvoir se sentir un peu vivant, ou tout simplement pour effacer de sa mémoire tous ses mauvais souvenirs.

L’alcool n’avait rien effacé de la mémoire de l’Irlandais en ce qui concernait Sven. Il se souvenait de tout : de chaque regard amoureux, de chaque baiser échangé, de chaque sourire. Tout lui revenait en pleine tête comme une énorme vague qu’il n’avait pas réussi à éviter à temps. Sven se remit à parler après une petite pause où Nolan n’avait perçu que de légers bruits dont il n’avait pas réussi à déterminer la nature. Le Suédois annonça d’un air plutôt mal à l’aise qu’il allait le laisser tranquille, mais avant de partir, il avait une requête, ce qui attisa la colère de Nolan. Des mouchoirs ? Et puis quoi encore ? Si les bruits qu’il avait entendus étaient des larmes, Sven était bien culotté de lui demander des mouchoirs. Nolan finit par se relever, pousser par une envie irrépressible d’en foutre plein la gueule à Sven – histoire de se venger en lui disant tout ce qu’il avait sur le cœur – et se leva avant d’ouvrir la porte sans aucune hésitation. Il ouvrit la bouche pour commencer à parler, mais en voyant le visage du Suédois en sang, il en oublia tout ce qu’il voulait dire et les seuls mots qu’il fut capable de prononcer furent : « Oh mon Dieu. » Finalement, le craquement qu’il avait entendu ne provenait pas de son imagination, Sven s’était réellement pris la porte dans le nez, ce qui l’avait visiblement cassé. Tremblant de tout son être et se sentant plus que mal, Nolan sauta sur lui et le tira immédiatement à l’intérieur de son appart’ (bordélique), se frayant un passage parmi toutes les affaires et en précisant bien à Sven de faire attention à ne pas se prendre les pieds dans quelque chose. L’Irlandais le laissa s’installer sur le canapé et il s’approcha légèrement de son visage afin d’examiner son nez. Il n’y connaissait absolument rien mais il fallait être idiot pour ne pas voir que le nez avait sérieusement souffert en testant la solidité de la porte. Nolan jeta quelques coups d’œil et prenant extrêmement soin de ne pas le toucher, et commença légèrement à paniquer. Il se releva et commença à tourner dans tous les sens, les mains plaquées sur sa tête tandis qu’il réfléchissait à une solution.

« D’accord, euh, reste là, ne bouge surtout pas, je vais te chercher une serviette pour enlever tout le sang. ;_; Et après, bah, je t’emmènerai vite vite vite à l’hôpital. ;____; » dit-il d’une voix hésitante et tremblante, n’osant même pas croiser le regard du Suédois.

Encore plus agité que d’habitude, Nolan se pressa d’aller en direction de la salle de bain. En chemin, il se ramassa violemment sur le sol après avoir perdu l’équilibre à cause d’un pot de peinture vide qui traînait en plein milieu du salon. Nolan lâcha un juron, ce qui le perturba encore plus. Il se trompa même de pièce, au lieu d’aller dans la salle de bain il se retrouva dans la cuisine, ce qui fit augmenter son mal-être et son agacement. Une fois dans la salle de bain, il vida tous ses placards un à un en jetant tout par terre pour trouver une serviette qui ferait assez bien l’affaire pour pouvoir éponger tout le sang que son amoureux perdait – à cette pensée, toute la colère de Nolan fut mise dans un coin, attendant que l’inquiétude ait finit de faire son œuvre pour pouvoir revenir comme si de rien n’était. Il revient aussi vite qu’il était parti, évitant tout ce qui jonchait sur le sol, et se précipita sur Sven en lui plaquant carrément la serviette sur le nez, ne se rendant pas compte que ce geste plutôt franc pouvait aggraver la chose ou tout simplement lui faire vraiment très mal.

« Oh, pardon pardon pardon pardon pardon. ;_____; » s’excusa l’Irlandais encore et encore.

Il fut vraiment tenté de lui faire un bisou magique sur le front mais une sorte de blocage s’opéra en lui, ce qui l’empêcha d’avoir un quelconque geste affectif envers Sven. Lui laissant la serviette pour qu’il s’occupe de son nez, Nolan s’assit par terre, comme accablé d’une fatalité sans nom. Il plongea son visage dans ses mains et inspira longuement avant d’expirer en essayant de refouler ses larmes. Puis il finit par se calmer, même s’il fut à deux doigts de craquer à nouveau, et osa croiser le regard de Sven. Tous deux étaient dans un sale état, et tous deux avaient besoin de réponses, c’était évident. Alors Sven, que fait-on ? On met un terme à tout ça maintenant et tout est fini entre nous, ou on efface et on recommence ? Les dés sont jetés.

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Sven J. Ohlsson
Sven J. Ohlsson
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Sam 29 Sep 2012, 7:34 pm
Sven J. Ohlsson



« you're all that i need. everything.»


Gémir, gémir, toujours gémir. Sven parvenait-il seulement à faire autre chose ? Il restait là, prostré devant l’entrée de l’appartement de son petit ami. À se plaindre sur son sort. Mais au fond, ne l’avait-il pas tout simplement cherché ? Nolan refusait de lui parler, il refusait même de le voir. Qui aurait pu lui en vouloir ? Le suédois l’avait abandonné, lâchement, tout bonnement. Il lui avait menti, avait prétexté des excuses bidons pour ne pas le voir, rester à l’écart. Et franchement, il commençait justement à se demander pourquoi il avait fait ça. C’est vrai, après tout, il avait eu peur de le contaminer, de transformer son petit ami en loup-garou. Mais on n’était pas la pleine lune. Et Sven n’avait pas pour habitude de mordre l’être qu’il aimait jusqu’au sang. Alors Nolan ne courait aucun risque. Mais ça, il était trop stupide pour s’en être rendu compte ; alors il était resté dans son coin, à se morfondre, durant cinq jours. Cinq putains de jours où il avait ressassé son malheur autant que son mal-être. Au lieu de se bouger, et d’exposer les faits à son petit bonhomme. Ouais, maintenant, Sven était un loup-garou, qu’il le veuille ou non ; et c’était incurable. Alors il allait falloir faire avec. Et accepter tout cela. Ou bien le rejeter définitivement. Mais ça, il n’était pas sûr d’être capable de l’encaisser. Alors il était resté à l’écart, sans se rendre compte que cet acte le rapprocherait bien plus fatalement de la rupture avec son homme que le fait de lui dire la vérité. Sven pouvait être assez stupide, parfois, voyez-vous. Et ces derniers temps, il l’avait été tout particulièrement. Il s’était pourri de l’intérieur, et à en juger par les effluves d’alcool qui émanaient de l’appartement de son petit ami, celui-ci aussi avait pâti de sa connerie. Comme d’hab’, quoi. Sven était tellement noir qu’il n’arrivait qu’à faire plonger ceux qu’il aimait, un jour ou l’autre. Son manque de confiance en lui le détruisait, et il était intimement persuadé que son entourage s’en retrouvait lui aussi touché, et démoli. La preuve. Ses parents étaient morts, son frère dans le coma, son ancien meilleur ami mort au combat, ses frères d’armes descendus également dans un assaut, et même son actuel petit ami se mettait à boire. Boire. À cette pensée, la bouche de Sven se fit pâteuse. Il l’ouvrit légèrement, faisant claquer sa langue, au milieu de ses larmes. Le manque d’alcool se faisait ressentir en chaque parcelle de son corps. Il aurait eu envie de boire. De se saouler la gueule, comme dirait l’autre. Juste histoire de trouver un peu de réconfort. L’ancien militaire était alcoolique ; ce n’était pas nouveau. Et ce petit détail qu’on aurait eu tendance à oublier était pourtant majeur. Là, il avait beau avoir bu un peu avant de venir, il avait besoin d’évacuer son stress, de se détendre. De se bourrer d’alcool, d’être plein comme une jarre. Ramper dans son appartement, en chouinant ses malheurs et son amour pour Nolan. Et pourtant, il était là. Devant sa porte, à se laisser tranquillement aller, en larmes, le visage maculé du sang s’échappant de son nez cassé. Le programme le plus facile, il l’avait définitivement rayé pour la soirée. Il ne voulait plus s’échapper. Il n’avait plus envie de laisser les choses s’enfoncer. Il allait affronter son démon, et sa peur. Et surtout, bien pis que tout cela, le regard noir de l’homme qu’il aimait.

Celui-ci fit d’ailleurs son apparition, ouvrant la porte d’un air déterminé. Les yeux larmoyants de Sven le détaillèrent durant quelques secondes. Et là, il crut que Nolan allait le pourrir verbalement. L’incendier. Rompre. Tout ce qu’il aurait été parfaitement en droit de faire. Mais non. La mine dure de son petit prince se décomposa subitement tandis qu’il jurait. Le suédois se demanda tout d’abord la raison de cette surprise. Puis il se souvint de son nez. Et immédiatement, sa main se plaqua devant pour retenir le sang qui continuait de couler sans qu’il puisse l’en empêcher réellement. Et, alors qu’il pensait que Nolan allait l’insulter d’avoir sali la moquette, alors que lui-même était sur le point de promettre qu’il allait nettoyer, l’improbable se produisit. Nolan l’attrapa pour le tirer à l’intérieur de l’appartement. Durant l’espace de quelques minutes, le cerveau de Sven se mit à fonctionner au ralenti. Il ne comprenait pas ce qui se passait. Quoi ? Son petit bonhomme l’avait fait entrer ? Après tout le mal qu’il lui avait fait ? Puis, il comprit que c’était pour son nez. Ah. Oui. Le nez. S’asseyant comme on lui ordonnait, le lycanthrope s’efforça de sécher ses larmes, et de faire disparaître toute trace de chagrin. Ce qui était bien sûr impossible. Il avait une tête de déterré, la tronche en sang, et les yeux bouffis de larmes. Rien de sérieux ou de convaincant. Ouais. C’était une loque. Une loque amoureuse. Et il s’en voulait cruellement. Mais en attendant, ce foutu nez avait réussi ce que le pauvre Sven tentait depuis plusieurs minutes à la loyale ; entrer dans l’appart’ de son bien-aimé. Comme quoi, les techniques les plus efficaces ne sont pas toujours les plus honorables.

Sven cligna des yeux, encaissant ce qui se déroulait. Il avait l’impression d’être spectateur de sa propre vie, qu’on jouait un film sous ses yeux. Nolan venait d’examiner son nez, et paniquait très efficacement. Heureusement — ou malheureusement — le suédois était dans un état second, et n’imprimait qu’un mot sur deux. Ce qui se résumait à un charabia incompréhensible. Il aurait voulu lui dire de ralentir, de se calmer, de prendre son temps, que t’façon son nez pourrait difficilement être dans un plus mauvais état. Mais non. Il ne parvenait qu’à fixer la bouteille d’alcool vide sur la table basse de son petit prince. Et se dire que merde, quand même. Il l’avait poussé à vider ça, avec ses conneries. Il était véritablement le plus indigne des petits amis. Son chéri avait noyé sa peine dans l’alcool, par sa faute. Et ça, il ne se le pardonnerait jamais. Mais soudain, alors qu’il s’insultait intérieurement à la vision de cette bouteille, un mot le fit tiquer. Hôpital. WHAT ?! Ah mais non. Nooooon non non. Pas question d’aller à l’hôpital. On aurait pu lui arracher le nez qu’il aurait refusé de s’y rendre, vous allez me dire, mais tout de même. Il avait eu sa dose d’hosto pour les trente prochaines années, avec le bienheureux accident qui les avait faits se rencontrer. Trente… Voir quarante. Cinquante. Pour toute sa vie en fait. Quand on a survécu à une vertèbre qui vous sort du dos, un nez cassé ne vous traumatise pas franchement. Mais malheureusement, Sven n’eut pas le temps de répliquer que son Nolan était déjà reparti. Il garda la bouche entrouverte, avant de réaliser que le peintre avait déjà foncé vers la salle de bain. Un bruit assourdissant le fit immédiatement pivoté, tandis qu’il voyait son petit ami se relever en grommelant un chapelet de juron, et repartir à l’assaut de ses tiroirs et placards. Là encore, Sven ne parvenait pas à percuter. Ouais, il était particulièrement long à la détente. Et alors ?

Une serviette se retrouva plaquée sur son nez sans qu’il ait le temps de dire ouf. Ou même de comprendre quoique ce soit. Il poussa un gémissement de douleur, éloignant doucement le tissu. Mais étonnamment, cela lui fit bien moins mal que ce à quoi il aurait pu s’attendre. Mais trop tard ; Nolan se confondait déjà en excuses. Sven agita doucement la main tout en commençant à ôter le sang, petit geste pour témoigner de la non-gravité de son empressement. Ça faisait moins de mal que ce que ça n’aurait dû. Alors bon, pas besoin d’en faire tout un plat. Sven sentait tout de même son nez dans un angle pas tout à fait droit. Il serra les dents. Et brutalement, le replaça. Un frisson atroce de douleur remonta le long de son échine. Il retint un cri de douleur, se contentant d’un soupir de soulagement, et de quelques larmes refoulées. Puis il se força à se détendre. Et laissa lentement tout ce qui venait de se passer monter jusqu’à son cerveau.

La douleur de son nez était moindre, par rapport à l’instant où celui-ci avait heurté la porte. Et ce n’était pas normal. Sven avait beau réfléchir, il ne voyait qu’une réponse possible à cette étrangeté ; il cicatrisait plus vite que la normale grâce à sa nouvelle nature. Hallelujah. Et comment le cacher à Nolan, maintenant ? Il soupira doucement, avant de plonger ses yeux dans ceux de son petit bonhomme. Celui-ci semblait paumé. Qui ne l’aurait pas été ? Le suédois se sentit con. Encore davantage que d’habitude. Un petit sourire triste et larmoyant se peignit sur ses lèvres, tandis qu’il inspirait profondément. Le tout, c’était de ne pas faire de conneries. Il était là, assis à côté de l’appartement de Nolan, qui était plus un véritable foutoir qu’un appartement Nolanien, mais tout de même. C’était le nid de son p’tit bonhomme. La trace écrasante de son état psychologique déplorable de ces derniers jours. Un véritable bazar, où tout trainait. Des vêtements, des toiles, des pots de peinture, des bouteilles, et tant d’autres choses. On aurait dit le studio de Sven. Pas celui de Nolan. Le cœur de l’ancien militaire se serra, tandis qu’il réalisait un peu plus encore l’ampleur des dégâts qu’avait causés son silence. Il fallait qu’il se rattrape. Il n’aurait pas supporté la fin de leur relation. Il le savait. Doucement, ses yeux s’embuèrent, alors qu’il les plongeait un peu plus profondément dans ceux de celui qu’il aimait. Cartes sur table p’tit père. On la joue franche.

« Merci pour la serviette. » Hum. C’est petit, ça, mon vieux, tout de même. « Tu t’es pas fait mal en tombant ? ;_; »

Oui parce que mine de rien, il s’inquiétait aussi. Et ses sourcils délicatement froncés en une moue inquiète en témoignaient parfaitement. Il déglutit péniblement, tamponnant le bas de son visage pour enlever encore un peu de sang, avant d’appuyer doucement sur son nez. Il n’avait pas envie de rester planté là. Il se sentait con. Il fallait qu’il lui dise. Qu’il lui dise ce qu’il avait sur le cœur. Qu’il lui dise tout, absolument tout. Mais s’il le faisait, il avait peur que Nolan parte. Ou plutôt, ne le foute dehors. Mais dans la vie, il faut savoir prendre des risques. Pire, même. Se lancer dans la gueule du loup.

Sven ferma doucement les paupières, quelques secondes. Puis il les rouvrit. Et là, ses prunelles plongèrent dans celles de celui qu’il aimait, son regard plus franc que jamais. Et il ouvrit la bouche. Ne se rendant même pas compte de ce qu’il était capable de dire.

« D’accord, j’y arrive pas. J’ai jamais été doué pour tourner autour du pot, et essayer de me rattraper avec classe pour bien retomber sur mes pieds. Je suis ce qu’on pourrait appeler un simplet, dans le genre, mais c’est comme ça. J’ai pas envie de m’excuser, parce que je sais très bien ce que tu pourrais me dire ; mes excuses valent pas grand chose, ça sert à rien des excuses quand on sait pas ce qu’il y a derrière. Ou quand on n’applique pas après ça. Les mecs c’est des professionnels des excuses, et des résolutions qu’ils tiendront jamais. Et j’ai horreur de ça. Pourtant, là, maintenant, j’ai juste envie de te demander pardon jusqu’à crever de déshydratation. » Il abaissa sa serviette, sans se douter que la plaie de son nez ne saignait quasiment plus, et que son arête nasale ne présentait plus qu’une vilaine coupure soulignée d’une barre bleue, vers le haut, indiquant l’endroit de la cassure. Il passa une main sur son visage, poursuivant sans que Nolan n’ait eu le temps d’en placer une. « Parce que j’m’en veux. Tellement. Je sais pas si tu réalises que j’ai fait la plus grosse connerie de ma vie, mais moi j’en ai bien conscience, et ça me bouffe comme la peste depuis cinq jours. Mais je continue sur ce chemin. Le chemin de la lâcheté. Tu sais, ce truc dans lequel je suis champion. » Il grinça doucement des dents, les yeux baissés vers la moquette. Il allait falloir qu’il songe à se rattraper. « Ce soir j’en ai eu assez. Marre de te fuir alors que je veux juste courir me jeter dans tes bras. Marre de rester enfermé chez moi, à boire comme un trou dans mon lit froid alors que je pourrais être bien dans tes bras tous chauds. J’ai pas envie de fermer les yeux si c’est pas à tes côtés. J’ai pas envie de les ouvrir si ce n’est pas pour te voir. Ça ne sert à rien. Ça ne sert même à rien de vivre, si c’est pour que tu me fuies, que tu me détestes, ou même si c’est pour te voir vivre avec quelqu’un d’autre. J’en peux plus. Sans toi, j’existe plus. C’est comme couper l’air d’un plongeur. Il se noie. Ben j’me noie. Ça fait cinq jours que je suis en apnée. Et j’ai les poumons qui vont exploser. J’ai mal au cœur, à chaque minute qui passe. Comme si je retournais moi-même le poignard que je me suis enfoncé comme un con, en me mettant à t’éviter. T’es le seul au monde capable de me faire reprendre une bouffée d’oxygène, et de m’éviter de mourir. J’ai quasiment tout perdu, sur cette putain de planète. Sauf toi. T’es la seule petite lueur qui me donne envie de me lever le matin, et d’affronter ces journées plus pourries les unes que les autres. Si c’est pour les passer loin de toi, moi, j’me lève pas, je préfère crever sous ma couette. J’ai pas envie de vivre si c’est pas pour être à tes côtés. » Sven ne se rendait pas compte qu’il s’était mis à jouer nerveusement avec la serviette trempée de sang, essuyant son nez avec le revers de sa manche. Il avait les sourcils froncés, la mine sérieuse. Et, sur sa dernière phrase, il avait plongé son regard dans celui de Nolan. Lui servant sur un plateau d’argent toute la franchise et l’honnêteté qu’il avait au fond du cœur. « Je t’aime. » lâcha-t-il le plus simplement du monde, d’une voix ferme et déterminée.

Il ne savait pas où il allait. Mais il savait que tout ce qu’il disait venait du cœur. Ses coudes étaient posés sur ses genoux, tandis qu’il était légèrement voûté vers l’avant, son regard plongé dans celui de son petit bonhomme. Et il poursuivit. Parce qu’il n’avait pas fini de se déballer. Et qu’il était loin d’avoir tout dit.

« Alors je comprends que tu sois en colère. Et tu m’as cassé le nez, ce truc que je n’ai pas eu le courage de me faire tout seul, mais que j’ai bien mérité. Je te suis reconnaissant de ne pas m’avoir sauté dans les bras lorsque tu m’as ouvert, même si ça m’a fait mal au point d’en crever sur place. T’as eu raison. Mais je sais pas à quoi tu t’attends réellement. J’en sais vraiment rien. Je peux juste te dire que si tu espères que je sois venu pour rompre, tu risques d’être déçu. Bien entendu, tu as tout à fait le droit de décider d’en finir avec moi, si ça te tient à cœur, ou si tu ne peux plus supporter l’idée d’être en ma présence. J’pourrais pas t’en vouloir, je l’aurais mérité. Mais moi, j’suis pas là pour ça. Il fallait que je t’explique, que je m’explique. Que je te dise à quel point je t’aime. Parce que je n’imagine plus une seconde mon futur sans toi. » Doucement, il se pencha davantage, glissant une main sur la nuque de son petit bonhomme, approchant son visage du sien. Il ferma doucement les yeux, tandis que ses lèvres se posaient avec fermeté sur son front. Il se retira très rapidement, le lâchant dans la même veine. Un baiser bref, mais sincère. Affectueux. « Pire même, ça me rend malade. »

Ses yeux s’ancrèrent à nouveau dans ceux de son petit ami. Enfin, ce qu’il restait de son petit ami. Il prit une nouvelle inspiration, déglutissant doucement.

« J’me rends malade à t’imaginer finir ta vie avec un autre. Je ne veux voir personne d’autre à tes côtés. Je crois que ça me détruirait. J’ai placé tout ce qui me restait en toi, t’es le seul à parvenir réellement à me tirer vers le bon côté de la corde sur laquelle je marche en permanence. Si tu me lâches, je vais aller m’écraser au fond du gouffre, je le sais. Mais j’ai pas envie que tu aies pitié de moi, et que tu restes à mes côtés juste pour ça. Moi, je t’aime. Je ne veux jamais plus avoir à m’éloigner de toi. Je ne veux même plus avoir à vivre loin de toi. J’vais acheter une tente, et la planter dans ton couloir. Par-dessus la moquette couverte de sang, histoire de cacher les taches par la même occasion. » Il eut un petit sourire, le premier depuis longtemps. Son cœur continuait de déverser ses sentiments à flot, alors que ses doigts s’aventuraient brièvement sur la joue de Nolan pour l’effleurer avec tendresse. « Je t’aime, bonhomme. Comme j’ai jamais aimé personne. C’est en ayant fait la pire des conneries que je m’en suis réellement rendu compte. Avant, je le savais. Maintenant, je sais surtout que c'est ça qui me fait vivre. C'est pour ça que je persiste à croire qu’entre nous c’est pas fini. Parce que si ça l’est, je peux direct aller me jeter du haut de mon appart’. Depuis que je te connais, j’ai l’impression de… De recommencer à vivre, tout simplement. Et je refuse de croire que tout ça c’est terminé. Que ma p’tite luciole s’est éteinte. Ma veilleuse, qui me rassure toujours quand j’ai peur du noir. J’arrive pas à imaginer que la seule personne au monde capable de me faire espérer et croire en moi me laisse tomber. » Il s’interrompit quelques secondes, secouant la tête sans le quitter des yeux. Puis son index se glissa sous le menton de son petit bonhomme, pour un simple petit contact bref et affectueux. « Mais si t’as décidé de t’éteindre, et de me faire sortir de ta vie, je comprendrais, et je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même. Je voulais juste te dire tout ça, en fait. J’avais besoin de te dire que je t’aime. Et que je ne me représente plus une seule seconde ma vie sans toi. T’es ma seule raison d’être. Et de vivre. » Le sourire du suédois trahissait sa tristesse et sa sincérité. Doucement, il soupira. « Et je suis sincèrement désolé. Ça m’a servi de leçon. Je recommencerai plus jamais. T’as le droit de me frapper si tu veux. Ou même de me chasser de chez toi. De rompre. De me hurler dessus, de m’insulter, ‘fin bref, ce que tu veux. Ça changera jamais rien. »

Il s’avança vers son petit bonhomme, effleurant le bout de son nez de ses lèvres douces. La conclusion de son discours se fit entendre, alors qu’il ne reculait que très peu son visage pour le conserver à quelques centimètres de celui de son irlandais. Ses yeux restèrent plongés dans les siens, plus profond que jamais, alors qu’il soufflait ces trois simples mots, honnête comme jamais.

« Je t’aime. »

Il resta là, penché vers lui, entre deux eaux. Il avait dit ce qu’il avait à dire. Et jamais il ne reviendrait dessus. C’était ce qu’il pensait, au plus profond de son être ; qu’aurait-il eu à regretter ? Maintenant, c’était à Nolan de décider ce qu’il allait en faire. Et quelle que soit sa décision, Sven l’accepterait. Il avait ouvert son cœur, et se sentait infiniment plus léger. La suite des réjouissances n’était plus de son ressort. Il ne pouvait qu’espérer que son petit bonhomme resterait à ses côtés. Parce que comme un idiot, il croyait en leur amour. Plus qu’il n’avait jamais cru en quoique ce soit durant ses vingt-neuf périlleuses années de vie.

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Nolan E. Mayfield
Nolan E. Mayfield
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Sam 06 Oct 2012, 7:00 am
Nolan E. Mayfield
L’Irlandais ne bougeait pas, préférant la dureté du sol plutôt que la mollesse confortable du canapé sur lequel était assis Sven. Nolan n’avait pas osé l’y rejoindre, parce qu’il avait peur que cela nuise à son état, et aussi parce qu’il était tout simplement beaucoup plus distant avec le Suédois. Il n’avait pas imposé une distance par plaisir, elle s’était imposée d’elle-même, depuis qu’il avait supposé que son petit ami ne voulait probablement plus de lui. Lorsque Sven lui demanda s’il ne s’était pas fait mal lorsqu’il était tombé en allant chercher une serviette, l’Irlandais haussa les épaules, indifférent, comme si cela lui était complètement égal. Au pire, il allait avoir un énorme bleu sur le bras, ce qui n'était rien ; il avait déjà vécu bien pire comme blessure après tout. « Tu t’inquiètes pour moi maintenant ? C’est nouveau. » ironisa mentalement l’Irlandais, surpris d’un tel intérêt de Sven à son égard, ce qui changeait de ces derniers jours où il n’avait fait que de le repousser sans aucune explication. Le laissant s’occuper de son nez, Nolan se mit à réfléchir. Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire maintenant qu’il avait laissé Sven entrer chez lui ? Il n’en savait rien. Il allait probablement le foutre dehors après lui avoir filé une boîte d’aspirine – enfin, s’il en trouvait étant donné qu’il les avait toutes vidées comme des sachets de bonbons. Il aurait sûrement fait cela si Sven ne s’était pas rapproché de lui pour lui parler. Nolan eut envie de reculer, de le fuir, mais cette proximité avec le Suédois le figea sur place. Et puis il commença à parler. Sans s’arrêter. Nolan voulut en placer une à plusieurs reprises mais Sven ne le laissa jamais parler. C’était lui qui s’exprimait, et il irait jusqu’au bout. Alors l’Irlandais l’écouta, sans rien dire, sans s’interposer. Et ce qu’il entendit l’ébranla complètement. La sincérité de Sven le fit tomber de haut, il était loin de se douter de tout ce qu’il avait sur le cœur. Il ne lui avait jamais parlé de tout cela, et Nolan se sentit triste. Pas triste par rapport à ce que le Suédois lui disait, mais triste qu’il ne lui ait pas dit tout cela avant. Le laissant finir et ne le repoussant à aucun moment – comme lorsqu’il s’approcha pour bisouter son nez – Nolan resta de marbre, à le fixer. Puis d’un coup, il leva sa main en l’air comme pour le gifler, mais le coup n’arriva jamais. Finalement, sa main retomba mollement et il se contenta d’abattre ses petits poings de crevette contre le torse de Sven. Il n’allait certainement pas lui faire très mal, mais bon, c’est Nolan quoi.

« Et tu n’aurais pas pu me dire ça avant ?! » chouina l’Irlandais en relevant légèrement la tête pour regarder son amoureux dans les yeux. « Si tu n’avais pas autant tardé à te rendre compte de tout ça, ça nous aurait certainement évité de nous faire tant de mal. » affirma le peintre d’un air dur, toujours en train d’abattre ses petits poings sans force sur le torse de son amoureux. « Alors excuse-moi de te le dire, mais tu n’es vraiment qu’un abruti Sven. » déclara Nolan sur un ton sec. Il balança cette légère insulte sur le coup de la colère, mais ses traits finissant par se détendre petit à petit, la culpabilité pointa le bout de son nez et il trouva injuste de l’avoir insulté de cette manière. Posant ses mains sur les joues de son Suédois, et calant son front contre le sien, Nolan resta plusieurs longues minutes comme cela, silencieux, presque songeur. Puis finalement, ses lèvres hésitantes allèrent effleurer celles de l’homme qu’il aimait, n’osant pas quémander un baiser. Lentement, elles allèrent se nicher à la commissure des lèvres si douces de son bien-aimé, pour y déposer un léger baiser, presque imperceptible. « Mais un abruti que j’aime. » murmura l’Irlandais en se reculant doucement.

Cela pouvait paraître idiot malgré le long discours prononcé par Sven, mais Nolan n’osait pas s’ouvrir de nouveau à lui. Il s’était encore une fois réfugié derrière sa carapace, et même la sincérité du Suédois n’avait que très peu fissuré les barrières qui le séparaient de celui qu’il prétendait aimer. Nolan le croyait, mais sa fâcheuse tendance à se cacher derrière un mur de silence dès que quelque chose compromettait la survie de son couple, il ne pouvait s’y résoudre. L’Irlandais ordinairement si joyeux et plein de vie apparaissait au final comme triste, terne, vidé de tout semblant d’humanité. Il n’était plus grand-chose, si ce n’était qu’une ombre voulant se fondre dans les ténèbres plutôt que de se battre pour retrouver la lumière perdue de vue. Et pourtant, malgré son comportement fuyant, il y avait une chose que Nolan ne pouvait nier, même avec toute la bonne volonté du monde, c’était son amour pour Sven. Il était complètement accro à lui. À son sourire, son odeur, son rire, sa tendresse. Tout, absolument tout chez lui avait rendu l’Irlandais totalement dépendant. Si bien qu’il préférait finir sa vie au fond du trou plutôt que de se retrouver sans lui. Jamais il n’avait été comme cela auparavant, pas même avec ses anciens petits amis. C’était la première fois que Nolan avait quasiment confié sa vie et tout l’amour dont il était capable entre les mains de quelqu’un. Comme un toxicomane qui avait besoin de sa dose quotidienne, Nolan avait besoin de Sven. Et son absence durant cinq longs et douloureux jours l’avait rendu dans un état de manque inquiétant, d’où le bordel accumulé dans son appartement, d’où les bouteilles d’alcool achetées dans l’espoir de l’oublier ne serait-ce qu’une soirée. Pour oublier le manque, l’Irlandais devait trouver d’autres alternatives. Sa vie était devenue un bordel sans nom, et il n’y avait que le Suédois qui était capable de pouvoir y mettre un peu d’ordre. Pas nécessairement tout arranger, mais seulement replacer dans le bon ordre les principales pièces du puzzle, celles qui permettaient à l’Irlandais de rester debout et de tenir bon.

« J’ai plus que jamais besoin de toi, Sven.. » confia-t-il en se blottissant contre le Suédois, s’imprégnant de son odeur autant qu’il le pouvait. « Ces cinq jours ont été les plus longs et les plus horribles de ma vie. T’as pas idée à quel point tu m’as fait du mal. Mais d’un côté, je suis incapable de t’en vouloir, parce que je t’aime. Et ça me rend dingue de me rendre compte à quel point je suis accro à toi. » il renifla assez bruyamment, pour refouler ses larmes. « J’ai tendance à être un peu trop possessif, je sais, et je me fais du mal à cause de ça, je le sais aussi ; mais.. » Il marqua une pause, cachant sa tête dans son cou. « … Tu es l’homme de ma vie, tu n’as pas le droit de me laisser tomber. »

S’accrochant désespérément à la veste du Suédois, Nolan se mit à sangloter silencieusement, tremblant dans les bras de son amoureux. Il n’aimait pas craquer devant Sven, il avait horreur de ça. À chaque fois il avait l’impression de passer pour le petit ami faible et pleurnichard face à son chéri qui était quelqu’un de fort et de courageux. Nolan l’admirait dans un sens, Sven montrait rarement ses faiblesses, même s’il savait très bien que derrière son côté ours bourru et insensible se cachait une personne aussi fragile qu’un enfant. Mais Sven savait le cacher, contrairement à Nolan qui essayait bien souvent de prendre exemple sur lui. À part quelques peintres qu’il admirait pour leur art, l’Irlandais n’avait jamais réellement eu de modèle, humainement parlant. Et depuis qu’il avait rencontré et fait la connaissance de Sven, et surtout depuis qu’ils étaient ensemble, il avait trouvé son modèle, celui à qui il aurait voulu ressembler dès sa plus tendre enfance. Changer radicalement était impossible pour Nolan, et ce n’était pas son but, mais s’il pouvait au moins s’inspirer de l’exemple que reflétait Sven à ses yeux – peu importe son passé – alors c’était pour lui le plus beau cadeau. Nolan ne lui en avait jamais parlé et il n’en avait pas l’intention. Il avait encore beaucoup de boulot, sachant qu’à ce moment précis, il était loin de ressembler à son modèle, puisqu’il pleurait dans ses bras. Toute cette accumulation de pression depuis cinq jours qui s’échappait enfin, Nolan n’avait pas pu résister. Quelque part, même en essayant de changer, il serait toujours plus faible que Sven. Se décollant légèrement de son chéri, Nolan s’essuya les yeux avec un pan déchiré de son vieux t-shirt usé et couvert de taches de peinture sèche, avant de plonger son regard dans celui de son amoureux. Il détailla lentement son visage, ne voulant que rien ne lui échappe, au cas-où l’Irlandais serait en train de délirer et que son amoureux n’était pas réel, et qu’il se décide à disparaître en un nuage de fumée. Néanmoins, Nolan ne pouvait pas délirer puisqu’il avait glissé l’une de ses mains dans l’une de son amoureux ; à moins que l’alcool n’ait réellement attaqué son cerveau et qu’il se retrouve avec de graves hallucinations tactiles. Pas cool. Mais l’Irlandais s’en foutait, il était persuadé d’avoir son Suédois en face de lui. Un détail assez flagrant vint cependant troubler le jeune peintre. Son nez. D’après ses vagues souvenirs d’il y a quelques minutes, Nolan se souvenait de son nez en sang et visiblement plus très droit, après qu’il se soit pris la porte d’entrée dans la figure de plein fouet. Mais là, on aurait dit que plus une seule goutte de sang ne s’échappait, et qu’un simple bleu était apparu, là où le nez avait été fissuré à cause du choc. D’expérience, Nolan savait que des os ne pouvaient pas se ressouder aussi rapidement. Lui-même avait passé plusieurs mois à se remettre de ses côtes cassées. L’Irlandais était paumé, il n’avait pas pu rêver puisque la serviette qu’il lui avait prêtée était plus imbibée de rouge que composée de sa couleur d’origine. Affichant un air déconcerté, Nolan leva doucement une main et son index alla légèrement effleurer l’arrête du nez qui semblait étrangement cicatriser très vite.

« J’comprends pas, tu étais en sang il y a deux minutes et là, plus rien... » Il passe une main dans ses cheveux, signe qu’il était complètement paumé. « J’ai sûrement dû trop boire ou j’dois certainement avoir des hallucinations, parce que je comprends vraiment plus rien là... ;_; »

Il avait beau faire fonctionner ses neurones, l’Irlandais était complètement perdu. Peut-être qu’en fait il ne lui avait pas fait si mal que ça, mais tout le sang perdu attestait que ce n’était pas une simple blessure légère. Trop de questions d’un coup, Nolan allait probablement devenir fou d’ici les minutes à venir. Sauf si Sven se décidait enfin à l’éclairer un peu.

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Sven J. Ohlsson
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Dim 07 Oct 2012, 6:20 pm
Sven J. Ohlsson



« i want you to promise, that you'll never let me go.»


Sven était plus perdu qu’il ne l’avait jamais été dans sa vie. Malgré son impulsivité, il avait toujours tenté de garder un peu de recul sur les choses, afin de ne pas s’engager dans un chemin sans en voir le bout. Mais là, il avait carrément foncé dans la seule voie sombre et sans fond. Peut-être serait-ce une impasse, et peut-être pas. Il n’avait aucun moyen de le savoir. Pourtant, il s’était lancé, sans hésiter l’ombre d’une seconde. Il avait fallu qu’il ouvre son cœur à l’homme de sa vie. Car oui ; c’était ainsi qu’il voyait Nolan, désormais. Pourtant, il n’aurait pu l’avouer. Il avait l’impression que cette idée était stupide, dénuée de sens ou d’intérêt ; qu’il n’avait aucune raison de penser à une telle ampleur. Ils n’étaient pas ensemble depuis longtemps, aussi le suédois avait-il du mal à accepter l’idée d’énoncer à voix haute ce qu’il ressentait pour le jeune peintre. Il avait déjà bien avancé avec sa déclaration, mais cela ne semblait pas suffisant. Ça ne l’était pas. Pourtant, Sven s’en fichait. Il se sentait juste bien. Léger. Vide. Même si la situation avec son petit ami n’en était pas pour autant arrangée, il avait dit ce qu’il avait à dire. Et maintenant que les choses étaient sorties, c’était un soulagement. Et il avait l’impression qu’il pourrait repartir avec un nouveau départ. Il n’en était rien ; il allait devoir assumer chacun de ses mots. Et pour la première fois de sa vie, aussi étonnant que cela puisse paraître, il acceptait cette idée. Il subirait la colère de Nolan, si colère il y avait. Il encaisserait tout. Parce que sa sincérité méritait de tenir la tête haute. Et ce, jusqu’au bout.

Lorsque notre ours vit la main de Nolan se lever comme pour lui asséner une gifle, il sentit son cœur rater un battement. Mais au final, il n’en était pas mécontent. Il le méritait. Ç’aurait été le point final à sa punition, pour avoir laissé tomber son petit bonhomme aussi lâchement et cruellement, pendant cinq putains de jours. Oh oui, il le méritait. Mais la claque n’arriva jamais. Un petit poing s’écrasa sur le torse de Sven, qui n’esquissa pas le moindre mouvement, s’étant à peine reculé dans son canapé pour le laisser respirer. Le cœur précédemment si léger du suédois se serra, tandis que Nolan frappait de manière répétitive son torse. Bien que ces coups ne lui faisaient pas le moindre mal physiquement, mentalement c’était difficile. La culpabilité venait de remonter en flèche, malgré les aveux. Sven ferma à demi les yeux, fuyant le regard de son petit ami pour se concentrer sur chaque petit martèlement contre sa poitrine. Il écouta ce que son irlandais avait à lui dire. Et encore une fois, il eut mal. Oh, il avait l’habitude qu’on le traite d’abruti. Et même que Nolan le traite d’abruti. Oui mais voilà ; de sa part, sans la moindre pointe d’ironie, ça devenait infiniment pire qu’un coup de poignard en traître. Pourtant, l’ancien militaire ne pouvait nier une chose ; son bien-aimé avait entièrement raison. Et encore, le mot abruti n’était qu’un euphémisme. Les larmes montèrent très légèrement aux yeux de notre ours, nouveau. Puis, il sentit les petits coups s’arrêter. Et deux mains douces se poser sur ses joues. Il n’avait rien répondu, estimant avoir dit tout ce qu’il avait à dire — ou presque. Le front de l’homme qu’il aimait se posa contre le sien, tandis qu’il affichait une moue triste et blessée, malgré ses yeux toujours à moitié fermés. Étrangement, il recommençait à s’apaiser. Un contact plus doux, moins violent ; la colère de son petit bonhomme semblait s’être légèrement atténuée. Et la tendresse revenait. Les minutes s’écoulèrent doucement, tandis que Sven inspirait longuement, tentant de faire un peu de tri entre les battements frénétiques de son cœur et ses pensées confuses. C’était le chaos, là-haut, dans son esprit. Pourtant, chaque pensée faisant surface d’une manière ou d’une autre avait un point commun avec les autres. Une unique similitude, mais tellement importante. Sven aimait Nolan. Et ce, quoiqu’il arrive. C’était donc loin d’être négligeable.

Mais soudain, alors que notre suédois était toujours en quête d’une quelconque excuse censée à présenter à son petit ami, l’inattendu se produisit ; les lèvres de son amour effleurèrent lentement les siennes, hésitantes à lui donner un baiser. Immédiatement, il sentit comme une nuée de papillons s’envoler dans le creux de son ventre. Signe caractéristique de l’amour … Il ferma définitivement les yeux, laissant son petit bonhomme poser un baiser à la commissure de ses lèvres. Il se sentit enfin bien. Enfin complet, après cinq jours à se chercher, à se maudire, à se haïr. Enfin, pour la première fois depuis plusieurs journées et plusieurs nuits, il avait l’impression de vivre. Et qu’à nouveau, il pourrait être heureux. Finalement, quelques petits mots s’échappèrent de la bouche de son aimé. Le cœur de Sven s’accéléra encore un peu, tandis que ses paupières se rouvraient, ses prunelles cherchant le regard de Nolan. Il l’aimait. Ce n’était pas une nouveauté, mais c’était davantage flagrant à chaque minute qui passait. Sven était perdu d’amour pour son joli peintre, ses grands yeux chocolat, son sourire heureux, naïf et épanoui, ses doigts si beaux et si doux, soi-disant abîmés par la peinture, ses vêtements toujours tâchés par sa passion, amples et trop grands, son caractère rêveur et utopiste, son imagination et ses copines licornes. Son Nolan. À lui, et à personne d’autre. Et ce, jusqu’à la fin de sa vie. Possessif ? Absolument. Jaloux ? Encore pire. N’importe quel homme se serait trop approché de son petit bonhomme qu’il aurait passé un sale quart d’heure. Nolan était trop gentil pour aller vers quelqu’un d’autre, Sven l’avait remarqué avec le temps. Mais cela n’excluait pas que les gens voulaient venir vers lui. Et que même si l’irlandais n’aurait jamais trompé son petit ami, il était naïf, et ne voyait pas le mal là où il pouvait être. Sven lui faisait totalement confiance. Mais aux autres… Absolument pas. Il les méprisait, se méfiait, à la limite de la paranoïa lorsqu’il s’agissait de son bien-aimé et de leur couple. Pourtant, Nolan était sans failles. Et la jalousie de Sven restait bien rangée dans un coin ; il n’avait pas besoin de ça pour tout gâcher. Il y arrivait très bien sans, il l’avait prouvé durant ces cinq derniers jours.

Doucement, le petit corps chétif du peintre se lova contre celui du colosse, qui se laissa aller à l’enlacer, tendre, loin d’être brutal dans ses gestes. Il ne l’étouffait pas ; si Nolan voulait partir, il le pourrait. Son petit amour se lança dans sa propre déclaration, plus courte, mais tout autant chargée d’émotions. Les papillons recommencèrent à voleter dans le creux du ventre de notre ours, qui fermait doucement les yeux pour savourer chaque mot, chaque intonation, chaque contact. Et pis, maintenant qu’il était un lycanthrope aux sens affuté ; chaque effluve. Il s’était rendu compte seulement aujourd’hui à quel point l’odeur de son petit ami était bien plus que plaisante. Déjà, lorsqu’il était humain, il l’aimait. Mais maintenant, c’était bien plus que cela ; il l’aurait décelée à plusieurs centaines de mètres, reconnue entre mille. C’était l’odeur de son bonhomme à lui. Son petit prince. Et là, il la savourait, à nouveau, pleinement. Elle lui faisait tourner la tête ; au sens positif du terme. Il se sentait devenir tout mou, tout guimauve ; tout amoureux. Serrer l’irlandais contre lui relevait du rêve depuis quelques jours. Et maintenant qu’il en avait l’occasion, il était sur une autre planète. Loin, très loin d’ici. Juste avec Nolan, et leur amour.

Les larmes envahirent à nouveau les yeux du suédois tandis que son bien-aimé se déclarait. Lorsque le peintre avoua qu’il était l’homme de sa vie, Sven se retrouva face à ses propres sentiments, comme vus dans un miroir. Il déglutit doucement. Était-ce possible que Nolan ne l’aimât autant qu’il pouvait l’aimer ? Le cœur de notre lycanthrope battait à tout rompre dans sa cage thoracique, alors même que son petit être venait cacher son visage dans son cou, geste naturel lorsqu’il cherchait à se protéger. Comme avant. Comme si rien n’avait changé. Néanmoins, quelques larmes roulèrent sur les joues de Sven, s’échappant de ses yeux clairs sans même qu’un seul sanglot n’agite sa poitrine. Les petites perles salées roulèrent, se déposant dans les cheveux de celui qu’il aimait, alors qu’il passait doucement ses doigts dans ses boucles brunes pour lui prodiguer quelques caresses, espérant l’apaiser. Parce que voilà. Il avait tout gagné. Maintenant, Nolan pleurait. Doucement, Sven se mit à osciller légèrement, berçant son petit prince, tout en le serrant contre lui avec force, pour lui montrer que jamais plus il ne s’en irait. Et finalement, les mots fendirent ses lèvres en un murmure, qui glissa le long de l’oreille de l’homme de sa vie.

« Je ne te laisserai pas tomber. Je n’en ai jamais eu l’intention. »

Sans savoir pourquoi, un léger sourire fit remonter les commissures de ses lèvres. Il commençait à se détendre, tout en continuant de bouger doucement, comme pour calmer le chagrin de son amour. Ça allait passer, il le savait. C’était le contrecoup des cinq jours. Les cinq jours passés seul, à douter de leur couple, de l’amour que Sven pouvait éprouver à son égard. Cinq jours à douter, à avoir peur. Le suédois l’avait fait souffrir, bien plus qu’il ne pourrait jamais se le pardonner. Mais c’était terminé. Maintenant qu’il était revenu, il ne partirait plus. Il resterait là ; avec Nolan. Et d’ailleurs, l’idée qu’il avait émise de planter sa tente devant l’appartement de son aimé le ravissait chaque seconde davantage. Ou bien du moins, tenter de passer la nuit avec lui. Juste pour ce soir. Juste pour lui montrer que cette fois, rien ne le forcerait à s’en aller. Il avait tout son temps ; toute sa vie, à vrai dire. Et il lui accorderait chaque précieuse seconde de celle-ci ; car les aiguilles de son horloge ne pouvait plus tourner sans la force motrice Nolanienne. Sa bonne humeur, son énergie, sa bouille. Son amour. C’était terminé. Cinq jours avaient été grandement suffisants, et déjà de trop. Il ne referait plus cette erreur. Plus jamais.

Les doigts de Nolan s’étaient mêlés aux siens, durant leur petit câlin. Sven continuait de serrer l’homme qu’il aimait contre lui, le laissant cependant sécher ses larmes au fur et à mesure. Il n’avait rien ajouté, durant son chagrin ; Nolan avait besoin de se vider. Pas spécialement qu’on lui joue les psychologues. Le whisky semblait s’en être parfaitement chargé la veille au soir. Le regard de Nolan semblait embrasser du regard le visage de son petit ami. Celui-ci souriait, doux, tendre, amoureux. Il le regardait, terriblement heureux d’avoir retrouvé ce semblant d’équilibre entre eux, cette petite flamme de vie qui subsistait dans leur couple, à le faire vivre et survivre. Il soupira doucement, apaisé, soulagé. Mais soudain, il aperçut l’air contrarié et étonné de son petit bonhomme. Il fronça les sourcils, comme en réponse à sa moue étrange, mais conservant son sourire. Et lorsque le doigt du peintre effleura doucement l’arête de son nez, Sven comprit. Il ne pourrait pas y échapper, cette fois. Il se força à ne pas grimacer de douleur ; le problème de la fracture avait beau être quasiment entièrement résolu, son nez restait fissuré, d’où la barre bleue. Et ça ne risquait pas de guérir aussi vite que ce qu’on pouvait s’y attendre. Il allait en avoir pour plusieurs jours. Normal. Et on se moquerait de lui ; son nez serait sensible. On ferait exprès de l’y frapper pour l’affaiblir. En bref, ç’allait mettre plus longtemps que prévu à guérir, en toute logique. C’est ça, d’être un homme violent.

Les petits gémissements de son Nolan lui arrachèrent un nouveau sourire, alors que l’index de Sven caressait lentement sa joue douce. Le suédois poussa un petit soupir. Il allait falloir qu’il s’explique. Mais par où commencer ? Il leva doucement les yeux vers le plafond, indécis. « Tu ne rêves pas. » lâcha-t-il tout d’abord, simplement. Maintenant, le tout allait être d’approfondir. Il prit une longue inspiration, avant de reporter son regard sur le visage doux de Nolan. Ses petites caresses sur sa joue et son visage reprirent ; tout cela lui avait trop manqué pour qu’il s’arrête.

« Ç’a un lien direct avec la raison de mon… Éloignement. Enfin, ancien éloignement. » Il se racla doucement la gorge, abandonnant ses caresses sur son visage pour aller jour avec ses petites mèches de cheveux ; amoureux. « Je voulais te protéger, Nolan. Je sais, tu vas dire que c’est débile, mais, attends… » Ses doigts quittèrent les cheveux de son petit ami, s’attardant sur ses lèvres avec une douceur infinie, tandis qu’il poursuivait d’une voix calme. « J’ai peur que tu me juges. Mais je n’en peux plus. Je n’ai pas osé me représenter devant toi, car je ne voulais pas te mentir. Pour rien au monde, je ne voudrais te mentir. Mais j’avais peur de te faire du mal. » Il fallait qu’il se lance. Qu’il ait le courage de le dire. La peur lui tordait les entrailles ; et si Nolan le rejetait ? Mais quoiqu’il en soit, il ne devait pas y penser. Il devait y aller. Et assumer. « Je sais pas comment te le dire. Mais maintenant, je suis… Dangereux. Ça va sûrement te paraître dingue. Peut-être même que tu vas me suggérer un bon psychiatre, ou directement appeler un asile pour me faire enfermer, mais… » Il prit une longue inspiration, le cœur battant ; pas une seconde sa voix n’avait déraillé, calme et posée. « Je suis un loup-garou. » Plus clair, tu meurs. Mais les sous-entendus efficaces avaient rarement été son fort. « Ça va te paraître dingue, tu vas peut-être me traiter de fou, mais voilà, même si j’ai du mal à y croire moi-même par moments, les faits son là… » Il prit une petite inspiration, à nouveau. Et maintenant, éclaircissements. « Y a cinq jours, en fait, j’étais en route pour venir te voir. J’voulais te faire une surprise. Et puis sur le chemin j’ai croisé une fille qui se faisait agresser. Alors je l’ai aidée. Mais un énorme chien nous a attaqué… J’ai pas osé me présenter à toi le lendemain, ou t’en parler, parce que j’étais dans un sale état, j’avais trop peur que tu t’inquiètes... » Petite vois triste, remplie d’excuses, implorante. Tellement sincère. « Et le soir, je racontais à Megara ce qui s’était passé, t’sais, la fille d’un pote à mon père, et… Ben j’étais malade comme un chien. Et puis tout à coup, je me suis senti mal, et plus rien. Je me suis réveillé le lendemain matin, et elle m’a traité de tous les noms d’oiseau, parce que ben… De toute évidence, c’était pas un gros chien normal qui m’avait attaqué la veille, quoi. J’ai eu peur, je te l’avoue. Elle connaissait l’existence de ces bestioles, elle m’a briefé, et … » À partir de là, il se sentit honteux. « … Et j’ai plus osé reparaître devant toi. Parce que j’étais devenu un monstre… Et que tu mérites bien mieux qu’un monstre… Alors après, certes, c’est cool, tu vois, je guéris un peu plus vite… Je sens beaucoup mieux ton odeur, aussi, et de plus loin. Je suis… Plus rapide. Plus fort. Mais… Je suis un monstre. Un monstre… Et si je te mords, ou si je te griffe, violemment, tu vas devenir un monstre aussi. Et aux alentours de la pleine lune, pendant la nuit je serais incapable de te reconnaître, et pour moi… Enfin je veux dire, c’est pas concevable. J’ai pas envie de te faire du mal. Jamais. Au grand jamais. Mais tu vois, je viens te voir, parce que même si je ne veux pas te faire de mal je ne peux plus vivre sans toi… »

Sven ferma les yeux, ravalant quelques secondes ses larmes, conservant ses paupières closes. Il n’osait pas affronter le regard de Nolan. Peur qu’on le rejette ; peur qu’on le prenne pour un fou.

« Je sais que c’est incroyable, et quasiment impossible à avaler, mais c’est la vérité… » Il secoua la tête, les yeux toujours fermés. « Je suis un loup-garou. Mais tout monstre sanguinaire que je suis, je ne peux pas vivre sans toi. T’es mon petit baume, plus efficace que qui que ce soit ou quoi que ce soit d’autre sur cette planète. T’es le seul à pouvoir m’alléger de tout ça, malgré la peur que j’ai de te faire du mal… » Sa voix commençait à trembler de chagrin. Il se força à se calmer ; à se ressaisir. « Je t’aime Nolan. Je ne peux plus vivre sans toi. C’est super niais, mais tellement vrai… Je suis un monstre, mais je t’aime. J’ai même envie de vivre avec toi, depuis quelques temps. De partager entièrement ta vie. Ce serait plus pratique que de traverser Sunnydale à pied tous les jours pour venir te voir. » Se rendant compte qu’il s’égarait, il reprit. « Enfin bref. Voilà. Tu sais tout. J’avais peur de te faire du mal, je ne voulais pas que tu aies à côtoyer un monstre. Mais tu n’as pas quitté mes pensées une seule fois en cinq jours… » Il prit une dernière inspiration, rouvrant doucement les paupières, sans pour autant aller chercher son regard. « Je comprendrais que tu me prennes pour un fou. J’espère juste que tu ne vas pas me laisser tomber… Parce que je ne peux plus vivre sans toi. Même pas une heure. C’est terminé. Comment je fais, moi, si la seule personne au monde capable de me calmer et de m’apaiser n’est plus à mes côtés ? … »

Il secoua doucement la tête, préférant se taire que de continuer comme cela. Il s’écartait, il s’éloignait. Ce qu’il venait de dire aurait pu sortir tout droit d’un rêve. Mais c’était la réalité ; pure, dure, brute, mais réelle. C’est d’ailleurs tout le problème de la vérité. Elle fait souvent bien davantage souffrir qu’un mensonge. Et mentir à Nolan était tout simplement contrenature. Et impossible. Sven l’aimait bien trop pour cela. Pour le meilleur, et pour le pire.

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Nolan E. Mayfield
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Ven 30 Nov 2012, 1:01 pm
Nolan E. Mayfield
« It’s better than I ever even knew. They say that the world was built for two, only worth living if somebody is loving you. Baby, now you do. »

« Tu ne rêves pas. » Pour Nolan, cette phrase ne présageait rien de bon, ou du moins, rien de normal. Il était convaincu d’avoir cassé le nez de Sven, il n’y avait aucun doute là-dessus. Dans ce cas pourquoi se serait-il réparé aussi vite ? L’Irlandais n’avait lancé aucun de sort de guérison – surtout qu’il n’en connaissait qu’un et le maîtrisait très mal – alors il ne comprenait pas comment cela avait pu se produire. Complètement perdu, Nolan écouta très attentivement Sven, le laissant jouer avec ses mèches de cheveux sans rien dire. Il était prêt à avaler n’importe quelle raison, à ce stade, il ne pouvait pas être plus désespéré. Sven se lança à nouveau dans un long discours, essayant de s’expliquer du mieux possible. Nolan ne le lâchait pas des yeux, plissant les yeux petit à petit, ne comprenant pas pourquoi Sven se considérait comme dangereux. Puis la vérité éclata enfin, aussi douloureuse soit-elle. « Je suis un loup-garou. » Sven allant directement droit au but comme toujours, Nolan n’eut même pas besoin de lui demander de répéter, le message était très bien passé.

En l’écoutant, Nolan eut l’impression que le monde autour de lui s’écroulait petit à petit, et il ne pouvait rien faire pour l’empêcher. Et bizarrement, il n’en avait pas envie. Quand tout s’effondre autour de nous, c’est pour mieux tout reconstruire par la suite, non ? Que Sven lui annonce sa véritable nature était un choc, il ne pouvait pas le nier. Nolan avait quelques connaissances du monde surnaturel, et il avait déjà lu quelques pages à propos des lycanthropes. Il n’en avait jamais croisé, et n’y tenait pas particulièrement, vu ce qu’il avait appris d’eux dans ses livres. Mais de là à imaginer qu’un jour l’un de ses petits amis en serait un, il avait été (très) loin de le concevoir. Mais maintenant que la réalité se présentait devant lui avec une certaine violence, Nolan devait ouvrir les yeux et se rendre compte de la situation. L’homme qu’il aimait était différent, voire dangereux ; Sven lui-même lui avait suffisamment répété. Mais Nolan avait beau l’écouter, intérieurement il s’en foutait royalement. Alors que beaucoup se seraient certainement enfuit en courant dans tous les sens, Nolan avait déjà pris une décision, même s’il n’en avait pas encore conscience. Il resterait. Pourquoi il laisserait tomber celui qu’il aimait et qui lui avait sauvé la vie ? Nolan en avait fait des erreurs dans sa vie, mais il ne commettrait surtout pas celle-ci, qu’il regretterait pendant des années et que, de toute façon, il était incapable de faire. C’était Sven, et personne. Lui qui le rendait si heureux par sa manière d’être, sa façon de penser et toutes ses qualités qu’il ne voyait même pas. Le Suédois ne se rendait pas compte de l’effet qu’il produisait. Sven était une drogue dont l’Irlandais ne pouvait plus se passer, c’était fichu maintenant. Mais pour rien au monde Nolan regrettait. Lui qui avait si souvent été déçu en amour et qui, avant de rencontrer Sven, était resté beaucoup trop longtemps en couple avec la solitude ; il ne lâcherait pas celui dont il était désormais éperdument amoureux, quitte à en être ridicule. Sa décision était désormais prise. Loup-garou ou pas, Nolan ne se permettrait pas d’abandonner Sven à son triste sort. Il serait là pour lui, il le soutiendrait, l’aiderait à tenir le coup. S’il avait le courage, Nolan lui proposerait certainement qu’ils emménagent ensemble, tout serait beaucoup plus simple s’ils menaient tous les deux une vie commune. Sauf que c’était le genre de question dont Nolan redoutait la réponse. Pour vivre avec lui, il fallait s’accrocher. Mais peut-être que Sven s’en fichait de vivre avec un maniaque aux allures de lutin, après tout.

Attendant que Sven ait terminé son long discours, Nolan mit quelques secondes à avaler tout ce qu’il venait d’apprendre. Mais il était loin de lui en vouloir de lui avoir caché la vérité, car après tout, l’Irlandais ne lui avait jamais révélé que lui-même était un sorcier. En vouloir à Sven aurait donc été tout simplement hypocrite et injuste. Néanmoins, Nolan ne savait pas quoi lui dire. Apprendre que son petit ami est une créature qui pourrait très bien vous tuer en un coup de patte, il y avait de quoi en perdre ses mots. Pourtant, ce n’était pas à ça que le peintre pensait. Il était bien plus préoccupé par quelque chose d’autre. Quelque chose qu’il avait essayé d’oublier ces dernières semaines mais qui lui était revenu en pleine figure lorsque Sven lui révéla sa nouvelle nature. Sans un mot, Nolan se leva et se dirigea vers un coin du salon où plusieurs toiles – une petite dizaine – prenaient la poussière en attendant un rangement digne de ce nom. Un poids s’abattit sur le peintre lorsqu’il trouva celle qu’il cherchait, et c’est avec une mine décomposée qu’il retourna vers Sven. Honteux, il dut prendre son courage à deux mains pour montrer la toile au Suédois. Sur un fond sombre, une silhouette facilement reconnaissable par sa musculature et ses tatouages était peinte de dos, la pleine lune l’entourant de sa lumière. Et en face de la silhouette, son ombre projetée, mais pas son ombre humaine ; celle d’une créature qui n’avait rien d’humain. À moins de ne pas le connaître, Sven était tout à fait reconnaissable sur cette toile. Nolan avait su que cela arriverait, sauf qu’il avait tout gardé pour lui, laissant le temps passer. Et maintenant que sa vision s’était réalisée, il s’en voulait terriblement. Il chercha ses mots, mal à l’aise, et essaye de s’expliquer d’une voix tremblante.

« J’ai peint cette toile.. quelques jours après qu’on se soit mis ensemble, je crois. Je l’ai laissée de côté parce que je pensais que ça ne présageait rien, que c’était juste une simple toile comme j’ai l’habitude de faire. Sauf qu’à vouloir me mentir à moi-même, je t’ai caché la vérité, et ce que j’avais prédit a donc fini par se produire, alors que j’aurais pu t’éviter tout ça... » Sauf que l’Irlandais ne pouvait pas changer ses visions du futur, puisque ce qu’il peignait devait forcément se produire, d’une manière ou d’une autre. « Tu n’es pas le seul monstre dans notre couple, Sven. »

Nolan refusait de considérer Sven comme un monstre, car même si désormais à chaque pleine lune il devenait une créature certes dangereuse, il serait toujours là, quelque part. Et peut-être que Nolan arriverait à réveiller cette partie endormie, pour qu’il puisse retrouver un état innoffensif. Oui, inutile de préciser que l’Irlandais était un véritable suicidaire et qu’il était prêt à tout pour aider son petit ami, quitte à être gravement blessé ou à se faire tuer. Posant la toile contre le canapé, Nolan prit le risque de retourner s’asseoir à côté de Sven, le cœur lourd. Il avait peur que ce dernier ne réagisse mal après avoir vu la toile, qu’il lui en veuille et qu’il ne le laisse tomber. Nolan ne pouvait pas changer ce qu’il voyait, il avait eu beau essayer par le passé, tout espoir de changer le futur était vain. Il aurait voulu lui expliquer, Sven devait être complètement paumé, mais l’Irlandais se sentait trop mal pour parler de ce don particulier qui lui pourrissait l’existence. Un silence s’installa entre eux, uniquement perturbé par la respiration irrégulière du peintre. Puis tout doucement, l’Irlandais se pencha vers Sven et posa tout simplement ses lèvres sur sa joue, avant de se reculer et de garder son front contre sa tempe, les yeux fermés.

« Je me fiche de savoir ce que tu es, du moment que je t’ai toi. C’est toi que je veux. »

Se redressant légèrement, Nolan prit maintenant le risque d’aller déposer un baiser à la commissure de ses lèvres. Preuve que son amour pour lui était plus fort que tout, et qu’il n’était pas prêt à le laisser tomber. La vérité ayant enfin éclaté pour tous les deux, il leur fallait maintenant assumer et aller de l’avant. Plus de mensonge. Et la vie continue.

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Sven J. Ohlsson
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Dim 02 Déc 2012, 6:02 pm
Sven J. Ohlsson



« one day, our dreams and us will fly away. »


Sven eut un petit soupir, baissant les yeux vers le sol. Il avait littéralement honte de ce qu’il avait pu avouer à son petit bonhomme. Son homme. Celui qu’il aimait, celui avec qui il avait envie de vivre sa vie. Mais il lui avait dit la vérité ; c’était un fardeau à porter en moins. Peut-être que Nolan le laisserait tomber. Peut-être qu’il le détesterait, qu’il essaierait de le tuer, de se débarrasser de ce monstre. Qu’il allait se révéler être un chasseur de démons, ou même simplement prendre peur et s’enfuir, ou le chasser de chez lui. Peut-être. Mais au moins, Sven n’avait plus aucun secret. Il se sentait libre, léger. Cependant, Nolan s’éloigna de lui. Et le cœur de Sven se brisa au sens propre du terme. Il sentit la bile lui monter, une envie de vomir violente s’emparer de lui. Mais il se retint, fermant les yeux, serrant les dents de toutes ses forces, à s’en faire mal à la mâchoire. Nolan le quittait. Nolan ne l’acceptait pas. Les larmes affluèrent sous les paupières du lycanthrope. Il les serra davantage, essayant à tout prix de ne pas se mettre à pleurer au beau milieu du salon de l’homme qu’il aimait. Mais, soudain, il entendit Nolan revenir. Son Nolan. Son petit Nolan. Avait-il finalement accepté ? Ou revenait-il pour expliquer les raisons de leur… Rupture ? Sven ouvrit les yeux, les essuyant machinalement avant que toutes ses larmes ne dévalent le long de ses joues. Mais ce qu’il vit eut pour mérite de le surprendre totalement. Nolan avait ramené une toile. Une toile ? … Les yeux de Sven détaillèrent lentement la peinture, tandis que son cœur se brisait un peu plus, alors qu’il comprenait ce qu’elle représentait. Cet homme, on aurait dit… Lui. … Lui ? Les tatouages, la silhouette… Et la lune, ronde et pleine au-dessus de lui… Sven se recroquevilla instinctivement sur lui-même, effrayé à cette perspective de pleine lune. Mais l’ombre qui se dessinait au pied de l’homme peint n’avait rien d’humaine. C’était celle d’un animal ; un énorme loup. Les paroles de Nolan percèrent les tympans de l’ancien militaire, agissant comme un véritable électrochoc sur son cerveau. Il parlait de présages ? De prédilections ? Mais merde, c’était quoi ces histoires ?! Sven sentit des bouffées de chaleur l’envahir, et la tête lui tourner, tandis qu’il se laissait aller au fond du canapé, en arrière. Il cligna un instant les paupières, de petits points noirs apparaissant doucement devant son champ de vision. Le choc était bien trop grand pour qu’il arrive à l’encaisser aussi facilement. Nolan prononça le mot de monstre. À son entente, Sven eut un léger rictus nerveux, sans le vouloir. Lorsque Nolan posa la toile contre le canapé, Sven ne cilla pas, gardant le regard braqué devant lui. Laissant son petit bonhomme s’asseoir à ses côtés. Il ne bougea pas, clignant doucement des yeux. Le silence s’installa entre eux, à peine interrompu par leurs respirations. Sven réfléchissait. Sven était perdu. Sven se rendait compte que depuis le premier jour, Nolan lui cachait quelque chose. Mais même s’il se sentait mal, il était bien incapable de lui en vouloir. Il n’était pas sûr qu’une prédilection de l’avenir aurait pu être faussée, que Nolan aurait pu empêcher ça, contrairement à ce qu’il prétendait. Mais il s’habituait doucement à l’idée que son petit bonhomme possédait un don. Un don étrange, sûrement perturbant. C’était certes perturbant d’apprendre que votre petit ami a prédit votre transformation en un monstre. Mais quoi de plus perturbant que d’être le petit ami en question, et de prévoir ce tragique événement ?

Les lèvres de Nolan se posèrent sur la joue de Sven. Celui-ci sentit ses bouffées de chaleur disparaître doucement, tandis qu’un frisson remontait son échine. Ce petit contact simple, mais agréable, lui avait plus que terriblement manqué. Il ferma à nouveau les yeux, appuyant sa tempe sur le front de Nolan, qui avait juste établi le contact. Et Sven le renforçait. L’appréciait. Les paroles de son petit prince caressèrent cette fois ses oreilles, tandis qu’il savourait chaque mot, chaque intonation. La déclaration de son petit bonhomme était la seule chose qui lui avait manqué. Une déclaration alors que Nolan savait, bien entendu. Mais maintenant, Sven en avait le cœur net ; loup-garou ou no, son Nolan l’aimait et ne l’abandonnerait pas. Il resterait avec lui, profiterait de son amour. De sa condition de monstre. Lentement, les lèvres de Nolan se posèrent à la commissure de celles de notre suédois. Sven soupira doucement, avalant lentement toutes les nouvelles. Le don de son bonhomme, la toile, et tout ce qui pouvait aller avec. Lentement, les yeux de l’ancien militaire se levèrent vers le plafond, se déposant dans le vague. Il esquissa un très léger sourire, commençant à digérer. Ça allait aller. Ils allaient réussir. Ils allaient surmonter tout cela. Leurs natures. Leurs problèmes. Le différent qui avait failli emporter leur couple. Ils allaient s’en sortir. Survivre.

Sans comprendre ce qu’il faisait, Sven sentit son bras se lever, et entourer lentement les épaules de son petit bonhomme. Ses doigts se posèrent sur le bras de son amoureux, l’attirant contre lui, le serrant contre son torse. Doucement, il se tourna, déposant un baiser sur son front. Puis il plongea ses yeux dans les siens, souriant doucement. Il réfléchissait. Encore, et encore. Mais avec ses yeux au fond de ceux de Nolan, tout de suite, c’était plus facile. Terriblement plus facile. Sa deuxième main s’approcha du visage de son bonhomme, lui ramenant quelques cheveux courts derrière l’oreille. Les pensées de notre suédois étaient confuses, chaotiques. Mais au milieu de toutes, une petite ressortait, pointant le bout de son nez hors du capharnaüm. « T’as rien d’un monstre. T’as jamais rien eu d’un monstre. » Le sourire de Sven se fit un peu plus pâle. Il avait envie de pleurer. Mais il était heureux. Il se sentait soulagé d’avoir fait cela. D’avoir dit tout cela. Soulagé d’avoir crevé l’abcès, d’en avoir fini avec ces mensonges. Finalement, tout doucement, luttant contre ses larmes, il s’approcha, posant ses lèvres sur le nez de son Nolan. Un sourire plus franc éclaira son visage. Ses yeux se perdirent à nouveau dans ceux de son bonhomme. Il soupira, recommençant son petit jeu avec ses cheveux. « Pour moi, tu n’en seras jamais un. Je t’aime, et c’est comme ça. Que je sois un loup-garou, ou pas. Que tu puisses prédire tous les malheurs qui vont m’arriver, ou pas. Je t’aime. » Et, lentement, il posa sa paume sur la joue de son irlandais. Et, finalement, il s’approcha.

Et il posa ses lèvres sur les siennes.

La sensation fut enfin pleine. Enfin, depuis des jours, Sven se sentit entier. Il avait certes échangé quelques petits baisers simples avec son petit ami, mais celui-ci était différent. C’était leur baiser. Leur réunion. Leur amour. À peine le contact établi, Sven ferma les yeux, les plissant, glissant ses doigts sur sa nuque pour approfondir leur baiser. Il sentit les milliards de papillons s’envoler dans le creux de son ventre, tandis que ses lèvres attrapaient celles de son petit ami avec davantage d’ardeur, de fougue et de passion. Sven se sentait bien. Complet. Sa petite moitié dans ses bras, ses lèvres posées sur les siennes, il revivait. Et il n’avait pas envie que ce baiser cesse ; pas une seule seconde. Il aimait Nolan. Plus qu’il n’avait jamais aimé personne, plus qu’il n’aimerait probablement jamais personne d’autre. Mais ça, il n’en savait rien ; seul le temps lui permettrait d’en avoir le cœur net. Et le temps, il comptait bien le laisser passer ; il comptait bien le voir passer, en profiter. Il avait envie de vivre. Pour la première fois depuis sa séparation avec Laura, voire même depuis bien avant, il en était certain. Il avait cette envie de continuer à voir le monde, à laisser passer les jours. À les couler en compagnie de quelqu’un. Il se sentait prêt à endurer n’importe quelle routine ; pourvu qu’elle soit avec Nolan. Et avec les lèvres de son peintre sur les siennes.

Finalement, Sven recula doucement, s’amusant à pincer les lèvres de son petit ami avec les siennes. Son cerveau débordait d’amour. Et au milieu de tout cela, il tentait de réfléchir. D’en extraire quelque chose. Il avait une idée, en tête. Une idée qu’il avait déjà eue, qu’il n’attendait plus que de formuler. Sauf que voilà. Au milieu de tout ce bonheur, il ne parvenait pas à remettre la main dessus. L’idée lui glissait entre les doigts, chaque fois que ses lèvres revenaient se presser un peu plus fort sur celles de son irlandais. Chaque fois que ses doigts glissaient davantage dans le dos du jeune peintre, chaque fois que son corps se collait un peu plus au sien. Il n’avait plus envie de parler. Il n’avait plus envie de se prendre la tête. Juste envie de se blottir contre lui et de ne plus bouger, de tenter vainement de rattraper le temps perdu. Et de profiter des minutes, des heures, des jours, des mois, et il l’espérait des années, qui se profilaient devant eux. Ils avaient enfin la possibilité de tirer un trait sur leurs différents, et Sven comptait bien s’agripper à la règle et au crayon qui permettraient de ce faire.

Mais, soudain, Sven rompit le baiser. Son idée lui était revenue. Il recula doucement, clignant des paupières en plongeant ses prunelles dans celles de son petit ami. Un sourire illumina son visage, radieux, amoureux, plein d’espoir et de passion. Ses doigts caressèrent la joue de Nolan, tandis que son autre main s’éloignait de son dos, se détachant de son corps. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, tandis qu’un léger petit mot filtrait entre ses lèvres. « Dis… » Doucement, il inclina la tête sur le côté. Son début de phrase attendait une suite. Il voulait une suite, il la réclamait. Et même si Sven ne regardait plus son petit ami dans les yeux, il le contemplait toujours, jouant avec ses cheveux, caressant son oreille, la peau de son visage. Il était toujours assis sur le canapé, à moitié tourné vers son Nolan, ses prunelles perdues dans l’océan d’amour qu’il partageait avec l’irlandais. « Je me demandais… » Sans s’en rendre compte, sans le vouloir, Sven tournait autour du pot. Il était sur son nuage, il savourait le retour de sa relation avec son petit bonhomme, et le petit paradis qu’ils pouvaient vivre désormais, sans avoir à se soucier des mensonges. Et le danger de leurs natures ? Ils l’affronteraient en temps voulu. Mais surtout, ensemble.

« Tu voudrais vivre avec moi ? » … Omg. Il venait réellement de dire ce qu’il venait de dire ? … Dis comme ça, oui, c’était évident. Mais… Mais merde. Il avait vraiment… Osé… Lui demander… Ça ? … Oui. Il l’avait fait. Et bizarrement, même si ç’avait été un réflexe purement amoureux, et qu’il s’étonnait lui-même de sa demande, il ne le regrettait absolument pas. Pire même. Il se sentait encore plus léger, plus serein. Il avait l’impression, en posant cette question, d’avoir définitivement enterré la hache de guerre. Pour ce soir, et il l’espérait, pour la vie entière. « … Enfin, je veux dire… Qu’on vive ensemble, quoi. » Il détourna quelques instants le regard, la gêne revenant. Ses joues rosirent très légèrement, avant qu’il ne relève les yeux vers son amour. Nolan. Celui qu’il aimait.

Il lui avait proposé de s’installer avec lui. Omg. C’était juste… J’sais pas. Un rêve éveillé. Maintenant que le cauchemar était terminé, le rêve reprenait sa place. C’était ça, l’amour, dans un sens. Cette tendance à ce que les choses s’enveniment toujours atrocement lorsqu’un vent de négatif se faisait sentir. Et cette autre tendance, à ce que tout devienne soudain merveilleux et utopique lorsque qu’une légère brise de positif caressait votre vie. Et ce soir, le vent avait tourné pour Sven. Et pour Nolan. Et pour leur couple. L’ancien militaire continuait de dévorer son petit ami des yeux, subitement de plus en plus à l’aise avec la question qu’il venait de lui poser. Avec sa demande. C’était un pas. Un pas de fait. Un pas de plus vers son bonheur.

Il avait l’impression de revivre. Que ces baisers avaient effacé tous leurs problèmes, que cette proposition venait de les éradiquer littéralement. Il espérait seulement qu’au fond de lui, son irlandais avait le même sentiment. Il l’espérait de tout son cœur.

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Lun 17 Déc 2012, 4:54 pm
Nolan E. Mayfield
You saw me when I was invisible.

L’Irlandais avait une impression étrange. D’une part, il se sentait soulagé d’avoir enfin avoué à Sven qu’il possédait un don qui se révélait être inquiétant et assez dérangeant. D’un autre côté, il se sentait mal à l’aise parce qu’il avait peur que Sven finisse par le rejeter. Oui, le Suédois semblait accepter son petit ami, peu importe ce qu’il était capable de faire. Mais cela serait-il toujours le cas dans deux mois ? dans dix ans ? On revient tellement vite sur nos décisions que nous sommes bien présomptueux d’affirmer le contraire dans un premier temps. Sven ne connaissait peut-être pas toutes les caractéristiques du don si particulier de Nolan, mais il savait déjà qu’il pouvait prédire son avenir, et c’était déjà plutôt déstabilisant. Mais il devait certainement se douter – ou peut-être pas encore – que ce don ne concernait pas uniquement le Suédois. N’importe qui pouvait se retrouver sous le pinceau de Nolan, et bien souvent ses présages n’indiquaient jamais rien de bon ; ils avaient tous la même fin, si bien que l’Irlandais ne s’en étonnait plus. Il était semblable à un messager de la Mort, qui elle-même dressait la liste de ses futures proies, dont Nolan était le seul à pouvoir connaître le visage. Malheureusement, le pauvre messager qu’il était se révélait finalement n’être qu’un simple spectateur, puisqu’il était impossible pour lui de modifier ce qu’il avait vu et peint. Ses tentatives s’élevaient désormais à un nombre dont il ne voyait même plus le bout. C’est pour ça qu’il avait arrêté, restant dans son coin à maudire son don qu’il avait reçu ; lui qui n’avait jamais rien demandé à qui que ce soit.

Perdu entre le soulagement et la peur, les mots de Sven finirent par arriver aux oreilles de l’Irlandais. Le Suédois utilisait des mots doux et rassurants, le genre de mots qui auraient apaisé n’importe quelle crainte. « T’as jamais rien eu d’un monstre. » Sauf qu’il se trompait lourdement. Certes, Nolan ne se transformait peut-être pas en créature terrifiante, mais il n’en était pas moins capable de prédire la mort ; et ça, en y réfléchissant bien, cela avait un caractère monstrueux. Il avait prédit la fin tragique de plusieurs de ses proches et de centaines d’inconnus, alors il y avait de quoi se sentir comme un monstre. Savoir que certaines personnes vont mourir alors que vous êtes incapable de changer leur destin. Nolan sentit les larmes monter mais s’interdit de pleurer, pas devant Sven. Alors il ravala sa peine tandis que le sourire de son petit ami lui réchauffait le cœur. Il le laissa jouer avec ses cheveux, et ne le coupa pas dans son discours ; enregistrant chacun de ses mots, scrutant son regard avec attention. Sven faisait preuve d’une sincérité déroutante. Pour lui, son amour était plus fort que ce que lui ou l’Irlandais étaient capables de faire. Cela apaisa quelque peu la peur de Nolan, tandis qu’il manqua de défaillir lorsque les lèvres de l’homme de sa vie se posèrent sur les siennes. Sans s’en rendre compte, Nolan s’accrocha doucement aux vêtements de Sven, comme si sa vie en dépendait ; pressant ses lèvres contre les siennes pour lui rendre ce baiser tant attendu depuis des jours. L’Irlandais se sentait de nouveau entier, prisonnier d’un flot d’émotions toute aussi agréables et apaisantes les unes que les autres. Il ne voulait rien d’autre, si ce n’est rester dans les bras de celui qu’il aimait.

Quand Sven finit par rompre le baiser et reculer, Nolan eut du mal à redescendre sur Terre. Il ne s’attendait pas à ce que cela se termine de manière brutale. À vrai dire, il aurait même voulu en avoir un peu plus. Rouge comme une pivoine, Nolan s’efforça de rendre son sourire à Sven, essayant en vain de calmer son cœur qui était à deux doigts d’exploser dans sa poitrine. Sven ne le regardait plus dans les yeux, mais l’Irlandais le fixait toujours, cherchant à savoir ce que le Suédois voulait lui dire. Néanmoins, ce dernier tournait autour du pot, et l’euphorie amoureuse de Nolan fut vite prise d’assaut par la peur qui revint à pleine charge. Et finalement, Sven réussit à le dire. Et le poids qui s’était abattu sur le peintre s’envola d’un coup. Ainsi donc le Suédois désirait vivre avec lui. Nolan ouvrit la bouche pour essayer de répondre, mais aucun mot ne sortit. À la place, il se mit à scruter les traits de son amour, levant sa main pour aller effleurer ses lèvres du bout des doigts. Il avait en tête des visions de la vie quotidienne, de cette vie qu’il partagerait avec Sven s’ils vivaient ensemble. Et ces visions lui plurent. Peu importe ce qu’ils étaient tous les deux, ils avaient droit au bonheur comme n’importe qui. S’ils se sentaient prêts à franchir cette étape, l’avenir leur souriait. Cependant, un détail fit sourire Nolan, qui continuait à embrasser du regard son amoureux. En laissant le plus souvent Sven venir chez lui, il avait déjà l’impression qu’ils vivaient ensemble, même s’ils n’avaient jamais officialisé ça. C’était simplement que Nolan allaient rarement chez Sven, parce que, comment dire.. l’appartement de Sven était un véritable foutoir, comparé à celui de Nolan. L’Irlandais en avait fait une fois l’expérience, et avait finalement décidé que Sven viendrait chez lui, si bien que le Suédois venait sans rechigner, le plus souvent pour passer quelques jours, étant donné qu’il n’habitait pas à côté. Mais rien que le fait de partager quelques jours avec lui donnait à Nolan le sentiment de vivre sous le même toit que Sven. Lui préparer des pancakes comme il les aime, retrouver son linge sale par terre, s’endormir dans ses bras… tous ces petits détails qui faisaient croire à une vraie vie de couple. Mais maintenant que Sven voulait que cela devienne permanent, Nolan ne pouvait être plus heureux qu’il ne l’était déjà.

« Tu as toujours été chez toi ici, tu sais… Enfin, peut-être que c’était évident seulement pour moi. » confia l’Irlandais en se blottissant contre lui. « Mais si tu veux vraiment officialiser notre vie de couple alors sache que ma réponse est oui. » conclut Nolan en se redressant un peu, avant de déposer un baiser sur la joue piquante de son amoureux.

Pour Nolan, un pas de géant venait d’être franchi. Après cinq ans de solitude où il était resté enfermé dans son cocon, il acceptait de laisser de nouveau quelqu’un entrer dans sa vie, dans sa petite sphère privée. Cette décision n’était en rien brutale, elle était tout simplement naturelle. Nolan avait besoin d’être avec Sven, constamment. Et que chacun vive à l’autre bout de la ville l’un de l’autre ne pouvait que détériorer leur couple en vue d’un avenir commun. Alors que là, si tous les deux se retrouvaient enfin ensemble, tout serait beaucoup plus simple. Leurs liens se resserreraient, leur amour grandirait de jour en jour, leur permettant de se projeter dans le futur et de mettre en place des projets. À deux, tout devenait possible, Nolan le savait. À avoir passé autant de temps seul enfermé dans sa routine qui le rongeait petit à petit, il savait qu’avec Sven il avait une promesse d’avenir entre ses mains, et il ne la laisserait surtout pas s’envoler ; il l’avait attendue beaucoup trop longtemps. À deux, tout serait beaucoup plus simple. Une promesse de longévité et de stabilité. Ensemble, tout était possible, l’Irlandais le savait. Il n’avait plus peur.
END. ♥

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