WHEDONVERSE : TALES OF BUFFY

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Hearts a mess • PV

Blake
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Blake



hearts a mess
ft. ROXANE & NOAH

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We walk the plank with our eyes wide open.



SUITE DE : pursuing pain

Pitié ! Donnez-lui le courage et la force. Donnez-lui le courage et la force de regarder son cœur et son corps de mort-vivant sans dégoût. Effrayant, impassible, il sombrait dans les noirs et froids ténèbres. Une rose désormais sans vie, languie, dépérie, flétrie, servant, à grand regret, son arôme, doux comme un murmure, fragile comme un secret, dans l’abysse profonde de la Solitude. Son pauvre cœur. Rose désormais sans vie et dépérie dans le givre éternel. Ivresse d’atrocité sempiternelle, étreignant le creux de sa poitrine assoupie au sein de son manteau de tristesse et de détresse. Perdu dans l’ébène, vaste désastre, c’était la mort qui le réconfortait et qui le gardait en vie. N’importe quelle âme lugubre, en culte de son univers, exécutait fatalement une ascension vertigineuse vers le Nirvâna égaré. La démence, le plus grand et l’unique lucidité dont il en était encore étonnamment maître. Ça le retenait par des liens subtils, imperceptibles, parfois, il y résistait, ordinairement, il y succombait. Il se laissait caresser par le mal, il devenait le Mal, sans effort, sans contrainte, sans pitié, sans humanité, naturellement, simplement, par destin… par fatalité. Enfant de l’Ombre, voué au supplice, ses mains, forgées dans la destruction, faisaient de la mer tranquille, un océan de misère, rendant les eaux azurées, un vaste étendu de diamants pourpres, cristallisant l’horizon, d’une déliquescence infinie.

Profondément bien ensevelit en-dessous de son derme ivoirin, égaré dans le torrent dévastateur, ses veines horripilantes drainaient avec misère le flot de rage et de sang. Comme un geyser de feu, l’essence vermeille, de ces plaies qu’il avait infligées, embrasait son être, redoutable combustible. Il avait le cœur lourd et le crâne perdu, oublié, dans les méandres complexes de ses pensées. Un plaisir blasphématoire, pour une avidité soulagée et à la fois affranchie. Il tanguait, comme un vulnérable funambule, sur le fil si fragile de la sérénité et de son délire euphorique. Ses ports de peaux dilatées inhalaient à grande peine ses larmes de sueurs froides perlant sur son front soucieusement et dramatiquement froissé dans un robuste sillon d’incertitude. Sa torpeur était monstrueuse. Sa noire divagation faisait offense, désaltérant ses barrages dans le plus nébuleux des paroxysmes. Son regard, négligé dans les flammes rutilantes, voyait défiler aveuglément les deux rangées de portes closes de ce long et étroit couloir blafard. Le panorama devenait si houleux et funèbres. Le monde s’était bouleversé, avait suivi sa preste descente, son irrécupérable immersion vers l’Éden… son Éden funèbres et mortuaire. Ses jambes flanchèrent, là, en plein milieu de sa preste déambulation vers le nulle part. Sans voir, sans percevoir, ses paumes massives emboutirent vivement une paroi cimentée et aussi fragile qu’une feuille de carton. Il s’était de justesse rattrapé dans cette chute inattendue, encastrant ardemment son front humide sur le plâtre du haut mur qui émit un grincement sonore et simultané à sa brutale collision.

Le visage crispé tel un parfait martyr, d’une lenteur outrancière, Noah pivotait sur la plante de ses pieds, sentant ses jambes se ramollir comme des spaghettis et discernant ses larges épaules fléchirent sous le poids colossal de la culpabilité.

- Tout mon être obéit à ce vivant flambeau.

Son murmure suave et grave périssait dans la rigidité ardente de l’atmosphère qui semblait de plus en plus se refermer sur lui et l’oppresser.

Pitié ! Donnez-lui le courage et la force. Donnez-lui le courage et la force de regarder son cœur et son corps de mort-vivant sans dégoût.


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Mar 25 Sep 2012, 5:42 pm
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Hearts a mess
feat Noah & Roxane

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Elle tanguait, la poupée. Au bord du précipice, elle chutait. Un gouffre sans fond, s'étendant vers l'infini obscurs. Une chute qui semblait ne posséder aucune fin. Spirale infernale. Cercle vicieux. Elle détruisait tout ce qu'elle touchait. Elle détruisait tout ce qui l'approchait. Elle était la mort. Elle apportait la mort. Elle était le vide, le néant. Elle emportait tout sur son passage, ne laissant derrière elle que des regrets et des remords. Bien que là encore, son coeur mort n'éprouvait plus ce genre d'état d'âme. Seuls l'incompréhension et la rancune l'étreignaient. La poupée de cire voyait son monde s'écrouler. Les fondations cédaient petit à petit. Rien n'allait. Tout ne fonctionnait que de travers. Qu'avait-elle gagné depuis sa mort? Rien. Qu'avait-elle perdu depuis sa mort? Tout. Et pourtant, même cette constatation ne suffisait pas à faire naître en elle ce sentiment d'horreur qui aurait du suivre. Car elle était vide. Au dessous de ce derme pâle ne se trouvait rien. Rien à part l'épaisse couche de haine qui envahissait son être, à l'instar de la mauvaise herbe dans un jardin. C'était un poison qui coulait dans ses veines. Un poison qui la rongeait depuis si longtemps. Mettre le blâme sur son immortalité serait hypocrite. Le processus avait débuté depuis longtemps. Sa mort n'avait fait qu'accélérer l'inévitable.

Les mains meurtrières de la vampire saisirent la poignée de porte et sans un regard en arrière, elle délaissa cette chambre de motel. Sans un regard en arrière, elle abandonna l'un de ses piliers. Sans un regard en arrière, elle s'éclipsa loin de cette plaie nouvellement causée. Comment justifier son acte? Comment justifier cette perte? Comment expliquer l'étrange sentiment qui se propageait à l'intérieur de son être? Ce n'était pas de la culpabilité. Ni des remords. De la peine? Les coquilles vides peuvent-elles encore éprouver une quelconque peine? Bien que versatile. Bien que superficielle. Roxane ne savait pas. Roxane ne savait plus. Roxane ne voulait plus savoir. Partir. Fuir. Échapper à la fatalité de ce moment. Son esprit refusait de croire en cette réalité pourtant bien ancrée. Ce sang sur ses mains. Il ne mentait pas. Elle secoua la tête, faiblement, comme pour nier l'évidence, comme pour chasser les images qui lui venaient à l'esprit. Non. Elle refusait d'y croire. Tout simplement. Mais elle savait cet état de fait réel. Sinon pourquoi vouloir fuir?

La vampire parcourait à pas lent et hésitant le long corridor, ses claires prunelles fixées sur ses doigts tremblants et souillés. Aucun retour en arrière possible. Elle avançait, ses yeux rivés sur sa peau entachée par le crime. Absorbée par sa contemplation morbide, elle ne remarqua pas dans l'immédiat celui qui fit jadis battre son palpitant. D'abord une odeur. Puis cette force charismatique qu'il dégageait constamment. Ce champs magnétique qui attirait Roxane à lui tel un aimant. Noah. Ses claires prunelles s'arrachèrent à leur contemplation pour observer cet homme à terre. Triste vision. Une vision alarmante qui pourtant ne lui arracha aucune larme. Elle combla le peu de distance qui les séparait, sans prendre la peine de refermer correctement l'impair qu'elle portait.

- Noah?... appela t-elle dans un froncement de sourcils.

Que faisait-il ici? Pourquoi maintenant? Pourquoi fallait-il que leurs chemins se croisent après autant de temps? Pourquoi dans pareil circonstance, où ni lui, ni elle, n'était à leur avantage? Une fois assez proche, elle resta là, debout, interdite. Que dire? Que faire? Elle se sentait prise la main dans le sac. Prise en flagrant délit.

- C'est ... exactement ce que tu pense. A ceci près qu'il ne sait rien passé... Pas dans le sens que tu l'entends.

Nier l'évidence? Non. Lui mentir? Encore moins. Morte ou vivante, si une chose n'avait guère changé, c'était l'honnêteté dont elle faisait preuve à l'égard de Noah. Elle faisait des faux pas. Souvent. Tout le temps. Elle détruisait, réduisait en lambeau tout ce qu'ils avaient construit. Mais lui mentir était au-dessus de ses forces.

Elle ne voyait pas. Elle ne comprenait pas le tourment qui semblait affliger ainsi l'éternel. L'ancienne Roxane aurait pu deviner. L'ancienne Roxane se serait empressée de poser un baume sur cette blessure. Mais là, tout était différent.


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Blake
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Dim 30 Sep 2012, 6:01 pm
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hearts a mess
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Elles se réveillaient. Dans son cœur plein d’effrois, labouré dans le vaste noir incommensurable, elles se réveillaient. Les douleurs vibrantes, elles se réveillaient, elles se plantaient dans le givre de son cœur. Elles écorchaient le tréfonds de son nid thoracique, comme une cible. Le plaisir vaporeux s’était dissipé, dilué au loin, perdu dans l’horizon, indemnisé dans la balance vertigineuse de l’espace-temps. Chaque instant lui dévorait un morceau de délice, grugeant comme un fauve insipide et avide tout ce qu’il aurait pu posséder. Les minutes, fratricides folâtres, fuyaient au loin, apportant avec elles tout ce que le vampire essayait désespérément de récupérer. Les souvenirs. L’Espoir. Baumes à ses blessures. Tempérance sur son âme désormais corrompue et brisée. Les minutes, fratricides folâtres, fuyaient au loin, dévastant sur leur passage éphémère, tout ce que Noah aurait cherché de reconstruire. Les minutes passaient mais la Fatalité persistait. Sempiternel simulacre. Sempiternel ennemi. Inhaler des larmes de diamants pourpres, pour laisser déverser sur ses joues livides des larmes de cristaux purs et limpides. Fêlure inévitable. Moment de regrets. Moment de chagrin. Moment de lucidité.

Chaque instant lui dévorait un morceau de délice, grugeant comme un fauve insipide et avide tout ce qu'il aurait pu posséder. Il ne pouvait pas oublier. Il ne pouvait pas nier. Se souvenir. Voir renaître sous son regard contristé ces songes éternels et mélancoliques. Mal d’aimer. Mal de vivre. Même dans la mort, même dans la noirceur, la Fatalité persistait…

- Merci. Merci pour ton honnêteté.

Un regard. Un simple regard sur l’être pernicieuse et l’univers se bouleversait. Le monde se renversait. Mais la Fatalité persistait…

D’une force qu’il aurait pensé avoir perdu, Noah avait réussi à se redresser sur ses jambes flageolantes et affaiblies, se servant du mur, édifié derrière-lui, comme point d’équilibre alors que tout autour de lui semblait se réduire à néant. Le gouffre aurait toujours soif. La mémoire se vide. Les rêves se meurent. Ce qu’ils auraient autrefois été ne serait désormais jamais plus. Ils étaient l’Autrefois. Ils pompaient leur Vies. Ils pompaient leurs rêves. Ils pompaient leurs cœurs flétris. Ils pompaient l’Être. Des cadavres. Des vestiges. Des ruines. Ils pompaient tout mais laissaient à l’agonie leurs histoires… La Fatalité persistait et le gouffre aurait toujours soif. La chute serait éternelle et la faim à jamais affranchie.

Faiblement, Noah s’était rapproché de ce corps marbré de misère et de malheur. Ce visage livide le déconcertait, ravivait des songes douloureux et abominables. Elle était son Glaive. Elle était sa destruction. Elle était son tourment. Elle était son mal. Aimer jusqu’à n’en plus rien voir. Aimer jusqu’à n’en plus rien percevoir. Elle l’avait aveuglé et ensuite anéantit. Gigantesque remous. Angoisse funèbre. Valse néfaste, ondulant dans les ténèbres. Malheureux ensorcelé. Il avait tenté d’aimer, à défaut de se laisser mourir. Il s’était débattu et avait appris à s’amouracher de cette difformité. Au fond d’un cauchemar démesuré, elle lui avait montré la voie… une voie désormais constaté sans issue et gluée sur un point de non-retour. Damné descendant, sans lumière et sans clé, vers ce gouffre qui avait toujours soif et engluait la Fatalité dans les fibres de son échines.

- Tête-à-tête sinistre et mortuaire ? Tu aurais fait de ce cœur assoupit… mon miroir, Roxane ?

Vide. Sa voix, le marbre de son visage austère, son regard éteint… rien ne planait… rien… sauf le vide. L’Inertie.

- Tu demande l’attention mais refuse l’affection. Dans le cœur de ces équivoques, sauras-tu y retrouver ton pantin idéal ? Un sourire ironique étirait faiblement le coin de ses lèvres livides et glaciales. Tu as l’Éternité pour le reconquérir. Est-ce une grâce et ou une perdition, selon-toi ?




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Lun 05 Nov 2012, 1:00 am
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Hearts a mess
feat Noah & Roxane

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Rien ne semblait pouvoir combler ce gouffre. Si proche. Et pourtant si loin. Elle n'avait qu'à tendre son bras pour pouvoir le toucher, l'effleurer. Elle n'avait qu'à avancer de quelques centimètres pour le prendre dans ses bras. Si proche. Et pourtant si loin. Elle ne le comprenait pas. Elle ne le comprenait plus. Un mur semblait s'être édifié entre ces deux êtres autrefois voués l'un à l'autre. Deux âmes autrefois vouées l'une à l'autre. A ce jour, il ne restait que des cendres. Que le vide. Un manque. Une absence. Un fil rompu par les aléas de la vie. Un lien corrompu par le sang et la mort. Deux êtres autrefois voués l'un à l'autre. Deux êtres à présent si différents. Deux étrangers. Une âme brisée...

- Noah, mon amour, soupira la vampire avec une douceur qui lui était devenue rare, soit gentil et pour une fois, tais-toi.

Débattre. Argumenter. Se justifier. Non. Pas ce soir. Vraiment. Elle était fatiguée. Fatiguée de continuellement se justifier auprès de tout le monde. Fatiguée de devoir répondre de ses actes auprès d'une personne devenue fantôme dans sa vie. Et sous ce voile de fatigue, un sentiment plus fourbe et bien plus puissant grondait à l'intérieur de son être. Une certaine hargne. Un certaine rancoeur envers celui qu'elle aimait encore malgré tout. Un amour malsain. Un amour entaché par le vice et les ténèbres. Mais il persistait. Cette flamme qui l'avait animé de son vivant se mourrait mais luttait. Au travers de ces ténèbres, une petite lueur, bien que faible, diffusée un écho flemmard sur le palpitant éteint de Roxane.

- Oublie-toi quelques minutes et laisse-toi simplement aller,conseilla la poupée de porcelaine, comblant enfin le peu d'espace qui les séparait. Ses claires prunelles se plongèrent sans pudeur dans ce regard inanimé. Un regard qui aurait presque pu être le sien. Elle percevait au fond de ses iris cette luminescence écoeurante qu'était son âme. Imperceptible à l'oeil nu et pourtant bien là. Blondie pouvait la sentir vibrer en lui.

- Pour te détendre...poursuivit Roxane, dans un murmure, je te propose un week-end complet à Tahiti. Lentement, elle rapprocha ses lèvres à celles de Noah. Toi, moi, faisant bronzette à la plage. Puis, faiblement, ses yeux se plissèrent, ses sourcils se froncèrent, et des plis de perplexités barrèrent le front de la jeune femme. Oh mais j'oubliais...sa voix semblait se mourir petit à petit, comme prit d'une évidence effroyable. Nous ne pouvons pas, conclut t-elle, faussement attristée.

Jamais plus elle ne pourra sentir le soleil caresser sa peau. Jamais plus elle ne pourra voir son reflet. Jamais plus. Condamnée à l'oubli. Condamnée aux ténèbres. Condamnée par l'être aimé. Une trahison qui gardait un goût amer.

- D'ailleurs, ai-je un jour pensé à te remercier pour le cadeau que tu m'a fait? Après tout... C'est toi qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui.

A mesure qu'elle énonçait ses paroles, elle resserra son corps opalin contre Noah. Elle l'aimait. Elle le haïssait. Mais plus que tout, elle avait besoin de lui. Il en avait toujours été ainsi. La mort ne semblait ne rien changer à cet état de fait. Et pourtant, elle voulait lui faire mal. Si mal. Lui faire payer l'indifférence qu'il avait à son égard. Lui faire payer le poids de ses jugements. Ce soir encore n'était que la preuve de l'aversion qu'il éprouvait pour elle. Cela n'avait jamais été dit clairement. Mais dans chacun de ses gestes. Dans chacun de ses regards. Elle le savait. Elle le dégoûtait. Il méprisait ce qu'elle était devenue. Elle le haïssait. Elle l'aimait. Mais ce soir, il était temps de remettre les choses aux claires.

- Le sang qui coule sur mes mains coule également entre tes doigts. Ne l'oublie pas. Petite piqûres de rappel nécessaire susurrait au creux d'une oreille qu'elle savait attentive. Je n'ai jamais demandé à être ce que je suis. Tu me l'a imposé et c'est moi qui doit composer avec aujourd'hui. Alors... merci. Merci de me rejeter pour tes erreurs, Noah. Et ne dis pas le contraire. Depuis que je suis devenue un vampire, tu n'es plus le même avec moi.

Elle le sentait s'éloigner. Si proche. Et pourtant si loin. Leurs corps se touchaient. Mais il lui semblait hors d'atteinte. Un vide s'était creusé. Un vide qui faisait mal. Un vide qu'elle tentait de combler.... avant de se laisser emporter par le courant... pour finalement se noyer dans les méandres d'une folie. Folie douce. Folie amer. Qu'importe. Nous finirons tous aliénés.

- Tu savais. Tu savais ce que j'allais devenir en me transformant, déclara t-elle avec certitude, attrapant entre ses petites mains les paluches massives de son vampire. Mais égoïste, tu as préféré me faire devenir une créature de l'ombre. Soumise à mes pulsions, condamnée à me terrer dans la nuit, à vivre éternellement, à voir ce monde se dégrader pour un temps infini.

Elle l'aimait. Elle le haïssait. Mais surtout, elle ne le comprenait plus. De quelques foulées à peine, elle se recula. Suffisamment pour prendre le temps de le regarder. Le regarder comme si elle le voyait pour la première fois. L'observer comme si c'était la dernière fois qu'ils étaient amenés à se voir. Si proche. Et pourtant si loin.

- Je ne vois pas l'éternité sans toi. Et pourtant... je sais, je le sens que ça devient inévitable... Tu me juge. Me pointe du doigt. Je ne dis pas ne pas l'avoir mérité. Cependant tu es mal placé pour me juger. Tu as bien tué Janessa et jusqu'à présent je ne te l'ai jamais reproché... Tu m'a tué Noah. Mais tu ne le sais pas. Tu n'a jamais été là pour moi. Lorsque Janessa est morte, j'ai du ravaler ma peine, contenir mes larmes, parce que je voulais me montrer forte. Pour toi. Pouvoir te soutenir. Et même après... Tu n'étais qu'un fantôme. A qui pouvais-je parler? Me confier? Je te voyais t'éloigner. Alors qu'à cette époque, la seule chose dont j'avais réellement besoin, c'était de t'avoir près de moi. Encore aujourd'hui, j'ai besoin de toi. Mais tu n'es pas là. Alors oui... Oui... J'ai essayé de faire de ce coeur assoupit ton miroir, avoua Roxane en relâchant son emprise, s'éloignant encore un peu plus. Mais je me rend bien compte que rien ne pourra te remplacer.

Et sur cette dernière note, elle tourna les talons. Elle tourna le dos à l'être aimé. Le gouffre ne se creusa que d'avantages. Le mur ne se confirma que d'autant plus. Et ce vide devint une cicatrice irradiant son membre mort. Il faut parfois affronter la douleur pour pouvoir lui dire adieu.

L'amour n'est qu'un mensonge. De la poudre devant les yeux. Un voile qui nous aveugle et nous détourne. Un collier qui enchaîne inutilement. L'amour... Un boulet dont Roxane venait de se débarrasser. Car aimer, elle n'en était plus capable.



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