« Les licornes ne mordent pas, elles, au moins. » ϟ ROXANE.

L’Irlandais s’agitait anormalement parmi les personnes autour de lui, les esquivant le plus possible, comme s’il cherchait quelque chose ; alors qu’en réalité, s’il allait et venait dans tous les sens sans but précis, c’était simplement parce qu’il n’avait rien d’autre à faire. Il y avait du monde dans l’usine ce soir-là, pas loin d’une quarantaine de personnes, nombre que le Nolan agité et stressé avait tendance à bêtement multiplier par deux sous le coup du trac. Toutes ces personnes se trouvaient là pour la simple raison que l’Irlandais avait eu un coup de pouce d’une personne qui avait fini par le convaincre de la laisser l’aider à exposer quelques unes de ses œuvres aux yeux du monde, ce que Nolan n’aurait jamais fait de lui-même, bien trop embarrassé à l’idée de montrer son travail. Pourtant, c’était ce qu’il faisait d’habitude pour espérer gagner un peu d’argent, mais le peintre vendait quasiment sur le tas, et prendre le temps d’organiser une exposition – qui n’avait rien des expositions officielles des grands artistes mondialement connus – pour le faire connaître, jamais cela ne serait venu effleurer l’esprit de Nolan ; bien trop occupé à conserver les toiles une par une plutôt que d’en faire quelque chose d’utile. Néanmoins, il devait cette initiative à une personne qu’il avait rencontrée tout à fait par hasard dans sa minuscule galerie sans lumière ; Roxane. La jeune femme était passée plusieurs fois devant la boutique exiguë qui paraissait plus s’apparenter à un vide-grenier qu’autre chose. Elle avait passé des heures en silence à regarder, analyser, scruter chaque infime détail des peintures qui se présentaient devant elle. C’était la première fois que quelqu’un semblait s’intéresser au travail de l’Irlandais, qui finit par se demander s’il n’avait pas là une spécialiste en la matière – sait-on jamais. Et finalement, le temps avait fini par les pousser à se parler. Roxane n’avait rien d’une connaisseuse ou d’une collectionneuse, elle n’était qu’une simple amatrice, et pourtant, elle avait l’air réellement fascinée par ce qu’elle avait vu. Nolan avait trouvé agréable de discuter avec elle et s’était senti gêné de recevoir autant de compliments, mais visiblement, la jeune femme était sincère. Et dès que Nolan sortait de nouvelles toiles fraîchement réalisées, elle était là, prête à admirer. Cela avait duré quelques jours comme ça, et l’Irlandais s’était habitué à la venir voir, si bien que tous les deux avaient fini par faire connaissance. Et coïncidence ou non, la blonde pétillante avait fini par lui avouer qu’elle connaissait Sven, son petit ami ; et que ce dernier lui avait parlé de ses peintures et du fait qu’il n’arrivait pas toujours à vendre par manque de place ou de volonté pour exposer. En l’écoutant, Nolan avait repensé à cette looongue discussion qu’il avait eue avec le Suédois qui se plaignait du manque de place dans son appartement. Nolan avait cette fâcheuse tendance à conserver ses toiles et à en foutre partout alors qu’il avait largement l’occasion d’en faire quelque chose d’utile. Évidemment, l’argument du peintre était toujours le même. S’il ne se débarrassait jamais aussi facilement de ses toiles, c’était parce qu’il se sentait lié à elles, d’une certaine manière. Mais finalement, Nolan avait fini par accepter la proposition de Roxane quant à exposer une partie de son travail dans l’usine où elle avait vécu pendant un temps. Elle avait absolument tout organisé de A à Z et Nolan n’avait rien eu à faire sinon se tenir tranquille et ne pas se plaindre. En arrivant sur le lieu de l’exposition, l’Irlandais avait été loin d’imaginer que le résultat final serait aussi méticuleux et réussi. Il avait vraiment eu du mal à y croire. Un petit groupe de personnes avait fini par arriver, suivi de plusieurs autres, si bien que le petit peintre sentit le besoin immédiat de se cacher en voyant toute cette foule admirer ses œuvres. Oui, quelque part, il était mort de honte. Et pourtant, tout se passait bien, il n’y avait vraiment pas à en faire tout un plat.

Se glissant comme une anguille parmi la foule, Nolan cherchait désespérément la chevelure blonde et bouclée de Roxane qui avait la fâcheuse tendance à sans arrêt vouloir jouer à cache-cache, le laissant ainsi affronter tous ces inconnus avec leurs compliments et leurs questions. Nolan était poli et bien élevé alors il était le plus agréable possible, mais au bout d’un moment, faut pas exagérer non plus. @w@ Et si Nolan était autant à cran, c’était aussi parce que Sven n’était pas là ; il n’avait pas pu se déplacer à cause de son boulot, ce qui mettait l’Irlandais dans tous ses états parce qu’il ne pouvait pas se cacher derrière lui pour éviter toutes ces personnes qui lui faisaient peur. En y pensant, il imaginait bien le Suédois se moquer de lui gentiment, le poussant à prendre les devants et à combattre ses peurs. Vilain Svenou. Mais bref, pour l’instant, il cherchait Roxane qui n’avait toujours pas l’air décidée à se montrer. @www@ Ah, autant pour lui, elle apparut juste devant lui lorsqu’il réussit enfin à se libérer d’un groupe de personnes voulant absolument le harceler de questions. Soufflant un coup, enfin à l’écart, Nolan resta planté à côté de Roxane à observer le monde qui avait répondu présent pour cette soirée. L’Irlandais ne s’était pas attendu à voir autant de gens. La soirée se passait bien, tout cela grâce à l’aide de son amie.

« Avec tous les préparatifs et le stress du début de soirée, je crois que je n’ai même pas encore eu l’occasion de te remercier alors.. merci. ** » déclara-t-il sincèrement, un grand sourire se dessinant sur ses lèvres. Ouaip, finalement, cette idée d’exposition n’était pas si mauvaise.

Oui, pour le moment, tout se passait bien. Aucun incident majeur en vue. Sauf que quand on vit à Sunnydale, on sait très bien que rien ne peut rester tranquille bien longtemps. C’est toujours au moment où on s’y attend le moins qu’un drame survient, et c’est ce qui arriva. Toute la scène se passa au ralenti. De la foule qui se disperse en une huée de hurlements à vous en glacer le sang, à la horde de Vampires et autres créatures aussi étranges qu’inquiétantes débarquant sans prévenir et commençant à s’attaquer à tout ce qui bouge. Il fallait toujours que ce genre de problème arrive pile au mauvais moment. Nolan allait devoir revoir son taux de chance parce qu’il devait être bien bas, et même en dessous du zéro, à cet instant précis. Essayant d’éviter le flot de personnes paniquées se ruant vers lui pour sauver leur vie, Nolan ne put malheureusement pas éviter le Vampire qui s’amusait à poursuivre le groupe de personnes comme un troupeau de moutons apeurés. Nolan se retrouva plaqué au sol avec une violence inouïe, luttant contre cette créature qui, apparemment, préférait commencer par étouffer sa victime avant de la dévorer, à moins que ce soit l’un de leurs nombreux jeux sadiques et vicieux. L’Irlandais avait beau gigoter dans tous les sens et s’accrocher aux mains charnues de son agresseur pour tenter de les enlever, ses maigres forces de crevette ne pouvaient pas grand-chose contre cette brute épaisse assoiffée de sang. Nolan tentait tant bien que mal d’élaborer un plan de survie malgré sa vie qui commençait à défiler devant ses yeux. Ouais mais nan, il n’avait pas prévu de mourir aujourd’hui, et surtout pas de cette manière. Puisant le peu de force et de rage qu’il lui restait avant de complètement manquer d’air, Nolan donna un violent coup de genou dans le ventre du Vampire qui fut déstabilisé durant quelques secondes. Les quelques secondes suffisantes pour que Nolan puisse sauver sa vie. Profitant que le Vampire desserre sa pression sur le cou de sa proie, Nolan prit une grande inspiration – ce qui lui fit bobo aux poumons – et réussit à prononcer un sort, en croisant les doigts pour que ça fonctionne. Fort heureusement, en voyant la créature prendre feu devant lui, on pouvait en conclure que ça avait fonctionné. Se relevant le plus vite possible et esquivant un deuxième Vampire à l’aide d’un sort, Nolan reprit ses esprits ; quelques secondes, le temps de se resituer. Ayant finalement récupéré, l’Irlandais n’eut pas d’autre choix que de se sauver, ayant trois Vampires derrière lui. « ‘tain mais c’est pas vrai, pire que des sangsues ces saletés. @@ » pensa le peintre, toujours en courant dans tous les sens, cherchant une issue ou un moyen de se débarrasser de ses poursuivants. Et comme d’une évidence frappante, quelque chose de très utile se présenta à lui, quelques mètres plus loin. Nolan ignorait complètement si ça allait fonctionner, mais il n’en aurait le cœur net qu’en essayant. Les yeux rivés sur la poutre métallique au sol, l’Irlandais se concentra, et la fit se déplacer vers lui à une vitesse impressionnante. Se jetant au sol pile au bon moment pour ne pas se la prendre en pleine tête, il en fut différemment pour les trois Vampires qui furent frappés de plein fouet et allaient sûrement avoir très mal en plus d’être défigurés. En voyant son exploit, Nolan se dit que finalement, ce n’était pas si mal de s’entraîner à balancer des objets dans la figure de Sven à l’aide de sorts. Ö Ça avait fini par lui sauver la vie. Nolan finit par se relever et courut en direction de Roxane qui était aux prises avec un démon pas très beau mais qui réussit à en finir avec lui pile où l’Irlandais arriva près d’elle.

« Des amis à toi ? » demanda le jeune homme sur un ton ironique.

Il valait mieux prendre cette histoire à la rigolade plutôt que de céder à la panique comme ces quelques personnes qui, en paniquant, avaient fini par se faire avoir et se faire tuer. Il fallait toujours que les méchants viennent foutre la merde. Nolan, encore légèrement sonné, ne comprenait rien à ce qu’il se passait sous ses yeux et comptait bien sur Roxane pour l’éclairer sur le sujet, même si pour l’instant, l’heure était plutôt à sauver sa peau qu’à la discussion.