I'm a bitch • Alone

La vengeance. Un mot qui occupait l'entièreté de son esprit disloqué et dérangé. La vengeance. Un maux qui la rongeait. Un poison qui coulait dans ses veines. La vengeance. Sa nouvelle raison d'être. Nul n'échapperait à son courroux. La haine. La rancoeur. Rien de bon ne subsistait. Un torrent d'amertume. Une rage contenue qui ne demandait qu'à s'évacuer. Nul n'y échappera. Nul ne sera épargné. Il serait idiot d'espérer passer au travers. Il serait idiot de vous penser à l'abris. Il n'y échappera pas. Pas plus que les autres.

L'odeur dérangeante de l'essence emplissait ses narines délicates. Odeur suffocante qui n'allait pas pour autant stopper la vampire. Elle irait même jusqu'à se vautrer la truffe dedans si cela apportait un quelconque intérêt à ses noirs desseins. Quelle s'imprègne de cette émanation toxique! Cela ne pourra guère la tuer, car morte, elle l'était déjà de toute façon. Avec un sourire malveillant en coin des lèvres, la poupée blonde termina de déverser le liquide inflammable sur cet amas de fringues. Un gros tas de tissus empilés pèle-mêles à la hâte. Car précisons-le, le temps lui était comptés. A tout moment, Chad pouvait se rendre compte de la présence clandestine de Roxane. Bien qu'elle ne le jugeait pas assez vif d'esprit pour cela. Profite de ta douche, jeune ami, à ton retour tu va avoir une surprise de taille.

La vampire savait par expérience que certaines bassesses sont plus efficaces qu'un coup de poignard. Chad, par exemple. Après avoir méticuleusement observé ce personnage de très loin, elle avait compris une chose essentielle. Le chopper dans un coin pour lui fracasser le nez ne lui apprendrait rien. Il serait furax un petit moment et c'était tout. Non. Il fallait agir autrement pour le laisser dans une colère noire. Pour lui faire comprendre que la guerre était officiellement ouverte. Elle s'en serait bien prise à sa pouf de petite amie, mais cette dernière s'était éteinte il y a de cela une année. Pas plus mal. Une erreur de la nature en moins. Et dans une jubilation des plus malsaine, elle attrapa le paquet d'allumette qu'elle avait soigneusement rangé dans sa poche. On allume. On jette... et on observe ce brasier enfler avec toute l'ampleur qui lui était propre.

Satisfaite, elle s'éloigna de cette source de chaleur intense. Satisfaite, elle quitta ce loft en proie des flammes. Satisfaite, elle laissa devant sa porte d'entrée une petite carte de visite. Elle voulait qu'il sache. Qu'il sache que c'était son oeuvre. Qu'il sache où la trouver... Si jamais il s'en sortait vivant de cet enfer.