❝ i will break you ! ... a piece of my kitkat, so we can share it. ❞ ⧨ SVENOXANE.

❝ i told you that i was stupid. ❞

Assis sur un banc, ou plutôt affalé comme un ours mal léché sur un banc, Sven était … Paisible. Si si, j’vous jure. Les doigts entrelacés, posés sur son ventre, à moitié allongé, les jambes tendues et croisées, il ne peinait réellement pas. En plus, il était en charmante compagnie, que dire d’autre ? Enfin charmante … Tout est question de point de vue, si vous voulez mon avis. Lui, il la trouvait cool. Toutes ses victimes la trouvaient clairement… Beaucoup moins cool. Ben, en même temps, quand elle arrive joyeusement par la suite pour planter ses crocs dans leur gorge et les vider de tout leur sang, c’était de suite moins cool. Mais c’était un truc qu’elle ne faisait pas avec Sven, ça. Eux, ils se contentaient de discuter, de s’envoyer des vannes dans la gueule, de se marrer comme deux cons dépourvus du moindre millimètre cube de matière grise. Et ça, c’était franchement cool, si vous voulez mon avis. Ben ouais. Quand on se prend la tête à longueur de journée, pour tout et n’importe quoi, ça fait du bien de se détendre un peu. En l’occurrence, aujourd’hui, Sven avait eu la totale. Genre, sérieux. Il se lève, il va à la boulangerie. Plus de croissants. Et comment il fait pour ramener des croissants à Nolan, hein ? Bon, ben il avait attendu une demie heure, fait paniquer son petit ami. Super. Sur le chemin du retour, un pigeon lui était rentré dedans. Il avait dû oublier de s’acheter un gouvernail, lui. Ou bien il discutait en volant, au choix. Bref. Toujours est-il qu’en tournant la tête pour vérifier qu’aucune voiture n’arrivait, Sven ne s’attendait pas à se prendre un pigeon en pleine vitesse dans la tronche. Heureusement, le piaf s’était vite remis de ses émotions, évitant le Sven ronchon et légèrement énervé qui aurait pu n’en faire qu’une bouchée. La suite du trajet s’était déroulée sans trop d’inconvénients. Et puis, une fois chez lui, Sven avait trouvé le moyen de se rendre compte qu’il avait oublié ses clés. Nolan étant sous la douche, il avait poireauté un quart d’heure — bah ouais, un Nolan ça se fait beau, avec des crèmes et tout. — sur la palier, en face de la porte, à s’énerver tout seul. Ensuite, pas trop de problème. Il avait juste fait tomber la languette de son sachet de thé dans l’eau bouillante — vas-y pour le récupérer toi — et cassé toutes les biscottes qu’il avait essayé de beurrer. La routine du petit déjeuner d’une mauvaise journée. Matinée sans trop d’emmerdes, à part ça. Au déjeuner, il s’était brûlé la langue en voulant manger trop vite. Et l’après-midi, alléluia. En sortant acheter de quoi manger chinois pour le soir, il était tombé sur une bande de crétins. Des homophobes qui plus est. Il s’était retrouvé à en éclater un contre un mur, malencontreusement. Et en rentrant, il avait marché dans un caca de chien. Le truc pas grave, mais qui fait pire que chier — passez moi l’expression. Et en plus, c’était pas dans le pied qui porte bonheur. Le gauche ou le droit, j’sais plus. Mais c’était pas le bon. Et voilà. Comment vivre une journée de merde, première édition, par Sven Olhsson. Après le repas, Nolan était retourné s’enfermer dans son atelier. Il avait une bouffée d’inspiration magistrale. Et pour éviter de se faire chier, Sven l’avait embrassé, et l’avait informé qu’il passerait la soirée dehors. Mais ouiiiiii, au calme. Il n’avait pas prévu de se faire courser par un gang de chiens de l’enfer pré-pubères, namého. Juste d’aller voir Roxane. Si si, j’vous jure. Y a une légère nuance.

Aaaaaaah. Une soirée paisible en compagnie de quelqu’un qui était sur la même longueur d’onde quand il s’agissait de raconter des conneries. Ça fait un bien fou, sérieusement, je vous promets. Depuis un quart d’heure qu’ils étaient installés là, ils n’avaient fait que sortir de la merde. Chaque fois, des âneries plus grosses les unes que les autres. Parce que c’était juste la vie, quoi. Sven se marrait, encore. Il tourna la tête vers sa blonde d’amie, un sourire immense posé sur les lèvres. Il n’en pouvait plus. N’empêche que la qualité de sa journée remontait en flèche. Roxane, ou comment passer un moment complètement délirant, et s’éclater sur tout et n’importe quoi. Être libre. Tout simplement libre.

« Naaaaaaan, c’est n’importe quoi. Il reviendra pas, il a failli pisser dans son froc quand t’as évoqué ton repas du soir. » Ponctuant ses paroles d’un petit rire, Sven ferma les yeux, hilare. De quoi ils parlaient ? Oh de pas grand chose. Un triple idiot, un humain, qui avait voulu leur faire les poches alors qu’ils marchaient en direction du parc. Un imbécile de première, un ado un peu con, que Roxane avait tétanisé sur place à l’aide de quelques paroles méchantes. Sven n’avait eu qu’à lui dire « Bouh ! » et le gosse était parti en courant sans demander son reste. Comme quoi à Sunnydale, y a pas que des méchants pas beau, y a aussi des beaux trouillards. Et lui, ça le faisait bien marrer de tomber face à des tafioles de temps en temps. Il en avait marre de se faire lyncher la tronche par des mecs plus balèze que lui, et à qui il devait filer une raclée ou bien se faire passer pour mort s’il ne voulait pas rater son rendez-vous avec Nolan. Là, ç’avait été simple. Et il avait réellement kiffé. « S’il revient, j’évoquerai avec nonchalance la manière dont l’autre fois, le crâne d’un homme s’est brisé sous mon poing. En ponctuant bien entendu mon histoire d’un coup sur le banc, histoire de péter une ou deux lattes et de lui permettre de croire que c’est vrai. 8D » Il se marra légèrement, un peu con sur les bords, mais appréciant tellement de rire de la trouille d’un gamin. Et puis, s’il avait un flingue, de toute manière, ce n’était pas cela qui effraierait Roxane. Et lui non plus, à vrai dire. « Mais je dois avouer que je me suis bien amusé. C’est sympa une agression, quand ça se termine comme ça. » Et vas-y qu’il retourne contempler les arbres d’en face, un grand sourire nigaud sur les lèvres.

Bah ouais, Sven pouvait être un modèle de bonne humeur, même pendant une journée de merde, que voulez-vous que je vous dise. C’était le genre de choses pas vraiment banales, mais qui arrivent. Et là, Sven était réellement bien. Pour rien au monde — à part une soirée avec Nolan, ou même Alexis — il n’aurait échangé sa place. Il était juste détendu. Et en plus, depuis qu’il avait appris que THE blondasse de ses jours était mariée avec THE blond de sa vie, c’était l’amour fou, encore davantage. Il ne les lâchait plus, et prenait un malin plaisir à se foutre de leurs gueules respectives. Parce que c’est juste teeeeellement tordant.

« Aaaaah la la. Franchement, j’ai presque envie d’oublier ma journée de merde là. » Son sourire ne quitta pas ses lèvres, tandis qu’il poursuivait. « Cap ou pas cap d’aller pisser dans l’étang au milieu du parc ? » Ouais, parce qu’il en avait tout simplement envie. Envie de s’amuser, envie de faire des conneries. Envie d’oublier qu’il avait vingt-neuf ans, et qu’il se rapprochait de la fin de sa vie, même s’il l’espérait encore lointaine.

Mais, soudain, alors qu’il commençait par avance à rire des conneries qu’ils s’apprêtaient à faire, il sentit deux mains plus que puissantes l’attraper par les épaules. Ses mains se décroisèrent instantanément, tandis qu’il battait des bras dans les airs, carrément tiré en arrière, passant par-dessus le banc. « WHOAOOOOOOOOOOOOOOOH ! » gueula le Svenours par réflexe, ne comprenant absolument rien à sa vie. Lorsque son dos heurta violement le sol, il bascula la tête en arrière, apercevant la tronche… Rocailleuse, craquelée, et complètement répugnante de la… Chose qui venait de le tirer en arrière. Chose qui semblait avoir deux ou trois copines — ou copain, impossible de déterminer le sexe de ce genre de trucs — bien décidées elles aussi à faire la peau à leur étrange duo. Sven se débattit quelque peu, mais l’autre truc l’avait déjà fermement empoigné pour le soulever au-dessus de sa tête. « OH PUTAIN LE … » Mais Sven n’avait pas terminé sa phrase que déjà, il se sentait mal, tout là-haut, au-dessus de la tête de mister cailloux. Ce truc avait tout simplement une force de malade. Ça faisait juste peur. Et, soudain, les mains de la chose lâchèrent Sven. Qui vola dans les airs, sur quelques mètres, ponctuant son vol si aérien, délicat et charmant, par un exquis « ROXAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANE ! » Et vlan. L’ancien militaire s’écrasa dans les fourrés. Le problème dans ce genre de moments, c’est qu’on a tellement passé une journée de merde, qu’un truc du style ne fait qu’empirer la bonne humeur. À quelques détails près.

Se relevant d’un bon, le lycanthrope tituba quelques secondes, debout au milieu de ses buissons, paumé, un peu sonné, ne réalisant pas bien ce qui était en train de se passer. « C’est bon ! J’ai rien, tout va bien. OwO » Ouais, heu, au pire, on s’en fout presque. Un grognement fit soudain tourner la tête à Sven, qui écarquilla les yeux. Oh putain. OH PUTAIN. « AAAAAAAH, J’AI RIEN DIIIIIIT ! » Prenant ses jambes à son cou, le suédois sortit en quatrième vitesse des buissons, poursuivi par un énorme truc qui n’avait absolument rien à voir avec les Racailloux de tout à l’heure. Un truc baveux, à l’air mou, et aux dents absolument trop longues et pointues pour être vraies. Ce truc portait un dentier. That’s not possible autrement. Enfin, pour le moment, la question n’était pas là. La question était à courir pour sauver sa peau. Parce que c’te truc, il est à moitié bipède à moitié quadrupède. Et il avance sacrément vite, nom de dieu. Se retournant pour voir où en était l’espèce de chien-limace baveux, Sven loupa totalement le Racailloux devant lui. Et il le percuta de plein fouet. Je vous déconseille de foncer un jour dans un mur en courant. Ça fait mal. Ça fait très mal. Et encore, s’il avait eu la tête dans l’alignement du corps, il aurait eu le nez pété. Stoppé net dans son élan, Sven manqua d’entraîner le Racailloux dans sa chute. Mais celui-ci l’empoigna par le col. Et la seule remarque que put se faire Sven, alors qu’il était à nouveau injustement projetée dans les airs se résumait en cinq mots.

C’est vraiment trop injuste. Et en langage Svenien, ça donna… Ceci : « AAAAAAAAAAAAAAAAAH ! » Pour varier.

Vlan ! Le suédois s’écrasa contre le banc duquel il avait été arraché quelques minutes — ou dizaines de secondes, on n’en sait rien — auparavant. Il gémit doucement, son dos en ayant pris deux sacrés coups depuis quelques minutes. Placée dans une position étrange, à moitié vautré sur le banc, à moitié la gueule par terre, il observa la scène d’où il était. À l’envers quoi. Toujours geignant comme un pauvre louloup musclé, mais traité comme une baballe depuis les deux dernières minutes. « Outch … J’t’ai déjà dit d’arrêter d’inviter des copains … D8 » gémit-il. Bon, en réalité, il ne savait même pas si Roxane les connaissait. Peut-être même pas. Peut-être que ces monstres étaient là pour foutre la merde. Ou bien pour préparer la prochaine apocalypse. Sait-on jamais.

Lentement, Sven roula, tentant de se remettre sur pied. Se retrouvant juste à plat ventre par terre comme un con, dans la poussière. Et soudain, il se figea, les bras à moitié repliés sous son ventre comme s'il allait faire des pompes. Il se mit à jeter des regards stressés et anxieux autour de lui, essayant d’écouter au travers des hurlements des Racailloux.

Yo. Il est passé où le chien-limace, là ?